Le passé pèse de tout
son poids sur le présent. Durant des millénaires la femme a été
considérée par la plupart des hommes et encore aujourd'hui pour
beaucoup d'entre eux comme un meuble, pas un être humain. Un meuble
par vocation devant être possédé par un ou plusieurs hommes. Cette
« possession » imaginaire se matérialisant par
l'engagement du pénis du prétendu propriétaire dans le vagin de la
prétendue propriété. Le terme « vagin » imaginé au
XVIIème siècle par un homme, comme le mot « con »
d'origine antique, sont dérivés de mots désignant un étui d'arme
blanche.
Tout autour de cet acte
de « possession » a été imaginé une mythologie et une
terminologie dérivées. L'homme obtiendrait en agissant ainsi un
plaisir automatique et inouï. S'il ne parvient pas à bander il
serait « impuissant », c'est-à-dire faible. S'il est
courageux « il a des couilles » ou « il en a ».
Sous-entendu que la femme n'ayant pas lesdites choses est par
définition incapable d'être courageuse. Et à l'homme il suffit
d'avoir lesdites choses au bas du ventre pour être un héros. Le
comique de l'affaire est que dans une bagarre, lesdites choses visées
par un coup sont plutôt au désavantage de l'homme qu'elles
rendraient prétendument héros.
Conditionnés par la
culture dominante, la plupart des hommes sont obsédés par la
recherche de l'acte. Le réaliser n'est-ce pas « posséder »
l'autre ? « Prendre » l'autre ? Mais qu'en
pense l'autre ?
Sujet d'énervement et de
peur pour le gibier féminin ainsi désigné, l'obnubilation de la
plupart des hommes pour l'acte est aussi pour un certain nombre de
femmes un moyen de pouvoir sur les hommes qui les poursuivent. Elles
pratiqueront le chantage à l'acte. Il peut suivre trois manières de
faire : sois sage et tu auras peut-être ce que tu recherche.
Sois sage sinon tu pourrais perdre ce que tu as (la voie ouverte vers
la réalisation de l'acte). Et enfin, le pire sans doute : sois
sage et tu retrouveras peut-être ce que tu avais et a perdu. Dans ce
dernier cas on retrouve des hommes doux et pacifiques qui se sont
fait piéger. Durant un temps ils ont pu rêver en ayant
l'autorisation de faire l'acte. Puis on a fermé le magasin en
promettant de le rouvrir peut-être un jour.
Quand j'étais
conditionné comme l'essentiel du troupeau masculin, j'ai eu droit,
comme d'autres, à ce type de piégeage. Un homme que j’ai connu me
racontait comment il passait de longs moments la nuit à observer
avec désespoir sa femme inaccessible qui dormait du sommeil du
juste. Et il n'y comprenait rien. Son calvaire s'acheva le jour où
sa femme décida de se débarrasser de lui et divorça. En
l’occurrence c'est lui qui avait servi à son épouse de meuble
durant plusieurs années. Les hommes qui connaissent ce sort sont
nombreux et en parlent peu ou guère.
Seuls deux catégories
d'hommes ne craignent pas le chantage à l'acte : les brutes et
les sages. Les brutes ne tiennent pas compte de l'avis négatif de
l'autre et se servent de force. Les sages, qui sont rares, ont
renoncé à exiger quoi que ce soit. Car ils savent que tout ce qui
relève du mythe de la possession est nul et ne corresponds pas plus
à la réalité de la femme qu'à celle de l'homme. La mythologie de
la possession n'apporte rien de juste et positif.
Ce qui est drôle, c'est qu'une femme habituée à pratiquer le chantage à l'acte se retrouve totalement déboussolée quand elle rencontre un sage. Elle qui est si fière de pouvoir dire « non » à l'autre et le manipuler, se retrouve à n'avoir rien à dire. Il ne lui reste plus qu'à prendre la fuite.
Tout ce théâtre
répétitif et de mauvaise et médiocre qualité prendra sans doute
fin un jour. Pour l'instant il n'a pas l'air d'en prendre le chemin.
Il ne reste plus au sage qu'à rire, observer et se détendre en
s'occupant d'autre chose que de se mêler à ces gesticulations
superficielles de ses frères et sœurs humains. Ils sont comme des
petits enfants mais ils sont grands et se croient adultes.
Basile philosophe naïf,
Paris le 25 août 2018
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