vendredi 9 juin 2017

781 Réflexion pour l'amélioration de la vie des cafés associatifs

J'ai participé hier soir 8 juin 2017 à une réunion ouverte à tous où trois cafés associatifs étaient représentés : le Moulin à Café, le Troisième café, et un café associatif en gestation à Gennevilliers. Ce fut très vivant et très intéressant. Il se trouve que j'ai commencé il y a quarante ans à m'intéresser à l'associatif, que j'organise depuis vingt-quatre ans le Carnaval de Paris, fête libre, bénévole, gratuite, indépendante et autogérée, et fréquente le Moulin à café depuis onze ans. Ce qui me donne quelques idées à suggérer pour l'amélioration de la vie des cafés associatifs.

La communication auprès du public est très difficile à faire passer. J'en prends deux exemples : il y a quelques jours, la responsable de la communication au Moulin à café me donne le nouveau programme qu'elle a mis au point. C'est celui de juin 2017. Je le prends. Et deux jours après réalise que j'ai raté une animation qui a lieu tous les premiers vendredis du mois. Je regarde alors le programme de juin. Naturellement l'animation en question est indiquée sur la première page... Je n'avais pas regardé le programme. Je me souviens aussi de la cafétéria qui existait dans les années 1990 dans le Palais des Études à l’École des Beaux-Arts. Sa grande salle avait ses murs couverts d'affiches annonçant divers événements. J'étais un habitué des lieux. Ces affiches faisaient partie du paysage. Je ne les lisais jamais. Je me suis fait cette réflexion quand en 1997 j'ai fait une campagne d'affichage aux Beaux-Arts pour le renouveau du Carnaval de Paris. Si moi je ne lisais pas les affiches des autres, les autres pourraient très bien ne pas lire les miennes. À la réunion des Cafés associatifs du 8 mars 2017 une participante a dit à un moment donné, à propos de l'appel au bénévolat qu'une affiche figurait dans le Troisième café. Si ça se trouve quantité de personnes qui viennent au Café associatif, voire la majorité d'entre elles, ne la lisent pas. C'est dire la difficulté pour arriver à communiquer. D'un côté on se creuse la tête et on passe du temps à réaliser un programme distribué ou une affiche apposée au mur. De l'autre, le sympathique public vient et ne lit pas ce qu'on met à sa disposition.

S'agissant des bénévoles, c'est une question essentielle et un très important problème. On manque de bénévoles ! Quand le Café associatif ouvre, il y en a une quantité parce que c'est nouveau. Puis, ça se raréfie. Le même problème existe aujourd'hui dans un tas d'associations. D'un autre côté existe des bénévoles semi professionnels : ils sont tout le temps-là. Du moins ils passent régulièrement de nombreuses heures au Café associatif. J'en connais. Le problème est qu'il serait imprudent de trop s'en réjouir et en faire des exemples à suivre. Un bénévole est un être humain comme les autres. Il vieillit, il peut déménager, changer d'avis, tomber malade, se fatiguer... que fait-on le jour où il devait venir et ne vient pas ou ne vient plus ? On est désemparé. Il faut des bénévoles en plus. Pourquoi les Cafés associatifs, et les associations en général ont aujourd'hui du mal à en trouver ?

D'abord pour la première raison invoquée dans ce texte : la difficulté à communiquer. Les organisateurs ont l'impression d'informer le public qu'on a besoin de bénévoles. En fait un très grand nombre de personnes fréquentant le Café associatif ne sont simplement pas au courant ou au courant de l'importance du problème et sa nature précise. Comment faire alors ?

Comme je l'ai dit à la réunion du 8 mars il faut faire de la question des bénévoles une question centrale et un élément de communication numéro un. Il faut mettre en avant partout et en permanence la question des bénévoles. Tout en l'expliquant au public. Car il existe aujourd'hui un vaste problème qui rebute nombre de gens à l'idée de faire du bénévolat.

