Tout ne va pas mal dans
notre société, très loin de là. Certaines choses vont même très
bien. Il existe des familles heureuses et fonctionnant à merveille,
des couples amoureux, harmonieux et épanouis. J'en connais. J'en ai
rencontré. Ils sont très rares, discrets et extrêmement
minoritaires. La plupart des humains font de médiocres voire
détestables partenaires de vie. La plupart des femmes ne font pas de
bonnes compagnes. La plupart des hommes ne font pas de bons
compagnons. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Bien des « couples »
sont faux et cultivent les apparences. D'autres ne les cultivent même
pas. Des familles désunis jouent aussi des fois la comédie de
l'harmonie. Enfant, je ne comprenais pas du tout le sens exact de
certains propos que j'entendais. Certains des rares visiteurs qui
venaient dans notre logement familial s'extasiaient plus d'une fois
devant moi, déclarant n'avoir « jamais vu une famille aussi
unie. » À peine la
porte se refermait derrière eux à leur départ, les disputes
familiales reprenaient.
Vivant dans les disputes
permanentes, n'allant pas à l'école et n'ayant aucun ami, je ne
risquais pas de comprendre le sens des mots « famille unie ».
Par la suite, comme beaucoup j'ai cherché à rencontrer quelqu'un
pour vivre « l'harmonie du couple ». Comme beaucoup je ne
l'ai pas trouvé. Par contre j'ai rencontré plus d'une fois des
personnes qui savaient, et comment, profiter de ceux qui recherchent
ladite harmonie. Il faut leur échapper. Et pour cela parvenir à
s'extirper du carcan des discours démagogiques et savoir regarder la
réalité en face. Ce qui nécessite beaucoup de temps et d'efforts.
C'est une tâche très difficile que beaucoup ne parviennent pas à
réaliser. Ils vivent alors dans les regrets « de ne pas y être
arrivé ».
Constater que
l'éventualité d'être heureux en amour est des plus hypothétiques,
c'est témoigner du réalisme le plus objectif possible. Pour
autant il importe de constater que ce caractère hypothétique de
l'amour n'est pas le résultat de ce que les humains seraient
objectivement tous mauvais. Il en existe des bons, de très bons,
même. Mais s'accorder avec un humain est aussi facile que patiner
sur la glace très mince d'un lac. Certains y arrivent. La plupart
finissent à l'eau.
Si je me dis :
« j'exige une vraie qualité de relation. Et constate que c'est
autant dire impossible. Occupons-nous plutôt d'autre chose »,
là ça va. Si je me dis : « les humains sont mauvais.
Rien n'est effectivement possible », là ça ne va pas du tout.
Car un tel raisonnement revient à nier notre bonté et celle des
personnes bonnes, qui existent bel et bien. Et cela est très
déprimant. Savoir régler correctement sa pensée est une chose
essentielle et délicate.
Il faut renoncer ici à
une chose non parce qu'elle est impossible, mais parce qu'elle est
pratiquement impossible. Là je conserve un optimisme raisonnable,
sans me démoraliser complètement.
Il est excellent de
renoncer à l'amour conjugal de facto, vues les circonstances,
mais pas de juro. Et ensuite bien nous occuper avec la
fraternité, l'amitié, la créativité, la chanson, la fête, la
musique et la philosophie.
Et faire nôtre la devise
du café associatif d'Avranches, le Ti Boussa : « Le
bonheur est la seule chose qui se double quand on la partage ».
Ti Boussa signifie
« petit bisou » en arabe marocain.
Sachons apprécier les
petits bisous de la vie.
Sans nous perdre en
cherchant la perfection.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 1er janvier 2018
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