lundi 26 juin 2017

791 La « vie sexuelle épanouie » n'existe pas

Tout un tas de publications, notamment sur Internet, clament les bienfaits d'une « vie sexuelle épanouie » et prétendent expliquer comment y arriver. Ce discours est aussi valable en pratique que celui qui prétendrait vous expliquer comment devenir intelligent.

On verrait ainsi proclamer les bienfaits d'une « vie intelligente » et comment devenir intelligent. Avec des exercices à faire pour y arriver.

Nous sommes passés du discours culpabilisateur interdisant « la sexualité », jusque dans les années 1960, à l'actuel discours culpabilisateur prétendant imposer « la sexualité ». Cette « sexualité » ayant pour tenant et aboutissant la « jouissance » de monsieur à l'intérieur de la dame...

Les spécialistes auto-proclamés du « sexe » prétendant savoir mieux que vous ce qui vous convient. Et pour y parvenir vous invite à... les payer grassement. Pour attirer un petit chat on lui chuchote : « psst, psst, psst ! » Pour attirer un client en recherche du bonheur sexuel, le cri est un peu différent : « psy, psy, psy ! » Le « psy » serait le dieu ou la déesse dépositaire de la clé magique, du « sésame ouvre toi » de notre bonheur sexuel.

J'ai très longtemps cru au « bonheur sexuel ». Rétrospectivement je passais en mémoire un ou deux épisodes de ma vie amoureuse où je m'étais senti particulièrement bien et me disais très naïvement que le bonheur sexuel devait ressembler à ça comme un état permanent. Il fallait seulement trouver le chemin pour arriver face à une autre personne dans la même recherche. Nous nous trouverions et ainsi serions parfaitement heureux. Ce discours débile mêlant réalité et fantasmes, cherchant à donner à ceux-ci une réalité dans le futur, relève de songes. Il ne mène à rien de bon.

En dépit de son caractère irréel, combien de gens y croient plus ou moins ? En y renonçant, on se donne l'impression de renoncer à une réussite future, alors qu'on se débarrasse seulement de fantasmes débiles et très à la mode.

« Cette fois-ci c'est la bonne », « as-tu trouvé la bonne personne ? », « je crois que cette fois-ci j'ai trouvé la bonne personne ». Tout un jargon vient sous-tendre la justesse d'une quête imbécile. Quête qui conduit chaque années des dizaines de milliers de gens au désespoir, et des centaines au suicide. En dépit de cette hécatombe, subsiste toujours des chantres du « Grand Amour ».

Abusé par les discours idéalistes imbéciles dès la petite enfance, devenu grand je cherchais le « Grand Amour » nécessaire, bienvenu et obligatoire. Sa base devenait alors très basique. Une fille devait me plaire et accepter de passer à la casserole. Sa qualité de départ se résumait et s'arrêtait à ça. Car l'idée de passer à la casserole ne leur disait rien. Je ne réussissais pas à valider mon fantasme. Mais à me rendre malheureux, ça j'y arrivais très aisément. Comme j'ai appris à faire : les humains font de très grands efforts pour être malheureux et leurs efforts sont récompensés.

Les filles réelles qui voulaient bien de moi ne m'intéressaient pas. Elles étaient toujours moins belles que mes fantasmes ! Et « la place » dans mon cœur et dans mon lit devait rester libre pour les accueillir ! Le bourrage de crâne imbécile sur « la vie sexuelle épanouie » ou « la vie amoureuse épanouie » se révèle très efficace et sophistiqué pour vous isoler et rendre insatisfait et malheureux. Il est conforté par tout un tas de légendes, films, romans, boniments, chansons qui accordent réalité à ces stupidités. Par exemple qu'une fille, si elle est belle et vous plaît est forcément « faite pour vous » et « pour faire votre bonheur ». Il y aurait là de quoi mourir de rire si croire à ce ramassis de légendes stupides ne conduisait pas chaque année de très nombreux jeunes au suicide.

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 juin 2017

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