samedi 6 juin 2015

386 Une société gymnophobe, vaginolâtre et hellenicide

Il fait très chaud hier à Paris. Je suis seul nu chez moi et vaque à des occupations diverses : écrire, lire, téléphoner, ranger, faire la cuisine, manger. Voilà que je dois sortir poster un courrier urgent et important. Je dois m'habiller pour aller jusqu'à la poste voisine. Je regarde les gens qui passent dans la rue. Ils portent tous des vêtements, pourquoi faire ? Ça ne sert à rien. C'est même malsain.

Ah oui, c'est pour la « pudeur » me direz-vous ? Mais, qu'est-ce que c'est cette fameuse « pudeur » ? Si on est nu, ce serait soi-disant « sexuel » ? Ce qui signifie que la nudité commanderait aux hommes de se précipiter sur le vagin des femmes pour les baiser... C'est quoi ce délire ?

Notre société est gymnophobe et vaginolâtre. La gymnité signifie le fait d'être nu. La gymnastique porte ce nom parce que, à l'origine, elle se pratiquait nu. La gymnophobie c'est l'horreur de la nudité. Notre société a horreur de la nudité. Elle est folle. Elle est malade. Elle vomit la nudité, notre état naturel et bienvenu quand il fait chaud, au nom de l'obligation de sauter sur le vagin des dames et jeunes filles si nous les hommes sommes nus. Quelle connerie ! Cette idolâtrie du vagin, c'est la vaginolâtrie. Quand, il y a plus d'un an, j'ai commencé à vivre nu chez moi quand je suis seul, je trouvais ça très agréable. Mais, en même temps, j'avais l'impression de ne pas être libre. De devoir rester enfermé chez moi. Et subir la brimade de devoir m'habiller pour sortir. A présent, c'est différent. Je me sens libre. Ce sont les autres, dehors, qui m'apparaissent enfermés et malheureux dans une société délirante.

Dire que chez les Allemands, qu'il est très à la mode de critiquer en France en ce moment, dans les grands parcs de Munich ou Berlin on est libre de se dessaper entièrement. Pas si cons que ça, les Allemands ! Et chez les Français ? L'arrestation, l'amende, la prison, pour « exhibition » !

Au Québec existe le délit d'« exposition des organes génitaux ». On n'est pas nu, on « expose »...

Il y a certainement en Allemagne plein de choses moches comme il y en a aussi chez nous. Mais, aujourd'hui où il fait encore, comme hier, bien chaud à Paris, j'aimerais bien aller me promener, à poil, bien sûr, dans les rues de Paris. Et que tout le monde fasse pareil. Se respectant les uns les autres et se promenant en souriant et chantant...

Mais, notre société est tellement morale ! Tout le monde est habillé dans la rue. Et, chez soi, chacun peut regarder des vidéos pornographiques sur Internet où on voit des jeunes filles se faire battre et violer. Ce sont des « actrices » de plus de 18 ans qui « jouent » les filles violées. Tout est en règle.

L'hypocrisie et l'ordre règne, et le massacre des Hellènes, l'Hellenicide continue :.

Les créanciers de la Grèce exigent à présent en échange de prêts d'argent que les retraites soient amputées de l'EKAS, une allocation mensuelle de 40 à 260 euros versée aux retraités grecs les moins fortunés. 48 % de ceux-ci touchent moins de 300 euros par mois. Et que la TVA fasse augmenter les prix des aliments, médicaments et de l'électricité de 10 %. Alors que 300 000 foyers grecs sont déjà privés d'électricité pour ne pas avoir pu régler leurs factures. La mortalité infantile depuis 2010 a augmenté en Grèce de 40 %. Il y a eu 4000 suicides, dont probablement des centaines de retraités poussés dans la misère par l'austérité. Comme Dimitris Christoulas qui s'est suicidé devant le parlement grec place Syntagma. Aujourd'hui, Juncker a refusé de prendre Tsipras au téléphone. Juncker veut que la Grèce se soumette. Elle résiste. Il n'est pas content. L'Europe donne l'impression d'être dirigée par des machines à calculer. Quand on sait qu'on dépend de ces machines à calculer pour beaucoup de choses, ça n'est pas très rassurant.

Basile, philosophe naïf, Paris le 6 juin 2015

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