vendredi 8 décembre 2017

875 Les méfaits de la mythologie sexuelle masculine

Notre société française et parisienne et certainement la société d'autres lieux aussi, souffre du désordre et des incidents créés par la mythologie sexuelle masculine. Il s'agit de conceptions fausses qui ont la vie dure et causent des dégâts considérables et variés. Je distinguerais ici trois ensembles de mythes sexuels masculins : les mythes liés à l'érection, les mythes liés à la copulation en général et les mythes liés à l'éjaculation en particulier.

Les mythes liés à l'érection font de celle-ci un événement extraordinaire, un phénomène préludant systématiquement ou devant préluder systématiquement l'acte sexuel, et ceci de façon impérative. Il faut démonter soigneusement ce tissu d'âneries. L'érection n'a absolument rien d'extraordinaire. Elle consiste en l'emplissement sanguin de structures du pénis au nom suggestif de « corps caverneux ». Ce phénomène allonge, durcit et dresse le membre. Il peut survenir pour quantité de raisons qui ne signifient la plupart du temps en aucun cas l'urgence impérative de la copulation.

Quand survient une érection, la pire erreur est de la conduire à la copulation quand celle-ci n'est pas effectivement désirée. Ce comportement très répandu qui conduit non pas à l'acte sexuel, mais à une masturbation réalisée dans un orifice naturel, amène l'excès de copulations et de recherches de copulations. Une des conséquences et non des moindres est la surpopulation. Car une grossesse peut toujours intervenir en cas de copulation, qu'elle soit authentiquement désirée ou non.

Un mythe sexuel masculin dévastateur et qui a la vie dure est celui de la jouissance suprême masculine automatique et assimilée à l'éjaculation, de préférence dans un orifice naturel. Ce mensonge est souvent cru par les femmes, car l'éjaculation s’accompagne d'accélération de la respiration masculine y compris quand la jouissance est des plus minimes, voire nulle, voire remplacée par de la souffrance. Les hommes qui croient très souvent aussi à ce boniment de la jouissance suprême et automatique éjaculatoire masculine vont connaître l'insatisfaction. Celle-ci pourra les conduire à des recherches bizarres, l'incapacité d'aimer et aussi de s'aimer soi-même.

Tout un commerce frauduleux naîtra de cette insatisfaction. Certains commerçants sans scrupules prétendront résoudre le problème imaginaire ressenti. Ils proposeront la prise d'aphrodisiaques tous plus factices les uns que les autres. Par exemple ils préconiseront la consommation de poudre d'écailles de pangolin ou de corne de rhinocéros. Cette corne et ces écailles sont composées de kératine, la même substance qui forme nos ongles et nos cheveux. Leur accorder un pouvoir magique rappelle la pratique jadis d'ingérer comme médicament de la poudre de perles dissoute dans du vinaigre. Voire pire, l'ingestion de perles rouges de cinabre, qui n'est rien d'autre que du sulfure de mercure d'une belle couleur rouge. Sa consommation en guise de médicament d'immortalité coûta jadis la vie au premier empereur de Chine.

Mais les mythes sexuels masculins créent sans doute plus de nuisances que la disparition des rhinocéros ou des pangolins victimes des fabricants de pseudo-aphrodisiaques. La recherche aveugle du profit et de la richesse matérielle ne serait-elle pas une compensation de l'insatisfaction ressentie du fait du manque de la mythique jouissance suprême masculine automatique ?

Mettre au jour les mythes sexuels masculins conduit progressivement à une sérénité indéfinissable pour ceux qui ne la connaissent pas. On « retombe sur ses pieds ». On retrouve son bon sens enfantin. On laisse de côté la course aux mirages... D'une certaine façon renoncer aux mythes sexuels masculins, à la frénésie, aux obsessions et divagations que leur croyance entraîne, n'amène rien de particulier. Et en même temps quelque chose d'original par sa rareté : l'oubli des recherches sans issues et déceptions inévitables causées par la croyance dans le Père Noël Cupidon.

Basile, philosophe naïf, Paris le 8 décembre 2017

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