Beaucoup d'associations ont une vision du bénévolat où les bénévoles sont culpabilisés. « Tu veux être bénévole ? Tu attaches donc de la valeur aux objectifs de notre association ? Dont TU DOIS être là tel jour de telle heure à telle heure ! Sinon, ça signifie que tu n'es pas vraiment notre ami. » En gros c'est comme ça qu'on traite souvent les bénévoles. J'ai éprouvé ce genre de situation dans une troupe de théâtre amateur. Au début c'est très chouette, à la fin on dirait que c'est un travail qui n'est pas payé et plus du bénévolat avec le cœur. Alors ça marche un bout de temps. Puis on s'en va. On arrête.

Il est possible même que la raréfaction des crédits alloués aux associations aggrave cette situation. Les bénévoles traités comme des esclaves, ça fini aussi par se savoir. Ce qui fait que le cri du cœur d'un tas de gens quand on leur propose du bénévolat est qu'ils n'ont pas le temps. Moyen soft de refuser sans vexer la personne qui propose l'activité.

Pour redresser cette situation, il faut ABSOLUMENT commencer par expliquer au public que le bénévolat proposé ne sera pas un bénévolat basé sur des ordres, la culpabilisation, le chantage affectif... Il faut expliquer quel bénévolat est proposé. Et insister dessus. C'est un bénévolat sain et respectueux qui est proposé, pas un bénévolat qui donne envie de s'enfuir au plus vite.

Ensuite, il faut expliquer en détails comment ça se passe pour devenir bénévole. Et enfin récolter des témoignages de bénévoles qui expliquent ce que le bénévolat leur a apporté et comment ça s'est passé. Et diffuser ces témoignages au public.

Par exemple, pourquoi pas ? Les afficher sur les murs du Café associatif avec les photos des bénévoles en train de participer à l'activité du Café associatif. Si ce n'est pas affiché en permanence, au moins de temps en temps faire une campagne d'affichages de ce type dans le Café associatif. Campagne qui pourrait se faire, par exemple, deux fois par an.

Pour améliorer la situation il est possible et nécessaire d'innover. Le problème du bénévole c'est aussi son isolement. Il se porte volontaire. Et puis, de temps à autre il va faire une activité. Mais il lui manque le sentiment de participer à une communauté. Au début oui un peu, de moins en moins ensuite, ça va le démotiver. Je propose une réforme de la manière d'organiser le bénévolat.

Quand des bénévoles se présentent, on les regroupe. C'est à dire qu'on leur annonce qu'ils font partie d'un groupe de bénévoles. Ce groupe doit être petit, une demi-douzaine, une dizaine, jamais plus de dix-neuf. Au delà ça devient difficile, des problèmes arrivent, le groupe perd sa cohésion. Ce chiffre de dix-neuf maximum était un vrai « chiffre magique » : celui des effectifs des innombrables groupes festifs, souvent appelés goguettes, qui organisaient jadis et avec succès la festivité populaire en France. Quand ces groupes ont été autorisés à grossir à partir de 1835, ce fut le début de la fin. Ils ont fini par disparaître et une très large partie de la festivité populaire avec. Sauf à Dunkerque et dans les villes alentours où les sociétés de carnaval font pratiquement toutes douze membres et où le Carnaval est resté de ce fait énorme et prospère.

Le groupe de bénévoles, on pourrait appeler ça une main, est un groupe autogéré. Une fois lancé il s'organise et fonctionne pour donner de l'agrément au bénévolat. Tous les deux mois au moins, ou tous les mois, la main se réuni pour passer un moment agréable ensemble. Elle crée des liens entre bénévoles et surtout elle rompt l'isolement du bénévole en tant que bénévole. Elle apporte un plus au bénévolat. Le bénévole cesse uniquement de donner, il reçoit aussi. Car la seule gratitude pour le service rendu peut finir par paraître insuffisante pour se motiver. Il faut aussi que le bénévolat apporte des occasions de plaisir partagé en plus. L'idée est à creuser et mettre en application.

