lundi 28 novembre 2016

694 Se laver les mains

Durant de nombreux siècles, dans tous les milieux sociaux, aussi bien riches que pauvres, un mal terrible sévissait. Peu après avoir donné la naissance à un enfant, beaucoup de femmes « mouraient en couches ». Elles étaient prises d'une forte fièvre et plus aucun secours ne parvenait ensuite à les sauver. Les médecins avaient baptisé cette affection : fièvre puerpérale. Autant dire qu'ils n'avaient rien trouvé ou expliqué, car « fièvre puerpérale » signifie simplement « fièvre des accouchées » traduit en jargon savant.

Au 19ème siècle un jeune médecin hongrois vivant à Vienne et nommé Semmelweis proposa un moyen préventif contre ce mal terrible : se laver les mains avant d'approcher les accouchées. Il avait réalisé que dans l'hôpital où il travaillait existaient deux salles où se retrouvaient les accouchées. Et que dans l'une le mal sévissait et dans l'autre non. Dans la première venaient les médecins et dans la seconde uniquement les sages-femmes. Quelle différence explicative ? Les sages-femmes avant d'approcher les accouchées se lavaient soigneusement les mains avec de l'eau phéniquée, une eau additionné d'un désinfectant. Les médecins ne se lavaient pas les mains.

Semmelweis ne fut pas écouté. Pourtant il avait raison. Sa solution à un mal terrible était très simple. Je pense à lui quand je vois le problème de l'amour dans notre société. L'amour est bien malade et les malheurs abondent dans le champ relationnel amoureux, y compris de nombreux suicides et conduites à risques.

Pour mettre un terme à cette situation générale calamiteuse je préconise une solution aussi simple que se laver les mains : tout simplement renoncer radicalement à chercher intellectuellement l'acte sexuel, c'est-à-dire s'imaginer qu'on peut le décider. Ou il existe un désir authentique et véritable, qui est un sentiment très particulier semblable exactement à une faim ou une soif précise de l'acte. Et dans ce cas l'acte sexuel est possible. Ou ce désir authentique et véritable est absent, seul la possibilité « technique » d'imiter l'acte sexuel existe. Dans ce dernier cas il faut absolument l'éviter. Et si on l'évite, le champ relationnel amoureux s'apaise, se pacifie et tout l'amour possible est possible, sans comprendre nécessairement l'acte sexuel.

Le choix de cette démarche est aussi simple que choisir ou non de se laver les mains. Et l'enjeu est immense.

La quasi totalité des hommes vit le sexe comme une toxicomanie, avec des comportements types de toxicomanes. Ils commencent à pratiquer la masturbation adulte, c'est-à-dire avec éjaculation, vers l'âge de 12, 13 ou 14 ans. Ils continueront tout le long de leur vie. Et vivront le sentiment ressenti lors de leur éjaculation à la manière du shoot du drogué. Ce comportement les rendra fréquemment difficile à convaincre d'être raisonnable avec les personnes qu'ils envisagent comme éventuels « partenaires sexuels ». Ils voudront à tous prix se branler dedans et les harcèleront. S'ils voudront retrouver la paix et connaître le possible de l'amour ils devront renoncer à cette toxicomanie.

Quand on observe le comportement sexuel de nombre d'hommes on dirait que nous avons affaire à des petits garçons capricieux et immatures. En fait nous avons affaire à de très ordinaires drogués aux endorphines éjaculatoires. C'est pourquoi il peut paraître très difficile de leur faire abandonner la poursuite d'êtres humains qu'ils veulent réduire à de simples objets masturbatoires : des branloirs. Mais on peut espérer que tous les hommes ne sont pas irrécupérables. Il en existe aussi qui sont généreux et ont envie de faire bien et faire le bien. Quand une solution est énoncée à un vieux problème, il existe toujours des personnes pour s'y intéresser et l'adopter.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 novembre 2016

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