mardi 31 décembre 2013

191 Qu'est-ce que « la propriété » ?

Parlant des études suivies par son père, Marcel Pagnol pose cette question dans « La Gloire de mon père ». Comment a-t-on pu réussir à idéaliser aux yeux des futurs instituteurs les destructeurs de la monarchie en France ? Car à la faveur de la période dite : « de la Révolution française », ceux-ci « après vingt mille assassinats suivis de vol, » se sont entreguillotinés eux-mêmes.

Pagnol touche ici un point fondamental : le vol. Ou plus exactement le pillage à grande échelle des biens des nobles, de l'Église et du roi qui fut organisé durant cette période dite : révolutionnaire.

Dans son « Histoire socialiste de la Révolution française », Jean Jaurès indique que toutes les grandes fortunes bourgeoises qui durent encore un siècle après son assassinat en 1914, sont issues du pillage des biens nationaux à la faveur des combines financières autorisées par les assignats.

Proudhon a écrit : « la propriété, c'est le vol ». Il faut rectifier : « la propriété a pour origine le vol ».

Ceux qui proclamèrent que la propriété est « un droit inviolable et sacré » étaient de très grands voleurs.

Le mécanisme de la propriété, la grande, la riche, celle qui rapporte, est la suivante :

A un moment-donné un pillage à grande échelle est organisé. Les voleurs une fois gavés, deviennent conservateurs des biens qu'ils ont volé. Et décrètent leur propriété sacrée. Ainsi ont procédé les voleurs bourgeois de la fin du dix-huitième siècle en France. Ils ont dérobé les biens volés par la noblesse. Celle-ci avait accaparé (volé) les biens de l'Empire romain au moment de sa chute. A l'origine, les nobles étaient de simples hauts fonctionnaires de l'Empire. Un marquis, par exemple, était le gardien d'une marche, c'est-à-dire d'une zone à la frontière de l'Empire.

Les fonctionnaires romains, eux, géraient les biens volés aux peuples gaulois. Les Gaulois, de leur côté, possédaient ce qu'ils avaient volé à d'autres voleurs, et ainsi de suite.

Chaque fois une période de pillage succède à une période de tranquillité qui succède à une période de pillage. Et durant les périodes de tranquillité on déclare que la propriété qui a été volée est à présent immuable et légitime. Quelle farce !!!

Aujourd'hui, le moindre caillou perdu dans l'océan, le moindre morceau de désert glacé ou brulant appartient officiellement à quelqu'un, ou tout au moins à un état. D'autant plus que cette propriété offre celle du sous-sol. Et, un caillou perdu dans l'océan ouvre des droits aux vastes fonds sous-marins des eaux « territoriales » alentours. D'où les disputes féroces pour des cailloux couverts de guano de par le monde. En dessous, pétrole et autres richesses font baver d'envie les puissants.

Et si au lieu de dire : « la propriété est inviolable et sacrée » (« sacrée », terme religieux) on disait : « La propriété est inviolable et sacrée, exceptée quand celle-ci s'oppose à la santé, la vie des humains. Auquel cas elle est inexistante, indéfendable, ignoble, maudite, nulle et non avenue. » Ça ne serait pas plus chouette, non ? Ainsi, par exemple, même avec des sous on ne pourrait pas acheter un lieu pour, par exemple, commencer à y exploiter le gaz de schiste. Et aussi les latifundios affameurs qui possèdent des milliers d'hectares en friche en Andalousie seraient virés d'office. Il n'y aurait même pas besoin de les « exproprier ». Il suffirait d'aller cultiver leurs terres, en suivant le grand et vieux principe agraire : « la terre n'est à personne, ses fruits cultivés sont au cultivateur ». La police laisserait faire. Et ce serait là le triomphe du bon sens sur la bêtise injuste et l'absurdité.

Basile, philosophe naïf, Paris le 31 décembre 2013

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