lundi 2 novembre 2020

1415 La peur en héritage

L'an 1977, en France,

Tout un tas de grands

Et graves personnages,

Certains bardés de diplômes

Médicaux,

Et parmi eux une femme,

Que je ne nommerais pas,

Et dont les écrits

Font paraît-il

Référence,

Pour comprendre les enfants

Et les adolescents.

L'an 1977, donc,

Tous ces valeureux hommes

Et hélas valeureuses femmes

Ont signé

Un appel

Revendiquant

La « liberté »

Pour les enfants

D'avoir des relations sexuelles

Avec les adultes

« De leur choix ».

Moi, ma maman

Elle a connu ça,

Elle a été violée

A l'âge de douze ans,

Ne l'a jamais raconté,

Mais laissé entendre.

Elle m'a aussi offert

Son journal intime

Que je n'ai pas lu

Et perdu.

Elle me disait

Par ce don

Cherches, vas rechercher

Entre les lignes,

Et découvres enfin

Mon secret, qui commence

Par la rencontre dans la rue

D'un voyou de quinze ans,

Armé d'un couteau.

Puis la course éperdue

Dans Odessa en guerre.

La course pour le fuir,

Racontée plusieurs fois

A l'enfant que j'étais.

Et l'histoire jamais achevée.

Combien d'eau et de larmes

Ont coulé sous les ponts

A Odessa sous les armes,

Et après en paix à Paris.

Mais certains, je le crie,

N'ont toujours pas compris,

Que les enfants, tous les enfants

Restent absolument enfants,

Et ne rêvent pas, absolument pas

De s'empresser de combler

Les tristes fringales criminelles

D'horribles brutes inhumaines.

Ma mère éprouvée et adorée

Ne m'a jamais conté et exposé

En détail son infortune infinie,

Mais m'a inoculé et transmis

L'immonde peur de toutes choses

Et tous gens, mettant de l'ombre

En permanence, même sur les roses.

Peur prête à s'exacerber sans rire

Devant une tranquille rue sombre

Déserte et vide à parcourir,

Un paisible soir de confinement,

Ou pour d'autres raisons.

Ce qui de la vie très souvent

Trouble le cours des saisons.


Basile, Paris le 1er novembre 2020

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