mercredi 27 novembre 2013

175 Abolir la prostitution ?

J'ai la plus profonde horreur et le plus profond dégoût pour la guerre, l'alcoolisme et la prostitution.

Ce qui ne m'empêche pas, sans-doute contradictoirement aux yeux de certains, d'éprouver le plus profond respect pour les militaires, les viticulteurs, les cavistes, les œnologues et les prostitués.

A présent vient d'être lancé un faux débat en France pour ou contre « l'abolition » de la prostitution.

Faux débat au regard des arguments démagogiques brandis. On prétend liquider un fléau antique avec une loi et des clameurs approbatives.

Peut-on abolir la guerre ou l'alcoolisme ?

La guerre a déjà été mise « hors la loi ». On sait avec quelle efficacité, ou plutôt inefficacité.

La prohibition du fléau de l'alcool a été édictée aux États-Unis. On connait quel en fut le résultat déplorable. Et pourquoi on a fini par y renoncer.

A présent, on nous rejoue la même partition avec la prostitution. On prétend « l'abolir ». Abolissons, tant qu'on y est, l'avarice, l'égoïsme, l'indifférence. Si ! Si ! Vite « une loi » ! Croyez-vous que celle-ci règlera le problème ?

Comment ? Vous êtes contre une loi interdisant l'avarice, l'égoïsme et l'indifférence ?

Vous seriez donc pour ces fléaux ? Monstres que vous êtes !

Remarquons le caractère putophobe et sexiste des abolitionnistes :

A leurs yeux, les prostituées seraient toutes prostituées de force. Celles et ceux qui se prostituent et affirment le contraire et même s'organisent en syndicats n'auraient pas leur mot à dire.

Mais s'il est considéré comme un libre et honorable choix possible de vendre des armes, c'est-à-dire la mort, vendre ou plutôt louer son cul ne serait pas possible ? Et pour quelle raison les abolitionnistes font comme si seules des femmes se prostituent ? Il y a aussi des hommes qui se prostituent. Et qui ont des clientes. Pourquoi ainsi ignorer volontairement la réalité ?

Quelles sont les principales causes qui amènent des personnes à se prostituer ? La misère, l'exploitation, le chômage, la précarité, l'inflation, que notre cher gouvernement « abolitionniste » encourage à fond les manettes avec une masse de mesures antisociales horribles et catastrophiques

Alors, d'un côté il alimente la prostitution. De l'autre il fait des discours contre. Quelle hypocrisie !

La première mesure contre la prostitution est de donner à tous la possibilité d'accéder à des conditions de vie décente. La politique d'austérité s'y oppose. Le grand pourvoyeur de la prostitution, c'est le capitalisme. Nos gouvernants sont à son service. Et aujourd'hui, plutôt que renoncer à cette politique économique mortifère, pour faire les jolis ils nous ressortent le vieux débat pour ou contre la prostitution. Sans aller au fond des choses. Et en prenant la pose. En prétendant défendre les femmes, après avoir expulsé Leonarda Dibrani, sa mère et ses sœurs, qui sont des femmes. Et en général accentué la misère sociale qui frappe d'abord les femmes.

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 novembre 2013

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