jeudi 29 octobre 2015

442 Terreur intérieure et frayeurs infantiles

Un des aspects les plus frappants et étranges de la terreur intérieure est l'arrêt du développement comportemental, qui se traduit par des frayeurs infantiles se manifestants chez des individus humains déjà grands. Je vais tâcher de préciser le sens de mon propos avec des exemples précis.

Il y a plus de trente ans j'ai connu une jeune fille fort sympathique. Je ne trouvais rien à lui reprocher en particulier. Cependant, un aspect de sa personne me frappait : elle travaille, a plus de vingt ans d'âge, a différentes activités, des amis intéressants, mais, quand je l'observe dans ses manières de faire dans la vie, j'ai l'impression d'avoir affaire à un être beaucoup plus jeune, immature... Son manque de sérieux me fait exactement penser au comportement d'une fille de treize ans.

Comme nous étions assez proches, cette amie finit un jour par me révéler qu'un proche l'a violé, quand elle avait... treize ans. Ça m'a fait réfléchir à propos de l'anomalie que j'avais relevé chez elle. Il me parut évident alors que son comportement venait de là. A l'époque je me suis dit : « son développement a été stoppé par cette agression et elle est restée dans sa tête une personne de treize ans. »

Bien plus tard, j'ai connu une jeune femme très sympathique et très joyeuse. Une vraie boute-en-train, sachant animer, communiquer... mais sans aimer trop persévérer dans ses activités. Un volcan de bonheur, mais limité dans son activité. Cette jeune femme m'a informé, quand je la connaissais déjà un peu, qu'elle avait été victime d'un viol en réunion quand elle était âgée de 17 ans. Quand j'y repense à présent, à la lumière de mes connaissances acquises, l'évidence s'impose. Cette jeune femme a le dynamisme, la fantaisie, le manque de sérieux qui peut parfaitement se rencontrer chez une très dynamique jeune fille de 17 ans.

Le choc a chaque fois, qui corresponds à la sortie de l'enfance prolongée, qui marque l'irruption de la terreur intérieure, cause l'interruption du développement comportemental de l'individu.

Mais, ces deux exemples sont loin d'être les seuls. On peut légitimement se poser la question à propos de n'importe quelle personne : « mais à quel âge l'irruption de la terreur intérieure a stoppé son développement comportemental ? »

Prenons un exemple célèbre : notre président de la République. Il a une très haute responsabilité, dispose de cent gardes du corps. Voilà qu'une nuit il part seul, incognito, en scooter, avec un unique garde du corps. Il va retrouver discrètement sa bonne amie. Ce secret est sensé l'abriter du regard jaloux de sa régulière. Il a donc peur de Valérie Trierweiler, alors qu'il a en charge la France entière.

Arrivé au domicile de sa bonne amie Julie, il congédie son garde du corps. Qui ne revient que le lendemain matin en apportant des croissants frais pour le réveil des deux amoureux.

Cette histoire, révélée par le magazine « Voici », a fait rire la planète entière. J'ai vu des Italiens que la politique n'intéresse que peu ou guère, rire en évoquant « le scooter ». Mais il y a plus grave :

Durant une nuit entière, quantité d'événements, même très graves, peuvent arriver. Si, pendant cette nuit-là, le président américain ou chinois voulait joindre d'urgence le président français, était-il joignable ? On me dira : « oui, il avait certainement avec lui son téléphone portable. » D'accord, mais avec cette accumulation d'imprudences, on peut ne pas être spécialement rassuré.

La question posée était : l'âge du développement comportemental du président. La réponse que l'on est tenté ici de donner, c'est 12 ans.

On me dira que je dis du mal du président. Pas du tout, si ça se trouve, le président d'un pays beaucoup plus puissant que la France a 8 ans d'âge de développement comportemental.

