jeudi 1 juin 2017

776 Origine instinctuelles du patriarcat

Il me semble que le patriarcat a des origines instinctuelles, c'est à dire provenant de l'instinct humain originel, contrarié par des acquis culturels.

A l'origine, les humains ignorent le caractère universel et inéluctable de ce que nous appelons souvent « la fin de vie ». Découvrir cette loi de la Nature va de front contre l'instinct de conservation. Elle crée un sentiment d'insécurité universelle. Or, la réponse naturelle spontanée à un péril est de multiplier les accouplements, afin d'assurer la pérennisation de l'espèce. Cette réaction expliquerait la frénésie coïtale qu'on rencontre chez de très nombreux hommes. Ils vont harceler les femmes de manière pénible et insupportable, pouvant aller jusqu'au viol, crime très répandu.

Cette frénésie coïtale va non seulement déranger voire empêcher la relation entre l'homme et la femme, mais elle va aussi isoler, diviser, opposer et détendressiser de très nombreux hommes. « Détendressiser », c'est à dire faire de ces hommes des êtres incapable de tendresse et recherchant obsessionnellement le coït.

L'hypersexualisation engendrée par ce comportement rendra également très souvent hypothétique et impossible la chaleureuse camaraderie et la tendresse entre hommes, à moins de se sentir homosexuel. Dans notre société, souvent seuls les mourants et les footballeurs venant de marquer un but dans un match auront droit à des câlins masculins. Sinon rien.

Le trouble de la sexualité fera que tout ce qui semble de près ou de loin relever du sexe deviendra louche, suspect, sale, douteux. L'étymologie du mot « masturbation » est éloquente à ce propos. Le mot vient du latin manustuprare : se salir la main. Donc, par définition, cette activité est sale.

Les hommes sont mortels, donc les mères ont trahit, tel est le raisonnement qui serait sensé donner une base au patriarcat... À partir du moment où les femmes sont « coupables » de ne pas enfanter des garçons immortels, elles deviennent des individus de seconde zone, à surveiller, contrôler, exploiter. De là vient la non reconnaissance du travail féminin, maternel, domestique ou autre.

Enfin, les hommes apeurés seront effrayés par le sang que perdent inexplicablement toutes les femmes si elles sont fécondes et ne sont pas enceintes. Les règles toutes les vingt-huit jours ont suscité de tous temps la terreur chez les hommes. L'origine et la raison des règles n'est connue des humains que depuis le milieu des années 1840. Durant des millénaires et encore dans nombre d'endroits aujourd'hui, la femme qui a ses règles est supposée être « impure ». Elle fait tourner le lait ou le jambon, etc. Autant de frayeurs antiques devant le sang menstruel, qui témoignent une fois de plus de la volonté patriarcale de culpabiliser et rejeter les femmes.

Face au patriarcat il importe de réagir, dans l'intérêt des femmes comme dans celui des hommes. On ne peut pas se limiter à des dénonciations morales, des efforts éducatifs, des progrès juridiques, des actions sensationnelles. Il faut poser deux problèmes : celui du dérangement sexuel masculin auquel il faut savoir donner une réponse. Et il faut surtout, reconnaissant le caractère structuré du patriarcat, lui opposer une réponse structurée et collective des femmes. Quand on prétend organiser une riposte au patriarcat avec les femmes ensemble avec les hommes, on se retrouve bien vite avec un mouvement où les hommes dominent le débat et dirigent... C'est pourquoi les femmes doivent s'organiser aussi entre elles, et par leur contre-pouvoir influencer le pouvoir fallacieusement mixte, neutre, asexué, mais en fait patriarcal et masculin régnant. Cette démarche pourrait passer par la création d'assemblées féminines locales. Et aussi d'assemblées à des niveaux plus généraux, comme je l'ai esquissé dans mon « Appel aux femmes » en date du 21 avril 2017.

Basile, philosophe naïf, Paris le 1er juin 2017

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