samedi 24 août 2013

143 Prendre quelqu'un sur ses genoux

Prétendre établir une frontière « sexuelle » dans la vie courante. Entre ce qui relève de « la vie » en général et du « sexe » en particulier, frontière correspondant au sevrage tactile universel. C'est un phénomène qui s'observe dans les gestes les plus anodins. Ainsi, prendre quelqu'un sur ses genoux.

S'il s'agit d'une petite fille ou un petit garçon, ce n'est pas « sexe ». En revanche, dès qu'il s'agit d'un jeune homme ou une jeune fille, ça n'est plus la même chose. Ce geste étant d'ailleurs jugé ridicule si c'est la jeune fille qui prend le jeune homme sur ses genoux. Il s'agit donc d'un geste « sexuel » à caractère dominateur. Celui qui prend l'autre sur ses genoux le domine. Et il appartient, dans nos innommables traditions machistes que le garçon domine la fille. De même que dans le discours hypocrite de la société « la femme est l'égal de l'homme » et non « l'homme est l'égal de la femme ». Ce genre de préséance révélant bien les fondements sexistes et machistes de notre société.

Dans un reportage télévisé, une dame qui élevait une trentaine de chats disait au reporter : « vous ne voulez quand-même pas que je prenne mon fils de 15 ans sur mes genoux ! » Sous-entendu : ça ne se fait pas. C'est pourquoi j'ai plein de chats à la maison. Eux, je peux les prendre sur les genoux.

Une amie me disait qu'arrivée à l'âge de 14 ans elle continuait à s'asseoir sur les genoux de son très gentil papa. Et elle surprit un jour une engueulade de sa très gentille maman à son très gentil papa lui signifiant qu'il n'avait plus à accepter de prendre leur fille sur ses genoux. Car c'était à présent une jeune fille... Donc, c'était « sexe ». Et il ne devait pas le faire.

Un jour, j'ai vu une scène cocasse : un père de famille dont la très jeune fille de 13 ans s'asseyait sur ses genoux. Le pauvre était comme paralysé et n'osait pas la toucher avec ses mains ! Il était débordé, par quoi ? Par la tendresse de sa fille que son éducation interdisait à présent de toucher.

L'interprétation culturelle stupide de certaines réactions physiologiques tout à fait innocentes et courantes vient ajouter à la confusion. Elle se retrouve dans une anecdote concernant un célèbre pédagogue polonais : Janusz Korcjack. Une ancienne pensionnaire de son orphelinat avec deux amies aussi ex pensionnaires retrouvent un jour Korcjack après quelques années. Elles ont 13 ans et lui font des câlins. Et son très déçues et choquées par l'accueil glacé qu'il leur réserve.

En fait, il faut savoir que le simple plaisir peut provoquer des réactions génitales. Chez l'homme : sensations agréables au niveau génital, avec éventuelles émissions des glandes de Cowper, érections plus ou moins marquées. Les imbéciles tenants de la sinistre « pensée unique » en concluent qu'il a envie de « faire l'amour ». Que c'est bien de le faire. Qu'il faut le faire... C'est faux. Le seul plaisir amène ces réactions. L'envie, elle, se manifeste par l'envie et non l'observation de son zizi et les conclusions intellectuelles qu'il faudrait soi disant en tirer. Comme si on devait obéir à son zizi ! C'est absolument stupide et risible. Korcjack avait certainement grand plaisir à revoir ces très jeunes filles. Mais il était victime de son éducation. Comme le papa paralysé avec sa fille sur les genoux. Si ça se trouve il sentait chez lui d'agréables réactions génitales qui le terrorisaient. Alors qu'il aurait du se dire : « c'est normal, ce n'est rien. » Et quand bien-même il aurait vraiment eu envie de « faire l'amour » il pouvait très bien ne pas suivre ce désir contraire à son éducation.

Une jeune femme très impressionnable et au franc parlé me disait un jour : « j'espère que tu n'as pas d'érection au contact de ma fille ! » Je n'en avais pas. Le « contact » en question se résumant à faire la bise à sa très jeune fille pubère. Mais quand bien-même aurais-je eu une telle réaction, je n'avais nullement à m'y « conformer » pour suivre les schémas imbéciles dominants de la société. De ces pensées je n'ai pas soufflé mot à la maman inquiète que ça n'aurait pas rassuré. J'ai juste dit non.

Basile, philosophe naïf, Paris le 24 août 2013

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