On
parle beaucoup et on écrit et publie aussi beaucoup à propos de la
« sexualité ». On dit et écrit aussi énormément de
bêtises à ce sujet.
Notre
époque voit souvent vanter le consumérisme sexuel. Le sexe devenant
un produit de consommation ordinaire à traiter comme d'autres
produits de consommation.
On
pourrait soi-disant décider de « faire l'amour » comme
on décide d'aller au cinéma voir un film. On ne peut pas en fait
décider de « faire l'amour ». Mais si dans l'intimité
on se met en tête « d'y arriver », le résultat est
qu'on ne se situe plus dans le moment présent. On se place dans un
futur idéalisé et hypothétique et on n'est plus présent dans la
réalité vécu. On cesse de suivre la réalité vivante pour épouser
un scénario. On théâtralise. On ne vit pas. Le résultat est une
déconnexion de soi-même et de l'autre. Il ne s'agit plus
d'individus présents et vivants mais de rôles prédéterminés.
Quoiqu'on dise et prétende, le résultat est forcément très
mauvais. Si ce n'est immédiatement, en tous cas à terme.
L'homme
va croire « faire l'amour » car il pénètre
mécaniquement l'autre. En fait il ne fait pas l'amour. Il se
masturbe dans l'autre. Ce dernier finira forcément par ne plus
supporter une telle manière d'être traité.
Une
erreur monumentale de plus consiste à croire que l’éjaculation est
synonyme de très grande jouissance masculine. C'est totalement faux. L’éjaculation est une chose, la jouissance masculine une autre
chose. L'éjaculation peut s'accompagner d'une très faible
jouissance, voire d'une douleur semblable à celle causée par la gonorrhée au moment de la miction. Je l'ai éprouvé moi-même.
Même
si le plaisir n'est pas au rendez-vous, l’accélération de la
respiration, son caractère plus profond, chez l'homme juste avant
puis pendant l'éjaculation, peut faire croire à une femme que
l'homme jouit. Elle peut ainsi se tromper parfaitement.
Ignorant le caractère mal-venu de ses masturbations intra-vaginales, un homme peut développer une addiction à celles-ci. Il harcèlera les femmes qu'il trouve attirante.
Ignorant le caractère mal-venu de ses masturbations intra-vaginales, un homme peut développer une addiction à celles-ci. Il harcèlera les femmes qu'il trouve attirante.
Un
élément d'erreur et de confusion majeure est représentée par
l'interprétation erronée et systématique de diverses réactions
génitales telle l'érection, et diverses secrétions concomitantes
chez l'homme ou la femme. On a décrété qu'elles exprimaient
forcément le désir, le besoin, de « faire l'amour ». Il
n'en est rien la plupart du temps.
Tout
un tas de préjugés erronés courent les rues : il faut « faire
l'amour » régulièrement et souvent, l'absence de cette activité est calamiteuse, on ne saurait s'en passer, ceux qui s'en
passent ont « des problèmes », sont « mal
baisés », doivent aller voir un « psy », sont des
homosexuels refoulés, des hétérosexuels refoulés, etc. La nudité
serait synonyme de « désir ». Dormir avec quelqu'un
implique de « faire l'amour » avec... Un ramassis
d'âneries est proféré ainsi un peu partout. Toutes vont dans le
même sens : il faut baiser, on doit baiser, c'est bien, très
bien, indispensable de baiser. Et si on n'en a pas envie, on doit
soigner sa « panne » de désir ou rencontrer « la
bonne personne » qui vous donnera envie. Ce ne sont plus des
relations humaines, mais de la mécanique.
Des
propos ânesques et annexes de ces âneries abondent. Par exemple :
faire l'amour est la plus agréable des activités, cela marque
l'attachement entre deux êtres. L'absence de cette activité est
signe de mésentente. Les couples heureux baisent souvent, etc. Ou
encore : la masturbation n'est pas une activité en soi mais le
remplacement de l'acte sexuel et l'équivalent d'un acte sexuel de
deuxième qualité.
Vers
le mois de mai 68 et après, la « liberté sexuelle »
consistait à prétendre à l'obligation de baiser. L'émancipation
féminine devait impliquer d'imiter le « modèle »
masculin. Que ce soit en tabagisme, alcoolisme ou « sexualité ».
Les anciennes soixante-huitardes n'ont toujours rien compris et
agrémentent leurs vieux jours d'exigences sexuelles qui me les font
fuir. Aujourd'hui les femmes et les hommes seuls sont légions et les
couples se défont tous les jours par centaines de mille. Et personne
ne fait le rapprochement avec la baise tout azimuthes qui va de pair
avec cette situation sentimentalement catastrophique. Il faut que
cesse cet enfumage du sexe produit de consommation. Le sexe n'est pas
un produit de consommation, pas plus que l'amitié ou la famille. Et
l'amour n'est pas une activité finalisée dans la baise. L’expression « faire l'amour » qui sous-entend ça est
une monstruosité.
Quand
on ne souhaite pas baiser, on n'est pas nécessairement un homosexuel ou
un hétérosexuel refoulé, un « asexuel » ou un individu dérangé.
On n'a pas besoin d'aller voir un « sexologue ». Qui
n'est le plus souvent qu'un charlatan intéressé. N'importe qui peut
s'affubler du titre de sexologue ou sexothérapeute. L'usage de ces
titres n'est pas réglementé en France.
Les
cavaleurs ne recherchent pas la jouissance physique mais la
jouissance morale de dominer leurs « conquêtes ». Ce
sont des malades. Les filles qui cherchent à séduire et partent
ensuite en courant et évitant le contact ne sont pas équilibrées
non plus.
La
prétention de « bien se connaître sexuellement » est
une farce inventée par des personnes qui ne comprennent rien à la
richesse, l'originalité, la complexité et la liberté de l'amour
véritable. On ne met pas la poésie ou le goût des tartes aux
pommes en équations. Trop de sexe théâtralisé tue la sensibilité
et l'amour. Chercher le plaisir pour le plaisir, détaché du reste,
est une conduite qui rejoint celle des Romains de la décadence. Qui
se faisaient vomir et buvaient du vinaigre pour manger sans freins
des mets sophistiqués.
Basile
philosophe naïf, Paris le 16 mai 2019
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