mercredi 24 février 2021

1446 Mon père

On lui a tout pris,

Son pays,

Et ce qu'il avait

Ou qui lui était promis.

Ses chevaux,

Ses chiens de chasse,

Ses palais,

Ses domestiques innombrable,

Ses fauconniers,

Ses cuisiniers,

Ses gardes et ses chauffeurs,

Ses voitures,

Ses montagnes de roubles et de kopecks,

Sa vie de cour,

Sa fierté de servir les tsars,

La Sainte Russie

Et l'église orthodoxe,

Sa conviction d'être favorisé

Par le destin, l'Histoire et Dieu,

Ses processions religieuses,

Ses défilés militaires,

A cheval en tête des troupes

Saluant la foule,

Ses bibliothèques,

Ses archives,

Ses collections de peintures,

Ses jardins privés,

Ses chasses privées,

Son pouvoir sur la Russie,

Il a même fini par perdre

Sa religion

Et vivre en France

Presque comme un clochard.

Mais il est deux choses

Que les autres ne lui ont pas pris

Et qu'il a conservé :

Ses armes et sa fierté.

Nous descendons d'un ancêtre

Me disait-il,

Inscrit dans le onzième livre

De la noblesse russe

Celle qui comptait déjà cent ans

D'ancienneté

A l'époque du règne du tsar

Ivan le Terrible,

Et là, sur nos armes

Les croissants rappellent

Les guerres des Russes

Contre les Turcs.

Il est parti au ciel

Pauvre, même misérable

Mais toujours fier d'appartenir

A la noblesse

De la Sainte Russie.

Quant à moi

est une chance etr une malchance

D'avoir été élevé comme un prince

Sans avoir les moyens

Ni les domestiques,

Cuisinière, gouvernante, chauffeur,

Ni la conscience

Du caractère déraillé

De mon destin.

Mon père est né

Très riche et très puissant

A Saint-Pétersbourg,

Moi je suis juste

Un pauvre et insignifiant Parisien,

Mes ancêtres étaient Connétable

Ou officiers généraux du tsar,

Moi, pour gagner mon pain

J'ai, durant onze années

Balayé une caserne de gendarmerie

Rue de Babylone, à Paris.

Mais je ne me plains pas

J'ai toujours cherché

A faire le bien.

J'ai fait revivre le Carnaval de Paris,

Je peins, dessine, écrit,

En 2005, j'ai sauvé une femme,

J'ai la foi, j'aime mes amis,

Tous les humains,

L'amour, la beauté,

La poésie

Et celui ou celle

Qui lira celle-ci.

La vie est belle,

La richesse, le pouvoir

Et la gloire

Sont de trop lourds fardeaux,

Je leur préfère

Le parfum des fleurs

Et l'amitié fraternelle.

La vie est belle,

Vive vous ami lecteur,

Amie lectrice,

Et il est

Deux choses que j'ai rejeté

Dans les traditions de mon père :

Le mépris des femmes

Et des gens du peuple.

Femmes et vous tous

Je vous aime,

Vous respecte

Et vous dédie

Cette poésie.


Basile philosophe naïf

Paris le 23 février 2021

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