C'est
arrivé
Dans
les années quarante
Du
siècle dernier.
Une amie
Une amie
Me
l'a raconté.
Une nuit étrange
Une nuit étrange
Etait
tombée
Sur
de nombreux pays,
Une
nuit au sens figuré.
L'Humanité avait été oublié.
L'Humanité avait été oublié.
Au
nom d'idées étranges
Invoquant
une pureté imaginaire,
Des
gens ordinaires
Devaient
se cacher
Pour
éviter d'être arrêtés
Sans
avoir rien fait
Sinon
d'être nés.
Parmi ces gens qui se cachaient
Parmi ces gens qui se cachaient
Un
vieux Belge se trouvait.
Des amis
Des amis
L'avaient
recueilli
Dans
un appartement vide
En
face d'un grand parc
De
Bruxelles.
Avec interdiction de sortir
Avec interdiction de sortir
Pour
éviter le danger
D'être
arrêté.
Comment s'appelait cet homme ?
Si on me l'a dit
Comment s'appelait cet homme ?
Si on me l'a dit
Je
l'ai oublié.
Appelons-le
Appelons-le
Abramovicz
Ce
qui signifie
« Fils
d'Abram ».
Les mois passaient
Les mois passaient
Dans
Bruxelles occupé,
Les
saisons succèdaient aux saisons.
Les arbres verdissaient,
Les arbres verdissaient,
Puis
leur feuillage changeait de couleur,
Les
feuilles tombaient
Et
le cycle de la Nature
Reprenait.
Or Abramovicz adorait la Nature.
Et le parc inaccessible
Or Abramovicz adorait la Nature.
Et le parc inaccessible
Lui
tendait des bras invisibles.
Comme il aurait aimé
Comme il aurait aimé
Pouvoir
s'y promener !
Mais
pas moyen de sortir,
Car
en cas de danger rencontré
Impossible
de fuir.
Mais à force de supporter
Mais à force de supporter
L'insupportable
Privation
de liberté,
Un
jour
N'y
tenant plus
Et
oubliant le danger
L'homme
âgé
Sorti
de sa cachette
Pour
goûter les senteurs
Du
joli parc ombragé.
C'était le printemps ou l'été
C'était le printemps ou l'été
Peu
importe,
Quel
plaisir de pouvoir se promener
Au
grand air
Et
oublier
La
privation de liberté !
Et
ce qui devait arriver arriva,
Patatra !
Une
patrouille allemande.
Elle était composée
Elle était composée
De
vieux territoriaux
Ayant
fait la Grande Guerre,
Commandés
par un officier.
Celui-ci, justement
Celui-ci, justement
Apercevant
le promeneur
Dépêcha
un de ses hommes
Pour
le contrôler.
Le vieil Abramovicz voyait
Le vieil Abramovicz voyait
Sa
dernière heure arriver !
D'une main mal assurée
D'une main mal assurée
Il
tendit à l'Allemand casqué
Sa
carte d'identité
Qui
portait en rouge
Un
gros tampon
Signalant
son appartenance
A
une catégorie de la population
Interdite
et activement recherchée.
Avec
son nom en prime,
Le
fuyard ne risquait pas
D'éviter
d'être identifié.
Le
vieil allemand a soigneusement étudié
La
carte d'identité du vieux juif.
Puis, il a relevé les yeux
Puis, il a relevé les yeux
Les
a planté dans les yeux
Du
vieux juif terrorisé.
Et a dit, d'un ton amical
Et a dit, d'un ton amical
Et
inattendu,
D'une
voix calme
Et
suffisamment faible
Pour
ne pas être entendu
Par
l'officier
A
quelques mètres de là :
« Monsieur
Abramovicz
« Ne
pensez vous pas
« Qu'il
serait temps
« Pour
vous
« De
rentrer à la maison ?
Il a rendu la pièce d'identité
Il a rendu la pièce d'identité
Au
vieux juif
Et
d'un pas tranquille
Est
parti rejoindre
Le
reste de la patrouille.
L'officier
tout près n'a rien vu d'autre
Qu'un
banal contrôle d'identité.
Ce
jour-là
Un
vieil Allemand
A
sauvé un vieux Belge.
Cette histoire démontre
Cette histoire démontre
Qu'il
ne faut jamais
Désespérer
totalement
De
l'Humanité.
Basile
Paris,
le 15 juillet 2020
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