dimanche 19 janvier 2014

208 Réponses à quelques questions importantes sur l'amour

Quand j'interroge des gens, ou me pose des questions sur l'amour, je rencontre souvent plusieurs interrogations :

Pourquoi l'amour paraît souvent plus simple très jeune, pour se compliquer ensuite ?

Pourquoi devient-il avec les années très difficile de le rencontrer ?

Pourquoi, au début, quand on le rencontre, ça va bien et après ça change ? Très souvent après un certain temps, ce qui allait bien se dégrade et ne va plus.

Pourquoi quantité de femmes et d'hommes finissent par en vouloir au sexe opposé ? Dont ils accusent les représentants d'être compliqués, incompréhensibles, intéressés, manipulateurs, égoïstes, insensibles, jaloux, possessifs, etc. bref, infréquentables. Mais, en même temps indispensables. D'où une situation impossible. Comme le résumait abruptement un copain quinquagénaire :  « quand tu es seul, tu t'emmerde. Quand tu es avec quelqu'un, elle t'emmerde ! »

L'explication se trouve dans le cours de l'évolution de la vie d'un très grand nombre.

Au début, l'amour, c'est effectivement très simple. Quand on est enfant, on ne se complique pas la vie. Une fillette de cinq ou six ans me disait il y a plus de vingt-cinq ans de ça : « j'ai échangé mon copain avec une copine, contre un sac de billes ! » On connait aussi la célèbre expression enfantine : « t'es plus mon copain ! »

On n'aime, on n'aime pas, on n'aime encore, on n'aime plus. Ainsi va la vie enfantine. Qui n'est pas forcément heureuse. Mais qui n'est pas compliquée.

Seulement voilà : arrive le heurt avec « la clôture des adultes », derrière laquelle la masse des adultes cache quantité de choses. Quand, un jour, on finira bien plus tard, par franchir ladite clôture, on est confronté à de multiples interrogations. Auxquelles on n'a pas été du tout préparés. On n'a appris au contact des adultes à manger, savoir se tenir à table, s'habiller, se laver, etc. Mais, s'agissant des choses de l'amour on est très largement ignorant. Car les adultes nous ont caché quantité de choses.

Alors, aux débuts de nos premiers pas en amour « adulte », il arrive effectivement que nous restions dans notre simplicité enfantine d'origine. D'où l'amour paraît simple. Ça ne va pas durer. Et ce ne sont pas les imbécilités distillées par les contes de fées, les films et les romans à l'eau de rose qui vont nous aider à comprendre la vie.

Comme les difficultés arrivent, avec notre grande ignorance nous allons essayer de comprendre. Découvrir ce que nous cherchons et comment y parvenir. Ainsi nous commencerons à nous fabriquer notre « échelle des importances ». Quelle importance donner au « sexe » ? aux « mots d'amour » ? à l'âge ? la beauté physique ? etc. Autant de réponses que nous allons chercher.

Nous allons être confrontés à des difficultés, déceptions, souffrances, rares ou plus longs moments de bonheur. Et un grand problème, une terrible incohérence va alors s'installer progressivement dans nos vies. Nous allons commencer à ne plus nous déterminer par rapport à ce qui nous arrive, mais par rapport à notre échelle des importances. Celle-ci est évolutive, se modifie avec le temps, plus ou moins vite.

Les personnes que nous rencontrons ont également concoctés leur propre échelle des importances. Et celle-ci est différente de la nôtre. Et comme les variations possible de ces échelles sont innombrables, bien rares sont celles qui coïncident ensemble.

Quand cela arrive, les personnes concernées sont ravies : elles sont amenées à penser avoir enfin « rencontré l'amour ». Seulement, le hic est que leurs échelles des importances continuent à se révéler l'une à l'autre, bouger, évoluer. Et finissent par s'éloigner. D'où la pensée couramment exprimée : « l'amour, au début, c'est toujours bien. Après ça se dégrade. »

Enfin, arrivés à un certain âge, on a accumulé échecs, déceptions et compliqué énormément notre échelle des importances. Elle devient comme une forteresse impénétrable. On va rester seul. Et maugréer contre l'ensemble du sexe opposé. En fait, on va maugréer tout simplement contre l'amour et ses espoirs déçus.

Voilà, en résumé, comment je réponds à ces importantes questions sur l'amour énoncées au début de cet article.

Je finirais par un exemple illustratif de l'influence sur nos vies de l'échelle des importances :

J'ai connu à la fin des années 1970 une jeune fille qui m'a raconté une mésaventure très désagréable qui lui est arrivée. Elle avait un petit copain. Celui-ci l'a un jour quitté pour une autre, parce que cette autre était la première femme à lui avoir dit : « je t'aime ». Pour ce jeune homme, la phrase en question était placée très haut dans son échelle des importances personnelle. Au point de lui faire quitter du jour au lendemain sa petite amie pour une autre jeune fille !

Inversement, combien étrange m'a paru une jeune femme vivant en couple, s'entendant pas si mal avec son compagnon, qu'elle trompait néanmoins à l'occasion, qui m'a dit un jour : « je ne dirais jamais à mon copain "je t'aime", ça gâcherait quelque chose ». Pour cette femme, bizarrement, le refus de dire « je t'aime » était placé très haut dans son échelle des importances.

La phrase « je t'aime » est quelquefois placée tellement haut dans son échelle des importances personnelle qu'on n'éprouve les plus grandes difficultés à la prononcer ! On se retrouve tout tordu et balbutiant pour jeter ces mots à la face de l'être aimé qui vous regarde avec étonnement et commisération. On donne l'impression de s'étouffer avec des mots, tellement on attend, croit, espère, qu'ils vont représenter une sorte de formule magique pour accéder au bonheur amoureux. Mais les formules magiques n'existent et fonctionnent que dans les films et romans. Dans la réalité, elles peuvent sembler parfois fonctionner. En fait, elles ne marchent jamais.

Reste l'interrogation : « comment sortir du domaine artificiel de l'échelle des importances, entrer dans la réalité et s'y mouvoir de manière satisfaisante ? » Cela arrive à certains, semble-t-il. Mais pour cela, il faut, d'une certaine façon, redevenir des enfants. Revenir à la simplicité originelle que nous avons connu. Le chemin du retour à la simplicité est caché, fait peur. Est très long, pénible et compliqué à trouver. Mais il n'y en a pas d'autre.

Basile, philosophe naïf, Paris le 19 janvier 2014

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