vendredi 26 août 2016

628 Meriones, hamster, gerbilles à queue grasse et moi et moi et moi

Gerbilles à queue grasse (cliché Commons recadré)

Quand j'étais petit, étant malade, je me souviens un jour avoir dormi durant la journée sur le divan de mes parents. Quand je me suis réveillé, c'était déjà le soir. La nuit était tombée. Et sur la table, sous la lueur électrique, de petites formes marrons clairs bondissaient dans une cage. Mon frère aîné venait de ramener chez nous dans le logement familial deux petits rongeurs vivants prêtés par le Muséum national d'histoire naturelle : des meriones.

Par la suite, un ami de la famille nous a donné un hamster roux qui a occupé une nouvelle cage. Et enfin nous accueillîmes un couple de gerbilles à queue grasse. Cet animal offrant la particularité de faire des réserves alimentaires dans sa queue, d'où son nom. C'était le premier couple de ces animaux à venir en France.

La compagnie quotidienne de tous ces petits rongeurs eut une très importante influence sur moi. Je crois qu'elle ait à l'origine de ma recherche sur la Nature en l'être humain.

Je suis persuadé que retrouver la Nature en nous peut nous aider à trouver notre équilibre. Certains croient au contraire que dans la négation de la Nature réside la bonne conduite humaine. L'horreur résiderait dans ce qu'ils appellent souvent « la nature humaine ». Dans ce concept vague on voit placé pêle-mêle une masse de choses trouvées dérangeantes et condamnées sans appel.

Une amie m'a écrit à propos de mon évolution récente : « tu es en évolution sur le contrôle des pulsions. Je pense que les moines doivent exercer aussi ce contrôle sur leur nature masculine. »

Je comprends la tendance à effectuer ce type de parallèle. Si on cherche qui parle négativement de la masturbation, par exemple sur Internet, on trouve des militants religieux. A l'inverse, un flot de démagogie masturbophile émane de sources qui se veulent laïques voire anti-cléricale. Je ne suis pas d'accord avec l'assimilation de ma démarche pornophobe et masturbophobe avec celle des moines, même si j'apparais ainsi leur ressembler. Le fond de ma pensée est très différent.

Qu'est-ce à dire de parler de « contrôle des pulsions » et les attribuer à un phénomène qui serait « la nature masculine » ? Au nom de « la Nature » on explique et justifie plein de choses qui seraient inévitables ou presque, alors qu'elles sont de très évitables produits culturels.

Je suis arrivé à la conclusion que notre culture comprend la pratique régulière de la masturbation masculine adulte. Cette pratique est nourrie par la pornographie. Elle détraque l'appétit sexuel masculin et amène la plupart des hommes à harceler leurs partenaires sexuels éventuels. Renoncer à la pratique régulière de la masturbation masculine adulte et à la pornographie c'est chercher à retrouver au delà de notre culture le fonctionnement naturel de l'homme. Fonctionnement qui à mon avis est harmonieux, pacifique, paisible et féministe. Je ne prétend pas nier la sexualité, mais me débarrasser ici de la culture machiste odieuse, violente et dominatrice qui règne toujours bel et bien dans notre société. Et ce en dépit de toutes les avancées féministes de ces dernières cinq ou six décennies.

La pornographie n'est pas « une pulsion » mais une saloperie commerciale.

Mettre ma démarche personnelle sur le même plan que celle des moines abstinents relève d'une confusion. L'Église condamne en général le sexe. Je ne le condamne pas. L'Église prétend le rendre obligatoire dans le cadre du mariage. Je ne prétend pas le rendre « obligatoire », l'imposer à qui que ce soit où que ce soit. L’Église cherche à imposer ses vues y compris par la loi. Par exemple en interdisant l'avortement. S'agissant de la pratique régulière de la masturbation masculine adulte nourrie par la pornographie, je n'interdis rien à personne. Je dis seulement : « en y renonçant j'ai trouvé une remarquable paix intérieure et extérieure. De votre côté, faites comme vous voulez. »

Le délire harceleur des hommes abrutis sexuellement qui persécutent les femmes ne provient pas de « leur nature masculine », mais de leur addiction masturbationnelle et leur délire consumériste.

