Au commencement, l'homme
est un singe parmi d'autres singes. Il n'a aucune morale, aucune
règles hormis l'instinct qu'il suit. S'il vole ou viole, il n'en a
pas conscience. Il trouve bonne fortune, c'est tout. Certains
fabulistes ont brossé le portrait du « bon sauvage » qui
passe sa vie à manger, dormir et « faire l'amour ».
Jolis fantasmes qui ne correspondent guère à la réalité de la
Nature libre qui est toujours extrêmement violente. Si un homme
d'aujourd'hui se retrouvait dans la condition du singe primitif
ancestral, il est probable qu'il ne survivrait pas et périrait au
bout de cinq à six jours.
Quel motif amène l'homme
à édicter des règles pour régir sa conduite sexuelle ? Au
départ rien ne l'y incite. Puis arrive une nouveauté dans sa vie.
Il parvient à produire plus qu'il ne consomme. Ce surplus, cette
« richesse » il va s'évertuer à la « posséder ».
Mais comme il meurt forcément un jour, il souhaitera la « léguer ».
La léguer à qui ? A ses proches. Mais qui sont-ils ?
Comment le déterminer ? Pour cela il faudra établir des règles
concernant la reproduction. La morale sexuelle a pour origine
l'héritage.
Telle est l'hypothèse
que j'avance.
Avec les millénaires
cette morale s'est complexifiée, accompagnée de lois, fables,
légendes, mythes, traditions, habitudes, règles diverses et
discours révoltés ou justificateurs.
Sans manquer de se
retrouver remplie de contradictions et souvent inappliquée dans les
faits car inapplicable en réalité. Mais sur cette aspect de la
question il est très mal vu d'insister. Il faut faire comme si de
rien n'était. Très souvent on proclame à voix haute suivre la
morale... et on chuchote l'instant d'après qu'on la suit parfois de
très loin.
Un homme que j'ai connu
affichait des convictions traditionnelles dans le domaine de la
morale sexuelle. Il ne manquait pas de critiquer les jeunes qui font
« n'importe quoi » et prennent des risques « avec
le SIDA ». Un jour, pris d'un accès de sincérité, il m'avoua
entre quatre yeux ne pas s'être gêné ni se gêner de tromper sa
femme avec « des aventurières ». Bref ; faites ce
que je dis, ne faites pas ce que je fais. Ou plutôt, faites comme je
fais, mais tout en restant discret.
Au début des années
1970 j'étais étudiant à l’École des Beaux-Arts de Paris. C'est
seulement des dizaines d'années après qu'un de mes anciens
camarades d'école m'a appris que des étudiants de mon atelier
allaient voir les prostituées vers les Grands Boulevards. Comme ils
venaient à des heures creuses pour elles, les dames leur faisaient
des prix réduits, des prix étudiants ! Et moi je n'avais rien
vu ni entendu.
Sauf un jour où un
responsable de mon syndicat étudiant m'avait proposé de le suivre
dans un bordel, où « on mange très bien après. »
J'avais décliné son offre qui se voulait amical et libérateur. Il
devait me trouver timide avec les filles.
J'avais aidé une très
jolie fille lycéenne à entrer aux Beaux-Arts. Tous les garçons lui
faisaient la cour, excepté moi. Elle n'a pas dû bien comprendre mes
motivations. Je voulais l'aider, tout simplement, j’étais
désintéressé.
Dans un atelier de
l'école il y avait Raphaëlle, une élève d'une très grande
beauté. Les étudiants politisés que je connaissais n'ont jamais
réussi à lui parler politique, tellement ils étaient polarisés
sur l'idée de la draguer. Mes propos paraissent ici peut-être
éloignés de la description du singe humain. Ils sont en fait en
plein dedans. Nous sommes toujours des singes.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 28 janvier 2018
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