lundi 1 janvier 2018

881 Renoncer à l'amour conjugal de facto ou de juro

Tout ne va pas mal dans notre société, très loin de là. Certaines choses vont même très bien. Il existe des familles heureuses et fonctionnant à merveille, des couples amoureux, harmonieux et épanouis. J'en connais. J'en ai rencontré. Ils sont très rares, discrets et extrêmement minoritaires. La plupart des humains font de médiocres voire détestables partenaires de vie. La plupart des femmes ne font pas de bonnes compagnes. La plupart des hommes ne font pas de bons compagnons. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Bien des « couples » sont faux et cultivent les apparences. D'autres ne les cultivent même pas. Des familles désunis jouent aussi des fois la comédie de l'harmonie. Enfant, je ne comprenais pas du tout le sens exact de certains propos que j'entendais. Certains des rares visiteurs qui venaient dans notre logement familial s'extasiaient plus d'une fois devant moi, déclarant n'avoir « jamais vu une famille aussi unie. » À peine la porte se refermait derrière eux à leur départ, les disputes familiales reprenaient.

Vivant dans les disputes permanentes, n'allant pas à l'école et n'ayant aucun ami, je ne risquais pas de comprendre le sens des mots « famille unie ». Par la suite, comme beaucoup j'ai cherché à rencontrer quelqu'un pour vivre « l'harmonie du couple ». Comme beaucoup je ne l'ai pas trouvé. Par contre j'ai rencontré plus d'une fois des personnes qui savaient, et comment, profiter de ceux qui recherchent ladite harmonie. Il faut leur échapper. Et pour cela parvenir à s'extirper du carcan des discours démagogiques et savoir regarder la réalité en face. Ce qui nécessite beaucoup de temps et d'efforts. C'est une tâche très difficile que beaucoup ne parviennent pas à réaliser. Ils vivent alors dans les regrets « de ne pas y être arrivé ».

Constater que l'éventualité d'être heureux en amour est des plus hypothétiques, c'est témoigner du réalisme le plus objectif possible. Pour autant il importe de constater que ce caractère hypothétique de l'amour n'est pas le résultat de ce que les humains seraient objectivement tous mauvais. Il en existe des bons, de très bons, même. Mais s'accorder avec un humain est aussi facile que patiner sur la glace très mince d'un lac. Certains y arrivent. La plupart finissent à l'eau.

Si je me dis : « j'exige une vraie qualité de relation. Et constate que c'est autant dire impossible. Occupons-nous plutôt d'autre chose », là ça va. Si je me dis : « les humains sont mauvais. Rien n'est effectivement possible », là ça ne va pas du tout. Car un tel raisonnement revient à nier notre bonté et celle des personnes bonnes, qui existent bel et bien. Et cela est très déprimant. Savoir régler correctement sa pensée est une chose essentielle et délicate.

Il faut renoncer ici à une chose non parce qu'elle est impossible, mais parce qu'elle est pratiquement impossible. Là je conserve un optimisme raisonnable, sans me démoraliser complètement.

Il est excellent de renoncer à l'amour conjugal de facto, vues les circonstances, mais pas de juro. Et ensuite bien nous occuper avec la fraternité, l'amitié, la créativité, la chanson, la fête, la musique et la philosophie.

Et faire nôtre la devise du café associatif d'Avranches, le Ti Boussa : « Le bonheur est la seule chose qui se double quand on la partage ».

Ti Boussa signifie « petit bisou » en arabe marocain.

Sachons apprécier les petits bisous de la vie.

Sans nous perdre en cherchant la perfection.

Basile, philosophe naïf, Paris le 1er janvier 2018

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