J'ai fait partie de ce troupeau d'égarés. J'ai été par moments, quand j'étais « amoureux » harceleur moi-même sans être violent ou violeur. Ces derniers comportements représentant le niveau ultime du harcèlement sexuel. J'ai même à l'inverse accompagné ou rejoint à leur demande des femmes qui craignaient d'être agressées se retrouvant seules en mauvaise compagnie.

Je n'ai jamais frappé, insulté ou terrorisé qui que ce soit, femme ou homme. Mais la violente culture machiste m'a influencé, contaminé, s'est infiltrée en moi à mon insu. L'ayant identifié je la rejette autant que je peux. Non pas « ma nature masculine », mais l'odieuse sottise régnante qui fait que quantité de femmes intelligentes préfèrent vivre loin des hommes plutôt que devoir supporter quotidiennement la bêtise d'un seul.

En dehors de l'acte sexuel existent les câlins actifs : caresses, bisous, serrages dans les bras. Les câlins passifs : dormir ensemble. L'intimité partagée, la nudité qui s'oppose à la vestité, mot qui a pour sens le fait d'être habillé. Câlins actifs ou passifs, intimité partagée et nudité que l’Église condamne et que je ne condamne pas.

Au début des années 1980, une Irlandaise de Paris m'expliquait qu'en Irlande des religieuses dans la rue des villes s'appliquaient à séparer les amoureux qu'elles trouvaient trop indécemment collés l'un à l'autre. Je ne crois pas qu'une telle manière d'agir soit spécialement bonne et positive. Pas plus que condamner la contraception, le divorce ou le préservatif.

Plutôt qu'inviter ceux qui se posent des questions à propos de la sexualité à être pour ou contre, il est plus intéressant d'alimenter le débat et inviter chacun et chacune à réfléchir et se faire sa propre opinion personnelle. Le sexe est une petite chose, mais dont la perturbation dérange beaucoup de grandes choses et empêche bien souvent l'indispensable vivre harmonieux ensemble.

Il faut ouvrir largement le débat à ce sujet. Débat souvent masqué et éludé à l'aide de grandes élucubrations théoriques permettant de parler d'autre chose que de la vie réelle des gens vivants. Mais c'est vrai que commenter les commentaires des autres engage moins que parler de ce qui nous arrive.

Un jour à Paris, dans l'autobus, il y a des années, je croise un étudiant en psychologie. La conversation s'engage. « Est-ce que vous étudiez les faits de la vie ? » lui ai-je demandé. « Non, nous étudions et comparons les théories qui existent », m'a-t-il répondu.

En 1986, j'ai participé à un stage de massages qui m'a ouvert sur la question du toucher. Quantité de problématiques passionnantes paraissaient soulevées par la pratique tactile vécue. Qu'allait-il en découler ? Rien, l'organisatrice y voyait juste un intéressant gagne-pain. Vous avez fait un stage ? Il vous a intéressé ? Alors, faites-en un deuxième, par ici la monnaie !

Dans les années 1960 beaucoup de propos furent émis en Californie à propos du toucher. Un ami m'a confié avoir souhaité s'enrichir moralement en allant s'instruire là-bas. Il en est revenu déçu, n'ayant rencontré là-bas m'a-t-il dit que des personnes cherchant à gagner de l'argent en profitant de cet intérêt pour le toucher.

Quantité de débats n'ont pas lieu ou guère, car ils se trouvent parasités par des gens qui ne voient là qu'une occasion de gagner de l'argent. La vérité est difficile à trouver. Mais, à considérer les rayons spécialisés des grandes librairies, la recherche de la vérité permet à quantité de gens de profiter financièrement de la curiosité des autres.

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 août 2016

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