dimanche 1 décembre 2013

181 Réflexion sur l'organisation fraternelle et douzainière

Je ne suis ni pour la dictature, ni pour la révolution, mais pour l'Humanité, un monde amélioré, à défaut d'être parfait. Or, que ce soit dans la démocratie comme sous la dictature, un problème est commun et permanent : d'un côté est l'État, de l'autre l'individu, seul. Le déséquilibre est gigantesque. Dans un petit village, par exemple, il y a d'un côté Monsieur le Maire, de l'autre les individus, seuls. Et que dire quand ce n'est plus simplement Monsieur le Maire, mais Sa Sainteté le Pape, Sa Majesté l'Empereur ou Monsieur le Président de la République ? Le déséquilibre est encore plus massif. Quand un mouvement de protestation rassemble, le même problème surgit. Tout de suite il y a d'un côté les chefs, les leaders, les activistes, de l'autre, toujours les individus, seuls.

Tant qu'on ne sortira pas de cette situation de l'individu seul face au pouvoir, si petit soit-il, on ne risque pas d'améliorer vraiment et durablement les choses.

L'individu seul est faible, désarmé, influençable, apeuré, manipulable, exploitable, fanatisable, timide, incertain, égaré.

Pourtant, il a tendance à se regrouper : par affinités, goûts, amitiés. Concert de hurlements des tenants des pouvoirs : c'est le communautarisme ! La clique ! Le corporatisme ! Le gang ! La franc-maçonnerie ! La société secrète !

Non, c'est la tendance naturelle de l'animal social.

Il y a deux siècles, on reconnaissait les membres d'une communauté à leur costume, langage, contes, chants, danses, traditions culinaires, architecture des maisons, étables. Jusqu'aux races de chèvres, moutons ou vaches élevées qui indiquaient qu'on était Gascon, Berrichon ou Auvergnat.

Aujourd'hui, tout est gris. Plus de cultures régionales, on est tous Français, assis devant le même téléviseur de merde diffusant le même programme distractif de merde. Du moins, c'est ce que nous souhaitent nos « élites » tout en nous crachant dessus.

Dès qu'on invoque une culture régionale de bonnes âmes nous traitent de fascistes. Danser la bourrée auvergnate ou la gavotte, parler Breton ou Flamand de Dunkerque, seraient assimilables à une volonté scissionniste et insurrectionnelle.

Le seul groupe local que les États encensent, c'est « la famille ». En lui souhaitant de servir de courroie de transmission au pouvoir d'État.

Il existe une forme de structure politique, artistique, sociale, poétique qui était à la base de la festivité partout en France. Et l'est encore à Dunkerque et dans sa région : la goguette.

C'était des groupes de moins de dix-neuf personnes, se réunissant ponctuellement pour passer un bon moment ensemble, boire, manger, rire, bavarder, plaisanter, danser, chanter des chansons.

A Dunkerque, dans sa région, suivant l'amplitude traditionnelle des équipages des navires de pêche morutière, les groupes sont de douze. La fraternité et le Carnaval disparues ailleurs continuent à prospérer grâce au maintien de ces sociétés douzainières (composées de douze membres). Parlant des prémisses de la Commune de Paris de 1871, un auteur signalait l'existence de groupes indépendants proches, formés d'une dizaine de membres chacun. Ne serait-il pas juste et intéressant de propager cette forme de rassemblements douzainiers partout, pour humaniser la société ?

Basile, philosophe naïf, Paris le 1er décembre 2013

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