L'état du monde commence à s'expliquer. Et pourquoi il est déplorable. Autre élément plus simple encore à analyser : un jeune homme de 16 ans drague sa professeure de français et responsable du club de théâtre de son lycée confessionnel. Il persiste dans sa liaison et l'épouse par la suite. Il sera un jour ministre des finances du président de la France. Ce dernier développe une admiration inconditionnel pour ce ministre qui accumule les marques de soumission à l'ultra-libéralisme. La pauvreté galope en France. Le président a pour ce ministre les yeux de Chimène pour le Cid. Pourquoi cela se passe-t-il ainsi ? Rien de plus simple pour l'expliquer. Si on se dit que le ministre a 16 ans de développement comportemental, et le président 12. Un garçon de 12 ans admire un autre de 16. C'est quelque chose de courant. Mais, alors, quel âge est-ce que j'ai dans mon développement comportemental ? Je me suis posé la question. Et pense que mon développement comportemental s'est arrêté à 8 ans, environ. Quand j'ai connu un premier affrontement avec ma déesse-mère, ma mère. Cet arrêt explique aussi pourquoi les mathématiques et la musique n'ont jamais voulu par la suite entrer dans ma tête.

A présent que je démonte le mécanisme de blocage, mon développement comportemental se libère. J'ose parler de sujets que je n'allais pas évoquer avant. Je vais vers des personnes qui, auparavant, me faisaient inexplicablement peur et que j'évitais. Je vais faire des choses que je ne me permettais pas avant. Mais, si nous sommes tous plus ou moins stoppés dans notre développement comportemental par le choc de sortie de l'enfance prolongée, existe-t-il des personnes qui elles, ont continué leur développement comportemental ? Qui ont atteint 30, 40, 50 ans et plus ? Oui, certainement. Et par contraste on les appelle de grands sages.

Le choc de sortie de l'enfance prolongée est la clé d'explication d'innombrables phobies, peurs diverses et comportements irrationnels. Quantité de personnes vont se pourrir la vie par leur relation avec quelqu'un : collègue, parent, voisin. Celui-ci prendra une dimension dévastatrice dans leur vie. Comme de plus les sentiments sont contagieux, s'ils ont par exemple peur d'un voisin, le voisin commencera à avoir peur d'eux. Ce qui n'arrangera pas les choses. La source principale de nos ennuis se trouve le plus souvent en nous-mêmes. Et nous pouvons nous en débarrasser. Vivre mieux et plus agréablement. Pour aller bien, il ne faut pas tuer son voisin, mais tuer en nous la peur de son voisin. J'observais durant des années un monsieur qui passait son temps à s'accrocher violemment avec les promeneurs de chiens qui venaient laisser la crotte de leur compagnon dans la rue près de sa maison. Certes, le motif de disputes était justifié. Mais, à force de l'entendre, cet homme et aussi d'entendre ses interlocuteurs, j'ai fini par réaliser quelque chose. Ce n'était pas la crotte du chien le vrai motif de la dispute, mais l'envie de s'affronter verbalement. Cette lutte pour la propreté de la rue dissimulait en fait un malaise intérieur partagé. Ces promeneurs et celui qui les engueulait étaient mal dans leur peau. Et pourquoi donc ? A cause de leur terreur intérieure et de leurs frayeurs infantiles témoignant de leur immaturité partagée.

« Changer le monde » a dit quelqu'un un jour. D'accord, ce qui signifie d'abord se changer soi-même. Sinon le monde continuera à divaguer pris entre les récifs de la peur sur un océan d'incompréhension. Les Romains de jadis disaient, croyant expliquer le monde : « l'homme est un loup pour l'homme ». Il est infiniment plus juste de dire : « l'homme est un loup pour lui-même. Et il a intérêt à se débarrasser de son loup intérieur qui le rend agressif avec lui-même et les autres. » Je regardais une liste de personnalités politiques hier. Un certain nombre parmi elles ont prétendu rendre l'Humanité calme, pacifique et apaisée en tuant un tas de gens. C'est là une prétention vaine, stupide, risible, tragique et à rejeter. On ne bâtira pas la cité du bonheur sur une montagne de cadavres, mais d'abord en se débarrassant de nos illusions et égarements.

Basile, philosophe naïf, Paris le 29 octobre 2015

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