samedi 7 novembre 2020

1421 Un bouquet de roses desséché

 Dans un coin de ma chambre

Un bouquet de roses desséché

Vieux de douze années

Témoigne de l'amour d'une femme

Qui m'aimait.

Aujourd'hui, acheter des fleurs

A Paris, pour les offrir

Ou du rouge à lèvres

Pour séduire,

Est impossible.

Les fleuristes ont fermés.

Ce ne serait pas

Des « commerces essentiels ».

De même les coiffeurs

Les esthéticiennes

Et les libraires.

Une société

Où soigner les cheveux,

Rendre belles,

Manucurer les ongles,

Vendre des fleurs

Ou des livres

Devient un délit,

M'inquiète un peu.

Certes

Mon diplôme d'arts plastiques

Ne me confère guère

De compétences

Dans le domaine médical,

Scientifique

Ou politique.

Mais je m'interroge.

Quand une femme

A voulu me témoigner

De son intérêt,

Elle m'a offert des roses.

Quand j'ai voulu

Lui témoigner de mon amour,

Je lui ai offert des fleurs.

L'amour est essentiel.

Alors, pouvoir offrir des fleurs,

Donc pouvoir les acheter,

Donc pouvoir les vendre,

Ne serait-ce pas

Une activité essentielle ?

Je m'interroge,

Car je suis poète.

Les poètes sont un peu fous.

Excusez-moi,

Je suis poète,

Et ne l'ai pas choisi.

L'envie de poétiser

M'a prise un jour

Comme une envie de boire,

Manger, dormir,

Ou une autre

Activité physiologique.

Et en dehors

De toute logique,

Je contemple

Ce vieux bouquet fatigué

De roses desséchées

Depuis douze années.

Et dès la fin du confinement

Je courrai acheter des fleurs,

Pour les offrir

A toutes les jeunes filles,

Femmes, hommes, enfants,

Chats et poissons rouges

Que je connais.


Basile, Paris le 7 novembre 2020

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