lundi 18 mai 2020

1291 L'inspiration du poète

Transmuter le plomb des souvenirs
De notre vie
En or de notre imaginaire.
Faire des épisodes de cette vie
Un roman extraordinaire.
Badigeonner nos malheurs
Avec de la crème de sourires.
Faire du banal
Un merveilleux cheminement
Qui nous mène au Paradis des Poètes
Et des amants de l'amour.
Faire de l'ordinaire de nos vies
L'extraordinaire de nos pensées,
Et dans un brouillard unique,
Resplendissant et hallucinant
Convoquer les astres et les étoiles,
Les planètes et les comètes
Dans les caves et les égouts
Où d'ordinaire
Il ne se passe rien du tout.
Imaginer que la vieillesse
Est un triomphe
Et la fatigue des ans
Une avalanche de fruits,
De chocolat
Et de poésie.
Appeler la prison du bocal
Du poisson rouge
« La liberté enfin retrouvée. »
Faire de la poussière du cheminement
L'entrée triomphale
De trois empereurs
Sous le soleil d'Austerlitz.
Oublier la maladie
Et les soucis.
Et déclarer que les lapins
Sont des gens très bien.
Et puis ajouter
Des précisions, du vécu
De ces quarante-trois
Dernières années passées,
Souvenirs, souvenirs
De ma rue adorée.
Je me souviens
De Marcel
Et sa poignée de mains extraordinaire,
Je me souviens
De Monsieur Paillet
Toujours énervé
Après les propriétaires des chiens
Venant crotter rue des Thermopyles.
Je me souviens
De la dame aux rats
Aux yeux de jeune fille.
Je me souviens
De l'atmosphère
Des années soixante-dix.
Je me souviens aussi
Et très bien
De Monsieur Dupuis
Qui a planté
La première glycine
De la rue des Thermopyles
Que certains voulaient arracher.
Et je me souviens
De sa femme blonde
Qui l'a précédé
Dans la tombe.
La vie continue
Et passe aujourd'hui
Parfois dans la rue
Une déesse noire et son amoureux,
Une chanteuse de jazz
À la carrière internationale.
Raconter la vie d'avant
Et la vie d'après.
La vie réelle
Et la vie rêvée.
Faire de l'espérance trahie
Une belle romance,
Et de la déchéance
Une ascension
Vers le firmament.
Raconter tout
Et ne raconter rien.
Rien du tout,
Des grandes choses
Et des petits riens.
Et que même
Les âmes des chiens errants
Soient recouvertes
De diamants.
Tel est le prodige
De l'imagination
Et l'inspiration
Du poète
Qui dort en vous
Et qui, chez moi
Est réveillé.
J'allais finir ce poème
Quand une délégation de chats
De la rue des Thermopyles
Est venue me signaler
Que j'avais oublié
De les mentionner.
Cet oubli à présent est réparé.

Basile
Paris, le 18 mai 2020

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