mardi 12 juin 2018

1018 Les secrets les mieux gardés sont ceux qu'on ne cherche pas à percer

Un événement dont je garde le souvenir a marqué ma vie. Je devais avoir au maximum cinq ou six ans, peut-être même moins, certainement guère plus. J'étais malade et avais la grippe. Pour cette raison, en journée je dormais sur le divan qui servait la nuit de lit à mes parents. Je me suis réveillé le soir. Il faisait déjà nuit dehors. Et je vis de loin, en pleine lumière sur la table où nous prenions habituellement nos repas, il y avait quelque chose de tout à fait nouveau et tout à fait inédit pour moi. Dans une cage bondissaient de petits êtres. C'était des mériones, sorte de souris du désert, que mon frère aîné s'était fait prêter par le Muséum d'histoire naturelle de Paris où il connaissait un responsable important. Ce contact avec les mériones fut le premier que j'ai eu avec « la Nature ». J'ai toujours cherché par la suite comment la Nature se présentait dans l'être humain. C'est ue constante dans ma recherche philosophique. Aller à l'originel, au plus simple possible. Chercher à l'identifier par delà le fatras culturel de la Civilisation.

À force de chercher, je finis par trouver des réponses intéressantes. Elles sont simples et font avancer la compréhension de nos problèmes habituels. Je constate aussi que mon propos n'intéresse guère les autres. Car les secrets les mieux gardés sont ceux qu'on ne cherche pas à percer. Quand on est malheureux en amour, au lieu de chercher pourquoi on en est arrivé là, le commun des gens se dit : « j'aurai plus de chances la prochaine fois » ou bien encore : « c'est la faute aux autres ». Il ne faut surtout pas chercher à démonter le cheminement qui a conduit à la douleur morale intense baptisée « chagrin d'amour », sans autre précision. Pour ce qui me concerne, je cherche à comprendre les tenants et les aboutissants qui ont pu m'amener là, à cette situation que je vais partager avec des dizaines de millions d'autres. Je refuse de me résigner à penser : « c'est la faute à pas de chance » ou bien encore : « c'est la faute aux femmes ».

Le fonctionnement des relations amoureuses chez les humains est soumis au patriarcat dominant notre société. Celui-ci prétend à la supériorité des hommes sur les femmes et détraque les relations inter-sexuelles. L'interaction entre le patriarcat produit culturel et la physiologie et la psychologie naturelles des humains a des conséquences directes sur nos vies.

Prétendre dominer, posséder la femme conduit l'homme à s'opposer à l'amour. Le manque d'amour qui en résulte exacerbe la sexualité masculine. Le comportement sexuel masculin devient obsessionnellement fixé sur la recherche de l'acte sexuel, qui dénaturé, se révélera insatisfaisant.

Le tragique manque général d'amour entre les humains, qui résulte de cette quête abusive et absurde conduit à l'hypertrophie de la sexualité masculine dans la société humaine. En témoigne le chiffre d'affaires colossal de la prostitution et de la pornographie. Mais ce dérangement s'exprime aussi simplement au quotidien. En voici trois exemples :
  
Un homme et une femme sont très amis. Comme ils sont tous les deux célibataires, la femme se dit : « pourquoi ne deviendrions-nous pas un couple ? » Elle drague l'homme. Au début et durant plus d'une vingtaine de mois la relation paraît s'exalter. Car la libération de la tendresse physique interdite en temps normal entre adultes ne se fréquentant pas sexuellement émerveille et joue à fond. Mais la tendresse physique n'est pas l'amour. Pendant ce temps-là, à contrario les deux amis recherchent « l'harmonie sexuelle » et ne la trouve pas. Car on ne la décide pas et on n'a pas non plus de raisons de l'idolâtrer. Cette recherche insatisfaisante va ronger la relation. Progressivement elle se fera insupportable. Et débouchera finalement sur une très douloureuse rupture. La volonté de bricoler un amour sur la base d'une amitié vraie a fini par détruire celle-ci. Croire à la réussite de « la sexualité » en fait masculine, conduit toujours à l'échec et la déception.

Autre exemple : une jeune fille très jolie recherche « l'amour ». Elle se dit qu'il suffit pour ça de se rapprocher d'un très beau jeune homme sympathique. Faire des câlins, des bisous et l'acte sexuel, déclarer à l'entourage qu'on est « ensemble », être jalouse et le tour est joué. Elle bricole ainsi une première relation avec un premier jeune homme. Relation qui fini par lui être insupportable. Elle rompt. Remet ça avec un second jeune homme, et ainsi de suite. Elle en est au quatrième et ça continuera sans doute ainsi si rien ne change dans la démarche adoptée. Le bricolage amoureux n'est pas l'amour. Les câlins font illusion. Le passage à la casserole et la jalousie proclamée à la cantonade tiennent lieu de « mariage ». Mais on n'invente pas une relation d'amour qui n'existe pas.

Troisième exemple : un jeune homme et une jeune femme s'aiment. Pour des motifs secondaires ils se séparent. Se sentant « libre » le jeune homme drague une jolie fille, puis une seconde. S'en vante auprès des copains. Puis réalise le caractère insipide de ces deux aventures sans amour. Et retourne vers l'amie qu'il avait quitté. Il a compris que c'était là une relation précieuse et qui ne se remplaçait pas avec des aventures.

Dans tous ces cas de figure, les personnes concernées cherchent à adapter les normes patriarcales à leurs vies. En les édulcorant éventuellement un peu. Mais la Nature en eux ne se laisse pas dompter. On n'invente pas l'amour là où il n'est pas. On ne le remplace pas de manière satisfaisante par autre chose.

Ces temps derniers une tendance se développe. Devant le chaos indescriptible des relations dites « amoureuses » entre nombre de personnes, certains ont recours au mariage. Ils en font une sorte de solution miracle qui va tout arranger. Bien sûr, quand la base est pourrie, ce n'est pas la couverture qu'on met dessus qui rend la relation solide et satisfaisante. En témoigne le nombre imposant de divorces qui sont répertoriés chaque année.

Il faut respecter la Nature et l'authenticité. Hors de cela, il n'y a point de salut.

Basile philosophe naïf, Paris le 12 juin 2018

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire