dimanche 23 mai 2021

1475 Paris redevient Paris

Paris, sans son Café de la Paix

Impensable !!!

La grande avenue

Qui va de l'arc à l'obélisque,

Avec un tas de touristes

Et de lampadaires,

Sans ses touristes

Et ses lampadaires,

Ni son Fouquet's, ni son drugstore,

Ni son défilé du quatorze juillet,

Ni ses calèches attelées de chevaux,

Incroyable !!!

Le carrefour Vavin

Sans son Dôme, sa Coupole et sa Rotonde

Et leur animation féconde,

Carrefour bonheur de vieilles dames riches

Et de leurs pygmalions désargentés,

Ce carrefour sans tout ça...

Invraisemblable !!!

Saint-Germain-des-Prés

Sans sa Brasserie Lipp, son Café de Flore, ses Deux Magots,

Paris sans le Pied de Cochon, la Brasserie Alsacienne,

La Taverne Kronenbourg, publicités gratuites

De quelqu'un que ses ressources limitées

Ont amené il y a quelques années

A fréquenter le restaurant charitable

De monsieur ou madame la maire,

Autrement dit : la soupe populaire.

Paris sans l'antique Brébant,

Sur les Grands Boulevards,

Dont les festins servis

Durant le siège de Paris,

Par les Prussiens,

Valurent à son cuisinier

Une médaille commémorative

Offerte par les habitués.

Paris sans la brasserie « A la Une »

Près de la Bourse,

Où je tenais

Au début des années quatre-vingt-dix,

Mes premières réunions

Pour la renaissance

Du Carnaval de Paris,

Paris sans le Train Bleu,

Paris sans les deux cafés voisins

Où s'est réuni

La Goguette des Machins Chouettes,

Le café face à la Gare du Nord

Où fut fondé

La Compagnie Carnavalière

Des Fumantes de Pantruche.

Le restaurant « Au Petit Bonheur »

Où elle se réuni et chanta

Avec moi, plus d'une fois.

Paris sans Le Café du Croissant,

Où coula le sang,

Quand un assassin,

Le bien nommé Villain,

Assassina un grand tribun

Qui venait de commander

Et mangeait

Une tarte aux fraises,

Avant de faire un discours

Pour empêcher la guerre,

La place Denfert sans son lion belfortain en cuivre

Ce qui l'a sauvé de la fonte

Sous l'Occupation,

Paris sans la rumeur

Et l'animation

De ses terrasses de cafés,

Le soir après le turbin, le boulot pas rigolo,

La fête à bras, l'esclavage, le chagrin.

Paris sans ses cafés, ses restaurants, ses cinémas,

Paris sans tout ça,

Perd sa grâce et sa beauté, sa vie n'est plus là,

Paris n'est plus Paris, la fête est finie,

La vie n'est plus là,

Ni les touristes, pleurent les hôtels et les taxis.

Paris dépourvu ainsi,

C'est comme un sandwich jambon beurre

Sans beurre, sans jambon

Et sans pain.

C'est Paris devenu une sirène

Sans beauté, ni séduction,

Un satyre devenu chaste ermite,

Un apéro alcoolo avec de l'eau,

Un quai de Seine

Sans bouquinistes,

C'est un Mike Tyson sans pectoraux,

Un touriste japonais sans appareil-photo,

Une France sans fromages,

Un grand couturier sans élégance,

Un couteau suisse sans lames,

Une enfance sans contines ni chansons,

Un chat qui n'aime pas le poisson,

Un supporter du Paris-Saint-Germain

Qui applaudit les buts marqués par l'OM,

Un supporter de l'OM

Qui fait réciproquement

La même chose,

Un financier milliardaire

Philanthrope et désintéressé,

Un hiver sur l'Annapurna

Sans neige, ni sherpas,

Un séducteur sincère et désintéressé

Qui ne ment jamais,

Une tragédie de Racine

Sans larmes,

Une rage de dents

Douce et agréable,

Un orage sans tonnerre,

Un triomphe sans applaudissements,

Un été sans soleil,

Un hiver sans printemps,

La coupole de l'Institut

Sans ses académiciens immortels

Et son secrétaire perpétuel,

L'Académie de médecine sans médecins

Ni chirurgiens,

La médaille Field

Attribuée à un bambin,

Une musique klezmer brillante

Sans sa clarinette larmoyante,

Une fanfare militaire

Sans sa caisse claire,

Un violoniste tzigane

Sans son violon,

Une reine d'Angleterre

Sans sa couronne

Et ses chiens,

Paris sans le roi Momo, sa famille

Et son kebab de la rue Pernety,

Et tous les restos

Ambassades du monde entier,

Et dix mille autres lieux

De nourriture, de boissons et de plaisir,

Paris qui respire la cuisine

Et le cinéma,

Redevient Paris

Quand ses cinémas, ses restaurants,

Ses cafés sont à nouveau là.

Employés des cinémas, travailleurs des bars, cafés et restaurants

Je vous aime !

La vie de Paris n'est plus là

Quand vous ne travaillez pas !

Une place au cinéma,

Et un café-crême,

La vie est ici !

Paris vous aime,

Vous êtes Paris !

Montparnasse sans cinés,

Sans le Pathé-Gaumont,

L'UGC Montparnasse,

Les 7 Parnassiens, le Miramar,

Quelle désolation,

Quel cauchemar !

Vous qui nourrissez nos estomacs

Et nos âmes, nous régalez et nous désaltérez,

Vous nous faites la vie douce,

Sans vous quelle tristesse,

Quelle misère !

Avec vous, grâce à vous,

La vie a du goût,

Et avec nos amoureuses,

Nous vous rendons grâce

Et rendons visite.

Ça c'est Paris

Tel qu'il est toujours dans notre cœur.

Par votre labeur

Vous faites notre bonheur !

Hep garçon !

S'il vous plaît l'addition,

Votre croque-monsieur

Était délicieux,

Demain,

J'en reprendrai un !

Miam ! Miâm !

C'est Paris !!!


Basile philosophe naïf

Paris, le 22 mai 2021

 

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