Les Cafés associatifs ont pour premier but de faire du lien social. Tout ce qui va dans le sens contraire de l'isolement est intéressant à étudier et mettre en œuvre. Par exemple : donner un nom aux adhérents du Café associatif : ceux du Moulin à café pourraient s'appeler les Moulinois et Moulinoises. Ce nom a été proposé par un ami qui y travaille comme salarié. Tous les trois mois, une réunion ouverte de tous les Cafés associatifs de la Région parisienne pourrait être organisée sur le modèle de celle qui s'est passée le 8 mars avec trois Cafés associatifs dont un en gestation. Une participante a souligné lors de cette réunion qu'il était essentiel qu'un Café associatif en projet ai déjà un nom.

Les salariés et responsables des Cafés associatifs ont déjà beaucoup de tâches à remplir. C'est pourquoi pour améliorer le fonctionnement de ces lieux il faut proposer des activités autogérées qui ne vont pas les surcharger. J'en vois deux possible :

Le pique nique dominical autogéré : il est proposé aux adhérents et amis du Café associatif de se retrouver librement dans un lieu verdoyant, le dimanche, jour où le Café associatif est fermé. Et faire un pique nique. Cette activité mobilisant zéro bénévoles et zéro salariés du Café associatif. On peut aussi à cette occasion faire en sorte que deux Cafés associatifs ou plus choisissent le même lieu pour un tel rendez-vous dominical, d'où rencontres et échanges, enrichissement mutuel.

Les habitués des Cafés associatifs souffrent quand il est fermé. Cette idée serait très bien accueillie.

Il existe des Cafés associatifs dans diverses régions de France et sans doute dans des pays voisins. Les Cafés associatifs ont une période de fermeture estivale.

Pourquoi ne pas étendre le concept du pique nique dominical autogéré à quelque chose de plus ambitieux ?

La semaine estival autogérée des Cafés associatifs : il serait proposé que dans un endroit sympathique où existe des possibilités d'accueil abordables et suffisantes (campings, gîtes ruraux) et même un Café associatif pas loin, les habitués et amis des Cafés associatifs se retrouvent.

Il ne s'agirait en aucune façon d'une semaine organisée avec accueil organisé, etc. Mais d'un rendez-vous où chacun se débrouille pour venir et passer son séjour sur place. Il s'agirait d'une activité autogérée, où zéro bénévoles, zéro salariés seraient sollicités.

Ce qui permettrait de développer l'activité des Cafés associatifs, leurs liens, sans surcharger de travail ceux qui font déjà un formidable travail pour la convivialité et le mieux vivre ensemble. Une ancienne adhérente très active du Moulin à café a créé un Café associatif en Bretagne... peut-être a-t-elle dans les environs un camping sympathique, de sympathiques gîtes ruraux, a proposer pour organiser une telle activité ? Je n'ai pas ses coordonnées, le Moulin à café les a. Il pourrait lui poser la question et ainsi rien qu'avec un mail envoyé lancer ce très ambitieux projet.

L'autogestion est une forme d'organisation qui permettrait d'enrichir le fonctionnement des Cafés associatifs. C'est déjà ainsi que fonctionne le Carnaval de Paris. Le 26 février dernier il y avait plus de cinq mille participants au cortège, dont certains venus de loin : Allemagne, Belgique, Italie (un car entier). C'est pourquoi j'ai pensé intéressant de faire profiter les Cafés associatifs de cette expérience joyeuse et réussie de fête libre, bénévole, gratuite, indépendante, autogérée et apolitique.

J'espère que ce texte de réflexion pourra contribuer à l'amélioration de la vie de ces splendides lieux de vie que sont les Cafés associatifs et dont les animateurs et fondateurs méritent toute notre admiration et notre gratitude.

Je publierai ce texte sur mon blog philosophique et l'enverrai aux adresses des deux Cafés associatifs que je connais : Le Moulin à café et le Troisième café.

Avec tous mes remerciements pour ce qu'ils font pour la convivialité et le mieux vivre ensemble dans la cité.

Basile, philosophe naïf, Paris le 9 juin 2017

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