Notre société française
et parisienne et certainement la société d'autres lieux aussi,
souffre du désordre et des incidents créés par la mythologie
sexuelle masculine. Il s'agit de conceptions fausses qui ont la vie
dure et causent des dégâts considérables et variés. Je
distinguerais ici trois ensembles de mythes sexuels masculins :
les mythes liés à l'érection, les mythes liés à la copulation en
général et les mythes liés à l'éjaculation en particulier.
Les mythes liés à
l'érection font de celle-ci un événement extraordinaire, un
phénomène préludant systématiquement ou devant préluder
systématiquement l'acte sexuel, et ceci de façon impérative. Il
faut démonter soigneusement ce tissu d'âneries. L'érection n'a
absolument rien d'extraordinaire. Elle consiste en l'emplissement
sanguin de structures du pénis au nom suggestif de « corps
caverneux ». Ce phénomène allonge, durcit et dresse le
membre. Il peut survenir pour quantité de raisons qui ne signifient
la plupart du temps en aucun cas l'urgence impérative de la
copulation.
Quand survient une
érection, la pire erreur est de la conduire à la copulation quand
celle-ci n'est pas effectivement désirée. Ce comportement très
répandu qui conduit non pas à l'acte sexuel, mais à une
masturbation réalisée dans un orifice naturel, amène l'excès de
copulations et de recherches de copulations. Une des conséquences et
non des moindres est la surpopulation. Car une grossesse peut
toujours intervenir en cas de copulation, qu'elle soit
authentiquement désirée ou non.
Un mythe sexuel masculin
dévastateur et qui a la vie dure est celui de la jouissance suprême
masculine automatique et assimilée à l'éjaculation, de préférence
dans un orifice naturel. Ce mensonge est souvent cru par les femmes,
car l'éjaculation s’accompagne d'accélération de la respiration
masculine y compris quand la jouissance est des plus minimes, voire
nulle, voire remplacée par de la souffrance. Les hommes qui croient
très souvent aussi à ce boniment de la jouissance suprême et
automatique éjaculatoire masculine vont connaître l'insatisfaction.
Celle-ci pourra les conduire à des recherches bizarres, l'incapacité
d'aimer et aussi de s'aimer soi-même.
Tout un commerce
frauduleux naîtra de cette insatisfaction. Certains commerçants
sans scrupules prétendront résoudre le problème imaginaire
ressenti. Ils proposeront la prise d'aphrodisiaques tous plus
factices les uns que les autres. Par exemple ils préconiseront la
consommation de poudre d'écailles de pangolin ou de corne de
rhinocéros. Cette corne et ces écailles sont composées de
kératine, la même substance qui forme nos ongles et nos cheveux.
Leur accorder un pouvoir magique rappelle la pratique jadis d'ingérer
comme médicament de la poudre de perles dissoute dans du vinaigre.
Voire pire, l'ingestion de perles rouges de cinabre, qui n'est rien
d'autre que du sulfure de mercure d'une belle couleur rouge. Sa
consommation en guise de médicament d'immortalité coûta jadis la
vie au premier empereur de Chine.
Mais les mythes sexuels
masculins créent sans doute plus de nuisances que la disparition des
rhinocéros ou des pangolins victimes des fabricants de
pseudo-aphrodisiaques. La recherche aveugle du profit et de la
richesse matérielle ne serait-elle pas une compensation de
l'insatisfaction ressentie du fait du manque de la mythique
jouissance suprême masculine automatique ?
Mettre au jour les mythes
sexuels masculins conduit progressivement à une sérénité
indéfinissable pour ceux qui ne la connaissent pas. On « retombe
sur ses pieds ». On retrouve son bon sens enfantin. On laisse
de côté la course aux mirages... D'une certaine façon renoncer aux
mythes sexuels masculins, à la frénésie, aux obsessions et
divagations que leur croyance entraîne, n'amène rien de
particulier. Et en même temps quelque chose d'original par sa
rareté : l'oubli des recherches sans issues et déceptions
inévitables causées par la croyance dans le Père Noël Cupidon.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 8 décembre 2017
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