Une
poétesse
Dame
assez riche,
M'a
offert un jour
Un
très beau présent.
Une veste de golf.
Je n'avais jamais vu
Une veste de golf.
Je n'avais jamais vu
Ni
possédé
Un
vêtement aussi chic.
Elle
m'allait très bien.
Il
allait falloir l'inaugurer,
Assurer
sa première sortie.
Mais voilà,
Mais voilà,
Une
dame de l'entourage
De
ma généreuse donatrice
Et
vague parente
Visiblement
n'appréciait pas
Qu'un
si resplendissant objet
Échoue
dans la garde-robe
D'un
misérable poète
Pauvre,
pouah !
Un
Russe inconnu
À
la famille
Ruinée
par la Révolution,
Et
devenu balayeur.
Quelle
horreur !
Elle
ne cachait pas sa pensée,
Me
disant que le don à moi
De
cette belle veste
Était
mal venu, n'était pas justifié,
Était
une erreur.
Elle réservait ce présent
Elle réservait ce présent
À
un homme chic
De
son entourage.
Cette dame m'a fait un charme fou.
Cette dame m'a fait un charme fou.
Devant
ce tir de barrage
De
Cupidon,
Ce
bombardement de l'Amour,
Ces
shrapnels d’Éternel Féminin,
Mon
cœur de poète
S'est
illuminé, embrasé,
Carbonisé,
soumis
Et
asservi.
Ma
séductrice n'a pas eu
Trop
de mal pour y arriver.
Comment
un vieux garçon
Sentimental
et solitaire
Pourrait
résister
À
une telle offensive ?
Sous
le feu de ses bisous
La
capitulation était inévitable.
J'ai
déposé les armes,
Toute
résistance était impossible.
Les fortins de la ligne Maginot
Les fortins de la ligne Maginot
De
mon cœur
Se
sont tous rendus.
Drapeaux
blancs
Sur
toute la ligne de front.
Heureuse capitulation !
Heureuse capitulation !
Cette
dame me promettait,
Sans
rien me donner,
À
part quelques bisous un peu appuyés
Sur
les joues,
Mais
hors d'œuvres
De
folles nuits d'amour.
Me promettait,
Me promettait,
Que
dis-je, m'assurait
De
tout son merveilleux cœur de femme,
De
dame d'honneur de Vénus,
D'esclave
d'Aphrodite,
De
suivante d'Astarté,
D'héritière
de Cléopâtre
Et
Marilyne...
L'amour,
la tendresse,
Une
agréable compagnie,
Bref,
ma vie transfigurée
Par
la grâce d'une personne
Qui
se donnait à moi
Et
ne me demandait rien.
Si,
la veste de golf.
Devant une telle chance,
Devant une telle chance,
Une
telle générosité,
Un
tel avenir doré,
Que
pesait cet équipement
De
golf, auquel je ne joue pas ?
Sans
aucune hésitation
J'embarquais
l'objet
Et
le portais
À
notre rendez-vous.
Ma
future compagne
Embarqua
la veste
Dans
un grand sac.
Je la vis s'éloigner.
Et depuis ce jour
Je la vis s'éloigner.
Et depuis ce jour
Je
n'ai plus jamais entendu parler
De
la belle récipiendaire
Et
de son précieux objet.
J'ai
ainsi eu le potentiel
De
me vêtir très chic.
Ce potentiel a duré
Ce potentiel a duré
Trois
ou quatre semaines
Il
y a bien longtemps.
J'aurais
pu ainsi
Concurrencer
en élégance
Mes
ancêtres
Qui,
dans leur grand palais,
Aujourd'hui
bibliothèque d'état
De
Russie,
Prenaient
le thé
Avec
le tsar,
Et
le rendait parfois
Cocu.
À
défaut de posséder
L'élégance
du passé,
J'en
conserve au moins
Le
souvenir.
Il m'a permis d'écrire
Il m'a permis d'écrire
Aujourd'hui,
Cette
poésie,
Qui,
j'espère
Vous
a apporté
Un
peu de bonheur.
Basile
Paris,
le 26 mai 2020
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire