mardi 13 décembre 2016

707 Qu'est-ce donc que « la sexualité épanouie » ?

Un des objectifs que nous donnent aujourd'hui revues et sites Internet est de parvenir dans notre vie à une « sexualité épanouie ». De quoi s'agit-il donc ?

Ce serait « du concret », mettre le truc dans le machin, l'oiseau dans le nid, le train dans le tunnel, bref vulgairement parlant foutre ou baiser... Mais quand et comment parviendrions-nous à être épanouis en baisant ainsi ? Là commence l'énigme.

Être « sexuellement épanoui » ce serait baiser de manière satisfaisante, soit : régulièrement ? Souvent ? Beaucoup de fois ? Avec des partenaires multiples ? En faisant des choses compliquées ? En utilisant un partenaire ou plusieurs partenaires « de luxe », c'est-à-dire considérés comme « très beaux » ? Mystère. Et d'autant plus mystérieux qu'il est de règle de ne pas raconter publiquement sa vie « sexuelle ».

Et comment parviendrions-nous à l'épanouissement dans un domaine, le « sexe », alors que ce ne serait pendant ce temps-là pas le cas dans quantité d'autres domaines ? Ainsi, par exemple, nous passerions quarante-cinq heures par semaine à nous faire chier dans un boulot de merde, faire deux heures de transports par jour pour y aller et deux autres heures pour en revenir, et malgré tout ça nous serions « épanouis » dans notre « vie sexuelle » ! Quelle belle ânerie. C'est bien sûr impossible dans de telles conditions d'être « bien » dans un domaine ou un autre. Certes, il existe bien « les amours de vacances ». Mais si justement elles ne durent pas, c'est bien parce que les vacances elles aussi ne durent pas.

Alors d'où sort ce boniment débile sur « la sexualité épanouie » ? Il sort des discours des années 1960. On a commencé à se préoccuper de « notre vie sexuelle ». Au point qu'on a fini par proclamer l'épanouissement de celle-ci indispensable à notre « bonheur ». Mais de quelle façon procéder ?

La démarche masculine adulte dans le domaine sexuel repose sur la découverte puis la pratique régulière de la masturbation. En trente ans, un garçon qui se masturbe trois fois par jour se sera masturbé 32 557 fois ! La prétention à l'épanouissement sexuel humain prend pour guide la conduite masturbationnelle masculine adulte. L'homme va chercher à remplacer sa main par un orifice naturel ou plusieurs de son ou sa partenaire. Il s'attachera à celui-ci ou celle-ci à la manière du toxicomane qui s'accroche à sa dose. Ce n'est pas à l'autre qu'il va penser, mais au confort qu'il offre. Ce ne sera pas de l'amour, mais l'envie de profiter de l'autre, qui va le guider.

Se subordonnant à la démarche masturbationnelle masculine adulte, le discours moral dominant proclamera ceci : « Mesdames, acceptez sous certaines modalités de recevoir en vous le pénis en érection de votre compagnon. C'est l'amour, par là passe votre chemin de vie et votre épanouissement. » Quantité de femmes croiront ce discours.

Hier au nom des traditions, de la famille, la morale, on ordonnait aux filles d'obéir et accepter de subir les caprices sexuels des garçons. Aujourd'hui le discours a changé. Mais le but reste le même : faire que les filles se soumettent au dérangement sexuel masculin. Que les filles acceptent d'être utilisées comme objets masturbationnels par les garçons. Et ceux-ci doivent bander et être en forme. À force d'exiger d'eux l'excellence sexuelle, on arrive à angoisser tellement les garçons, qu'ils ne bandent plus. Et ne ressentent rien, ou pas grand chose ou même ont mal en éjaculant. Et que l'ennui s'invite dans les lits conjugaux. On dira que la situation s'est dégradée suite à « la routine ». Mais en fait c'est depuis le début que ça ne fonctionnait pas ou guère. La masturbation masculine adulte, même pratiquée dans le ventre d'une femme, n'est pas l'amour.

Basile, philosophe naïf, Paris le 13 décembre 2016

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