Paris, sans son Café de la Paix
Impensable !!!
La grande avenue
Qui va de l'arc à l'obélisque,
Avec un tas de touristes
Et de lampadaires,
Sans ses touristes
Et ses lampadaires,
Ni son Fouquet's, ni son drugstore,
Ni son défilé du quatorze juillet,
Ni ses calèches attelées de chevaux,
Incroyable !!!
Le carrefour Vavin
Sans son Dôme, sa Coupole et sa Rotonde
Et leur animation féconde,
Carrefour bonheur de vieilles dames riches
Et de leurs pygmalions désargentés,
Ce carrefour sans tout ça...
Invraisemblable !!!
Saint-Germain-des-Prés
Sans sa Brasserie Lipp, son Café de Flore, ses Deux Magots,
Paris sans le Pied de Cochon, la Brasserie Alsacienne,
La Taverne Kronenbourg, publicités gratuites
De quelqu'un que ses ressources limitées
Ont amené il y a quelques années
A fréquenter le restaurant charitable
De monsieur ou madame la maire,
Autrement dit : la soupe populaire.
Paris sans l'antique Brébant,
Sur les Grands Boulevards,
Dont les festins servis
Durant le siège de Paris,
Par les Prussiens,
Valurent à son cuisinier
Une médaille commémorative
Offerte par les habitués.
Paris sans la brasserie « A la Une »
Près de la Bourse,
Où je tenais
Au début des années quatre-vingt-dix,
Mes premières réunions
Pour la renaissance
Du Carnaval de Paris,
Paris sans le Train Bleu,
Paris
sans les deux cafés voisins
Où s'est réuni
La Goguette des Machins Chouettes,
Le café face à la Gare du Nord
Où fut fondé
La Compagnie Carnavalière
Des Fumantes de Pantruche.
Le restaurant « Au Petit Bonheur »
Où elle se réuni et chanta
Avec moi, plus d'une fois.
Paris sans Le Café du Croissant,
Où coula le sang,
Quand un assassin,
Le bien nommé Villain,
Assassina un grand tribun
Qui venait de commander
Et mangeait
Une tarte aux fraises,
Avant de faire un discours
Pour empêcher la guerre,
La place Denfert sans son lion belfortain en cuivre
Ce qui l'a sauvé de la fonte
Sous l'Occupation,
Paris sans la rumeur
Et l'animation
De ses terrasses de cafés,
Le soir après le turbin, le boulot pas rigolo,
La fête à bras, l'esclavage, le chagrin.
Paris sans ses cafés, ses restaurants, ses cinémas,
Paris sans tout ça,
Perd sa grâce et sa beauté, sa vie n'est plus là,
Paris n'est plus Paris, la fête est finie,
La vie n'est plus là,
Ni les touristes, pleurent les hôtels et les taxis.
Paris dépourvu ainsi,
C'est comme un sandwich jambon beurre
Sans beurre, sans jambon
Et sans pain.
C'est Paris devenu une sirène
Sans beauté, ni séduction,
Un satyre devenu chaste ermite,
Un apéro alcoolo avec de l'eau,
Un quai de Seine
Sans bouquinistes,
C'est un Mike Tyson sans pectoraux,
Un touriste japonais sans appareil-photo,
Une France sans fromages,
Un grand couturier sans élégance,
Un couteau suisse sans lames,
Une enfance sans contines ni chansons,
Un chat qui n'aime pas le poisson,
Un supporter du Paris-Saint-Germain
Qui applaudit les buts marqués par l'OM,
Un supporter de l'OM
Qui fait réciproquement
La même chose,
Un financier milliardaire
Philanthrope et désintéressé,
Un hiver sur l'Annapurna
Sans neige, ni sherpas,
Un séducteur sincère et désintéressé
Qui ne ment jamais,
Une tragédie de Racine
Sans larmes,
Une rage de dents
Douce et agréable,
Un orage sans tonnerre,
Un triomphe sans applaudissements,
Un été sans soleil,
Un hiver sans printemps,
La coupole de l'Institut
Sans ses académiciens immortels
Et son secrétaire perpétuel,
L'Académie de médecine sans médecins
Ni chirurgiens,
La médaille Field
Attribuée à un bambin,
Une musique klezmer brillante
Sans sa clarinette larmoyante,
Une fanfare militaire
Sans sa caisse claire,
Un violoniste tzigane
Sans son violon,
Une reine d'Angleterre
Sans sa couronne
Et ses chiens,
Paris sans le roi Momo, sa famille
Et son kebab de la rue Pernety,
Et tous les restos
Ambassades du monde entier,
Et dix mille autres lieux
De nourriture, de boissons et de plaisir,
Paris qui respire la cuisine
Et le cinéma,
Redevient Paris
Quand ses cinémas, ses restaurants,
Ses cafés sont à nouveau là.
Employés des cinémas, travailleurs des bars, cafés et restaurants
Je vous aime !
La vie de Paris n'est plus là
Quand vous ne travaillez pas !
Une place au cinéma,
Et un café-crême,
La vie est ici !
Paris vous aime,
Vous êtes Paris !
Montparnasse sans cinés,
Sans le Pathé-Gaumont,
L'UGC Montparnasse,
Les 7 Parnassiens, le Miramar,
Quelle désolation,
Quel cauchemar !
Vous qui nourrissez nos estomacs
Et nos âmes, nous régalez et nous désaltérez,
Vous nous faites la vie douce,
Sans vous quelle tristesse,
Quelle misère !
Avec vous, grâce à vous,
La vie a du goût,
Et avec nos amoureuses,
Nous vous rendons grâce
Et rendons visite.
Ça c'est Paris
Tel qu'il est toujours dans notre cœur.
Par votre labeur
Vous faites notre bonheur !
Hep garçon !
S'il vous plaît l'addition,
Votre croque-monsieur
Était délicieux,
Demain,
J'en reprendrai un !
Miam ! Miâm !
C'est Paris !!!
Basile philosophe naïf
Paris, le 22 mai 2021
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