A la fin des années trente
Du siècle dernier
Vivait à Paris un jardinier
Qui assurait l'entretien d'un jardin
Joliment fleuri, situé près de Paris.
Il était employé par une dame.
Cette dame avait un chien
Vieux, qu'elle adorait.
Arrive juin quarante
Et l'occupation allemande.
Elle dure depuis plusieurs années
Quand le canidé idolâtré de la dame
Décide sans crier gare, ni aboyer
D'aller gambader au paradis des toutous
Dans les plaines du Grand Manitou.
Le Grand Manitou manie tout
Y compris le destin
Des chiens parisiens !
Pour la propriétaire du défunt
C'est un cruel chagrin,
Qui oblige à donner dare dare
Une dernière demeure au clébard.
La dame souhaite offrir alors
Au regretté et fidèle Médor
Une sépulture et une mise en terre
Digne du prestigieux cimetière
Des chiens d'Asnières.
Pour arriver à ce but rêvé
Elle téléphone à son jardinier.
Pourriez-vous venir chercher
Mon défunt chien
Pour l'enterrer
Dans mon jardin ?
Le jardinier acquiesce,
Prend une valise
Et va chercher
La dépouille mortelle du cador.
Puis il prend le train.
Chemin faisant il croise
Un groupe bruyant de soldats allemands.
Il l'a même comme voisin dans le train.
Arrivé à destination, le voyage prend fin
Et le jardinier creuse la tombe
Du fidèle animal dans le jardin,
Ouvre l'improvisé cercueil canin,
Et oh surprise !
Le toutou refroidi s'est transformé
En un précieux et élégant manteau de fourrure
Soigneusement plié et un superbe chandelier
En argent à sept branches !
Sans le réaliser, les Allemands du train
Et le jardinier
Ont échangé leurs bagages !
L'homme, voyant des biens juifs dérobés,
S'est dit : soyons prudents,
Ces objets volés, il vaut mieux les enterrer.
Ce qu'il a fait, la nécropole canine,
La Cité des Morts de Médor
Vide de son occupant désigné,
A reçu fourrure et chandelier.
Ce qui me fait bien rigoler
C'est d'imaginer la tête des occupants
Quand ils ont ouvert en chantant
Leur malle au trésor dérobé !
Ce jour-là, à cette heure
L'étourderie des voyageurs
A fait entrer Médor mort et le jardinier parisien
Amoureux des jardins
Et de la France dans la Résistance !
Basile philosophe naïf
Paris, le 15 août 2020
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