mardi 23 juin 2015

395 Les deux erreurs en amour

Schématiquement, notre monde est l'expression de la combinaison de deux forces opposées, complémentaires, symétriques et dynamiques. Cette combinaison peut être symbolisée par le Yin-Yang chinois. Appréhender cette réalité nécessite de s'abstraire de la rigide pensée logique d'Aristote : « c'est ça ou ça ». Non, « c'est ça et ça », « ce n'est pas ça et ce n'est pas ça », « c'est ça et son contraire simultanément ». La vie est une création permanente. Ou une recréation permanente où on peut avoir du mal à discerner d'emblée la combinaison des deux forces. Pour simplifier à l'extrême, j'appellerais ici ces deux forces : « le matériel » et « le spirituel ».

Quand il y a excès de l'une ou de l'autre, ça ne va pas. Il faut qu'elles s'équilibrent et se déséquilibrent en permanence pour avancer. Exactement comme dans la marche, où on n'arrête pas de tomber d'un pied sur l'autre tout en restant debout.

L'excès du matériel en amour engendre des obsessions « physiques ». Le plus souvent l'homme est obsédé par l'idée d'obtenir des gains « physiques ». Faire l'amour voire sodomiser, embrasser sur la bouche en mettant la langue, toucher les seins, les fesses de la femme. Ces obsessions qui font fi de l'harmonie de la relation figent celle-ci, la rend désagréable, pauvre et vide.

Quand l'intention physique est « réalisée », l'insatisfaction perdure alors. Ce qui fait qu'on cherchera à la compenser avec d'autres éléments « physiques ».

Ça pourra être le nombre, la jeunesse des partenaires. Ou des idées plus naïves, odieuses et stupides, comme par exemple : ayant couché avec la mère chercher absolument à violer sa fille.

L'excès de spirituel conduit aussi à des drames et désagréments. On va idolâtrer l'autre, s'en gargariser. Tout lui donner au sens propre du terme. Se faire dévaliser, vider, cambrioler. Et jeter finalement ensuite.

L'excès de matériel conduit à des recherches substitutives. On cherchera la gloire, le pouvoir, l'argent, avec les conséquences calamiteuses que ça entraîne pour soi-même et les autres. L'excès de spirituel amène à conforter des mythes délirants qui conditionnent l'acceptation de situations absurdes et invivables. Exemple : on fera l'amour et on n'y trouvera pas d'intérêt. Au lieu de cesser, on se dira : « oui, mais à force ça s'arrangera » ou bien encore : « c'est parce que je n'ai pas trouvé la bonne personne ». Si on s'ennuie avec quelqu'un on se dira : « je ne vais pas le quitter, car nous formons un couple. » Si l'autre vous pourrit la vie avec sa jalousie : « c'est normal d'être jaloux. » Est-ce pourtant normal d'accepter des choses insupportables ?

Il faut se détourner de l'excès de cul comme de l'excès de sentimentalisme. La vie est une création permanente. Et ne doit pas être une souffrance permanente. Ceux qui s'appliquent à se rendre malheureux et rendre malheureux les autres sont à fuir.

Pour trouver ce qui nous convient et rejeter ce qui ne nous convient pas, il est essentiel de savoir dire non. Et savoir interroger franchement l'autre pour savoir ce qu'il veut. Ou pour qu'il nous dise au moins ce qu'il prétend vouloir, s'il ment.

L'amour n'est rien. La relation est tout. C'est le terreau dans lequel s'enracine l'amour éventuel. Il n'y a pas d'amour sans relation. En revanche, une relation sans amour est possible. Les femmes croient parfois que pour rencontrer un homme il leur faut s'adapter à ses désirs proclamés. C'est faux. Il faut qu'elles soient elles-mêmes. Et tant pis pour les hommes s'ils n'osent pas, n'arrivent pas à les aimer.

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 juin 2015

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