dimanche 4 octobre 2015

426 Merveilleuse solitude

La terreur intérieure fruit de la sortie de l'enfance prolongée a, entre autres conséquences fâcheuses, de rendre très souvent incapable de vivre et apprécier la solitude. Quelle chose merveilleuse que « la solitude »! Ne pas être préoccupé par les soucis envahissant des tiers ! Sans l'avoir choisi je ne suis à présent ni préoccupé par des parents âgés, ni par des enfants, ni par un boulet de jalousie et de prises de tête que sont très fréquemment les fiancés d'un sexe ou d'un autre. Quel plaisir d'être libre de choisir comment occuper son temps quand on est libre et que n'existent pas de contraintes ! Se lever ou se coucher quand on en a envie. Manger à n'importe quelle heure... Tandis que si on vit avec quelqu'un, il va venir bousculer vos habitudes d'une manière ou une autre. Soit il cherche à vous imposer sa volonté. Soit il vous culpabilise de ne pas le laisser libre. Car il ou elle se conforme à vos habitudes. Et quel embarras que « la sexualité » à deux ! Ou bien l'autre ne veut jamais. Ou bien il veut trop souvent... Il faudrait qu'il ait envie quand vous avez envie. C'est parfaitement possible, ça s'appelle le plaisir solitaire. Là, on est d'accord avec soi-même. Et on peut après passer à autre chose. C'est aussi la liberté. A deux, c'est mieux me direz-vous ? Vous voulez rire ! Regardez la tête des amants qui vivent ensemble ! Bien des fois ils paraissent très loin d'être joyeux !

Mais, choisir de vivre seul, c'est égoïste ! Et alors, où est le problème ? C'est « individualiste ». Même chose. Chier est individualiste. Pisser est individualiste. Se branler est individualiste. Et dormir ou bouquiner ne pourrait pas l'être ? Et pourquoi donc ? Dormir seul est une activité des plus agréables. Lire seul aussi. Marcher seul dans la campagne aussi. Ne rien faire seul chez soi aussi. Ceux qui cherchent à tous prix à partager leur vie avec quelqu'un me font penser bien souvent à des êtres valides des deux jambes qui cherchent à tous pris des béquilles pour marcher. Je connais deux jeunes femmes charmantes qui cherchent avec fureur à rencontrer l'amour. Tout irait bien dans leur vie si n'était cette quête stupide à laquelle elles se consacrent. L'une couche avec un tas de très beaux garçons, qui ne la respectent pas et ne veulent pas, comme on dit, « s'engager ». L'autre flaire le sentiment passionnel. Le rencontre des fois, avec des salauds ordinaires. A chaque fois, c'est la même chanson. De ces deux jolies femmes le corps, le vagin, l'anus, la bouche, servent de vide-couilles. Et après ? Après, quand il s'agit d'amour, enfants, vie à deux, le vide-couillés prend la fuite.

La base de la recherche frénétique de l'autre, c'est la peur. Et la peur est toujours mauvaise conseillère. D'autant plus que le mensonge règne. Car, avec la peur, les humains à l'écoute de leur terreur intérieure qu'ils croient extérieure sont amenés à mentir extrêmement souvent. Au point qu'on n'a plus guère confiance dans la sincérité des propos entendus, attitudes ou réactions rencontrées. Une amie devait m'inviter chez elle. Quand je parle de fixer le jour, elle commence par me dire : « je n'ai rien contre le fait que tu viennes ». Puis évoque de vagues excuses pour remettre son invitation à une date indéterminée. Si la confiance régnerait, ce ne serait pas un motif de doute. Là, la réaction rencontrée me fait tout de suite me demander si mon invitation n'est pas remise pour toujours à demain et le lendemain à demain encore. C'est-à-dire qu'elle est annulée. Je préférerais la sincérité. Mais elle est bien rare. On a fait de « menteur » une insulte majeure. Alors que la très grande majorité des humains ment sans arrêts, car elle a peur de sa propre ombre.

On a inventé un système sémantique où certains épithètes utilisés signifient l'arrêt de tous dialogues possible. Celui qu'on a qualifié ainsi est en quelque sorte un diable. Jadis, par exemple, on usait de termes comme « hérétiques », « infidèles », « relaps ». Bien plus tard, l'appartenance à une famille politique honni suffit pour interrompre ou refuser tous dialogues. Car celui qui a été défini comme appartenant à telle famille politique cesse d'être un humain. En principe, on ne doit même plus lui adresser la parole. Le recevoir chez soi, en faire un ami, encore moins. Le qualificatif disqualifiant peut aussi avoir une connotation sexuelle comme : « pute » ou « travelo ». Ces qualificatifs tirent leur force de leur fusion avec notre terreur intérieure fruit de la sortie de notre enfance prolongée.

Basile, philosophe naïf, Paris le 4 octobre 2015

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