lundi 12 juin 2017

783 L'enjeu de la libération des otages

Notre société est infirme, malade de la sexualisation à outrance. Elle décrété la caresse entre humains adultes être un « préliminaire » à ce qu'elle appelle abusivement systématiquement « l'acte sexuel ». Et qui n'est le plus souvent qu'une masturbation dans un orifice naturel d'un tiers.

Les conséquences de cette désorganisation institutionnelle de la vie entre les humains sont effroyables et calamiteuses. Mais elles sont si habituelles, si anciennes, si difficiles et mal vu de les dénoncer, qu'on fini très souvent par les croire inhérentes à la nature humaine.

Alors que le toucher paraît incontournable pour soigner nombre de maux, notre société à porté au pinacle l'usage thérapeutique ou à prétention thérapeutique de la parole. Elle peut être utile. Mais elle peut aussi nuire, enfermer, déstabiliser, n'être que de la blablathérapie à but lucratif.

Prenons un exemple : une jeune fille est violée. Elle parvient à s'en ouvrir à des proches. Quel traitement lui proposera-t-on pour l'aider à se relever, reconstruire ? Un traitement consistant à voir un psy, parler. Prétendre traiter un traumatisme physique par la parole me paraît aussi raisonnable que traiter une fracture avec des chansons. Il faut une intervention « physique », qui n'interdit pas aussi de parler.

Un choc moral, un travail épuisant, un chagrin, sont aussi à traiter par l'intervention « physique » et pas que par les mots.

Une multitude de gens se sentent seuls. On leur pose comme ultimatum pour bénéficier du confort « physique » de devoir se trouver un partenaire « sexuel ». C'est odieux, stupide, violent, inefficace, décourageant.

On peut se sentir seul pour diverses raisons :

Une très jolie fille qui est sans cesse sollicitée en qualité de beau morceau de viande peut connaître une très grande solitude. Une mère qui élève seule ses enfants n'a guère de temps à consacrer pour rencontrer du monde. Et on lui posera l'ultimatum de « rencontrer quelqu'un ». Et pourquoi donc ? Le même ultimatum sera posé à un veuf ou une veuve avec enfant : « pour l'enfant tu dois coucher ». On m'a cité un cas plus rare : une dame divorcée depuis peu, se retrouvant seule et exerçant des responsabilités financières très élevées. Personne ne s'avise autour d'elle qu'elle est aussi une femme et souffre à présent de la solitude. Elle est si importante qu'on oublie qu'elle est aussi un être humain. On peut multiplier les exemples.

Ce qui bloque tout et barbarise la situation de solitude ressentie est l'ultimatum sexuel : tu veux du contact « physique », alors il faut coucher, passer à la casserole ! Et si on libérait les otages ?

La société a fait des cinq étapes de l'intensité sexuelle de la relation humaine un annexe du coït. Il faut démonter le piège. Non, la caresse entre êtres humains adultes n'est pas nécessairement tournée vers le coït. Il faut sortir des conventions hypersexualisantes régnantes et aller vers autre chose entre humains sincères, sensibles et de bonne volonté !

C'est possible, du moins ça vaut le coup d'être tenté. Quand on modifie les conventions morales régnantes, c'est souvent pour accentuer la sexualité. Là on lui tournera le dos. Plus exactement on lui concédera la place qui lui revient et rien de plus. Son règne a assez duré. Place à la nouveauté et la liberté !

Basile, philosophe naïf, Paris le 12 juin 2017

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