Dans un coin de ma chambre
Un bouquet de roses desséché
Vieux de douze années
Témoigne de l'amour d'une femme
Qui m'aimait.
Aujourd'hui, acheter des fleurs
A Paris, pour les offrir
Ou du rouge à lèvres
Pour séduire,
Est impossible.
Les fleuristes ont fermés.
Ce ne serait pas
Des « commerces essentiels ».
De même les coiffeurs
Les esthéticiennes
Et les libraires.
Une société
Où soigner les cheveux,
Rendre belles,
Manucurer les ongles,
Vendre des fleurs
Ou des livres
Devient un délit,
M'inquiète un peu.
Certes
Mon diplôme d'arts plastiques
Ne me confère guère
De compétences
Dans le domaine médical,
Scientifique
Ou politique.
Mais je m'interroge.
Quand une femme
A voulu me témoigner
De son intérêt,
Elle m'a offert des roses.
Quand j'ai voulu
Lui témoigner de mon amour,
Je lui ai offert des fleurs.
L'amour est essentiel.
Alors, pouvoir offrir des fleurs,
Donc pouvoir les acheter,
Donc pouvoir les vendre,
Ne serait-ce pas
Une activité essentielle ?
Je m'interroge,
Car je suis poète.
Les poètes sont un peu fous.
Excusez-moi,
Je suis poète,
Et ne l'ai pas choisi.
L'envie de poétiser
M'a prise un jour
Comme une envie de boire,
Manger, dormir,
Ou une autre
Activité physiologique.
Et en dehors
De toute logique,
Je contemple
Ce vieux bouquet fatigué
De roses desséchées
Depuis douze années.
Et dès la fin du confinement
Je courrai acheter des fleurs,
Pour les offrir
A toutes les jeunes filles,
Femmes, hommes, enfants,
Chats et poissons rouges
Que je connais.
Basile, Paris le 7 novembre 2020
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