samedi 5 novembre 2016

683 La nuit fantasmique

Il est classique d'entendre dire que l'espèce humaine, à la différence notamment des autres « grands mammifères », a envie de baiser et baise toute l'année. C'est faux. Parmi les humains seuls les hommes ont pour la plupart toute l'année envie de baiser. Et pourquoi ? Parce qu'à la différence des autres grands mammifères mâles ils se branlent toute l'année. Vivant cette activité comme une toxicomanie, car c'en est une. Un ennui ? Une situation pénible ? Hop ! Une branlette ! Pour préserver sa ou ses branlettes quotidiennes, l'homme, drogué aux endorphines masturbationnelles pourra y compris éviter les femmes. Il préférera regarder de la pornographie et se satisfaire tout seul devant des images que la plupart des femmes ne regardent pas et n'ont pas envie de regarder. 

Quand le garçon, puis l'homme, devient ainsi endorphinomane, il va avoir à se situer par rapport aux vagins des femmes. Sa prise de position sera très clair : il souhaitera se branler dedans. Se branler et non pas « faire l'amour ». Même s'il croira sincèrement le faire. Il ne s'agira pas d'un acte relationnel, mais juste du contact de deux muqueuses en vue de la satisfaction de qui ? De l'homme, bien sûr, la femme servant juste ici d'accessoire, de « branloir ».

Que la femme soit y compris intellectuellement d'accord, son organisme, sa physiologie, ne le sera pas. Alors, pour des raisons claires ou non dans son esprit, elle va tout simplement et naturellement tôt ou tard rejeter l'homme. Ne plus le supporter. Vouloir s'en éloigner. L'homme alors, au lieu de s'interroger sur sa propre conduite, en déduira que ce sont les femmes qui sont incompréhensibles et « posent problème ». Pourquoi ? Parce qu'elles n'acceptent pas de se soumettre aux désirs de leur « seigneur et maître » ! Un jeune homme pourtant plutôt intelligent me disait il y a une trentaine d'années : « je ne comprends pas pourquoi une femme peut refuser de faire l'amour avec moi ».

Rejetés par les femmes, qui sont les êtres les plus proches d'eux, les hommes connaîtront un large malaise. Comme ils ne démordront pas de leur comportement odieux et imbécile qui prétend résumer les femmes à des trous à branlette, ils vont fantasmer. Imaginer des créatures fabuleuses : la princesse charmante. Elle est l'équivalent dans le domaine des pizzas de la pizza « quatro stagione ». Celle où on trouve tout et pas uniquement du fromage et de la purée de tomates. Elle sera parfaite. Reste à la trouver. Si nous considérons par exemple la région parisienne, six millions d'habitants. Parmi ceux-ci, environ la moitié sont des habitantes. Une sur dix sera adulte et pour vous séduisante. En comptant dans cet ensemble y compris les femmes mariées, les religieuses et les lesbiennes. Quelle est votre probabilité si vous êtes Parisien pour rencontrer l'être unique fait pour vous qui fera rimer « amour » avec « toujours » ? Elle est nulle. Ce fantasme est une ânerie. Une autre créature fabuleuse est la « super pute ». Elle ne rêve que de faire des cabrioles au lit avec vous. Seulement avec vous et pas avec les autres. Elle vous apportera le bonheur parfait. C'est encore une ânerie. D'où viennent ces âneries et d'autres encore ? Du cerveau divaguant d'hommes affamés et drogués, abrutis qui font fuir les femmes et se retrouvent seuls. Les « créatures de rêve », on les rencontre dans les films, chansons, poèmes, contes et romans, pas dans la réalité.

Si vous arrêtez la branlette. Si vous remettez les pieds sur Terre, en quittant cette fâcheuse habitude toxicomaniaque. Vous découvrez un jour autour de vous des êtres humains ordinaires, y compris de sexe féminin. Et même s'ils sont parfois très séduisants, parmi eux il n'y a aucune « princesse charmante », aucune « super pute ». C'est assez troublant de se réveiller et sortir de la nuit fantasmique où la plupart des garçons et des hommes sont plongés. Peut-être ainsi rencontrerez-vous des événements plus sympathiques que d'habitude s'agissant de ce que vulgairement on appelle « l'amour » ? Peut-être, mais en tous cas vous rencontrerez quelqu'un qu'il vous est indispensable de rencontrer pour pouvoir aller vraiment à la rencontre des autres : vous. Sans vous être rencontré d'abord vous-mêmes, aucune rencontre véritable avec d'autres n'est possible.

Basile, philosophe naïf, Paris le 5 novembre 2016

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