mardi 19 novembre 2013

167 De l'amour et quelques-unes de ses conséquences

Il n'est pas besoin d'être un grand philosophe ou un penseur politique avisé pour réaliser que l'Humanité souffre depuis bien des siècles de troubles généraux, dont les symptômes ont noms guerres, famines organisées, abus divers commis par des humains sur d'autres humains.

Pour en expliquer l'origine, il est courant de voir affirmer que ces tares tirent leur racine dans l'origine même de l'Humanité. L'homme, plus faible que le tigre ou la panthère, faible et nu (il ne porte pas de fourrure), aurait jadis entrepris de « lutter pour la vie ».

Des conséquences de ce combat vital seraient nés avantages et problèmes.

Le défaut de ce propos est que l'homme n'a jamais eu besoin de ce « progrès » tant vanté. En tous cas au début. Singe de grande taille, vivant en groupe, qui pouvait-il craindre ? Un lion préfère goûter une girafe ou un lièvre plutôt que risquer de se retrouver sujet aux morsures d'une troupe de grands singes en fureur ! Le lion n'est pas stupide.

Quant au froid, les girafes n'ont jamais eu besoin de porter des chandails et des caches-nez. Elles restent vivre là où il fait bon pour elles : en Afrique. Pourquoi voulez-vous que les humains des temps premiers auraient souhaité agir différemment ?

Et, pour ce qui est de manger, l'être humain restait tout simplement là où il y avait suffisamment de nourriture sauvage pour le nourrir. L'élevage, l'agriculture, il n'en avait aucun besoin.

Cette fameuse soi-disant « lutte pour la vie » inexistante aux temps premiers, est également niée par l'état actuel de la société humaine. Et ce par son aspect le plus caricatural : il y a depuis longtemps à manger pour tous et même plus. Ce n'est pas moi qui le dit, mais un organisme de l'ONU, le Fond mondial pour l'alimentation, le FAO. Pourtant on crève de faim un peu partout. Pourquoi ? Parce qu'une très réduite minorité d'humains amoncelle des richesses qui ne lui servent à rien. Et en privent la masse des autres. S'agit-il d'une « lutte pour la vie » de la part de ces riches accapareurs ? Bien sûr que non. Autre chose motive leur comportement dévastateur de la vie des masses.

Dans d'autres domaines éclate cette absurdité. Ainsi, par exemple, Paris bénéficiait d'une remarquable couverture hospitalière. Depuis un certain nombre d'années, la destruction de celle-ci est entreprise. Les hôpitaux Broussais, Boucicaut, Laënnec, Saint-Vincent-de-Paul ont été fermé. On annonce la suppression de Beaujon et Bichât. Et, à présent, il est entrepris de tenter de liquider le seul hôpital restant au centre de Paris : l'Hôtel-Dieu. Il est dit et démontré que sa fermeture entrainant un encombrement supplémentaire des services d'urgence déjà surchargés ailleurs entrainera des morts. Pourtant, les liquidateurs persistent. Au nombre de ceux-ci on trouve des diplômés d'études médicales. Et pourquoi s'acharner contre l'hôpital Hôtel-Dieu ? Pour le transformer à terme en palace de luxe. Encore l'argent convoité par des gens qui n'ont besoin de rien. Il leur en faut toujours plus à accumuler stérilement en empêchant de vivre les autres.

Et que dire de la mise en pièces de la Grèce pour les mêmes raisons, commise par la sinistre troïka avec l'appui de nos gouvernants ? Encore et toujours la recherche de la fascination causée par des tas d'or qui ne servent à rien. Et dont l'accumulation cause la mort évitable d'un tas de pauvres gens.

Le pouvoir et l'argent sont les deux grandes maladies de la société.

Tant qu'on n'abolira pas le pouvoir et l'argent, l'Humanité souffrira

Mais, pourquoi y a-t-il des gens qui rêvent tant à l'argent et au pouvoir ? A regarder de près les riches, ils n'apparaissent pas si heureux que ça. Quantité de riches sont frustrés, méchants, vicieux. Une de leurs caractéristiques est très souvent une activité sexuelle débridée et totalement dérangée. Les riches et les puissants peuvent aisément disposer auprès d'eux, s'ils le souhaitent, de rabatteurs éliminateurs. Ces derniers se chargent de rabattre vers eux le gibier sexuel dont ils souhaitent jouir. Et de gérer les vagues ultérieures à éviter. Par la corruption, la menace ou pire, les rabatteurs évitent le scandale et les ennuis possible éventuels. Ce phénomène très ancien se voit déjà par exemple avec l'impératrice allemande de Russie Catherine II au XVIIIème siècle. Elle disposait carrément d'un service chargé de prostituer de jeunes officiers qui allaient coucher avec la souveraine. Et touchaient ensuite une indemnité. L'équivalent du « petit cadeau » des putes ordinaires.

Face à ces riches, la masse des pauvres : tristes, malheureux, obéissants. Sauf par moments, quand éclatent des émotions : révoltes, etc. Alors les pauvres cassent tout, puis retournent à leurs occupations habituelles.

Ce qui est curieux, c'est la fréquente diabolisation réciproque. Quand les riches condamnent les pauvres, ou les pauvres condamnent les riches, bien des fois ils nient la qualité humaine de leurs adversaires. Par exemple, Alexandre Dumas fils défendant les riches, disaient en parlant des communards massacrés en mai 1871 : « Nous ne dirons rien de leurs femelles par respect pour toutes les femmes à qui elles ressemblent quand elles sont mortes ».

Pourtant, à y regarder objectivement, riches ou pauvres, rois ou sujets, tous sont exactement pareils. Ce sont des humains. Quoiqu'ils puissent dire ou seulement penser les uns des autres.

Je n'aime pas la misère des pauvres organisée par les riches, ni la fureur dévastatrice des pauvres en révolte ou des riches en résistance contre eux. On dira que je suis difficile. Remarquons que cette fureur sera bientôt à l'ordre du jour, car cela fait quelques temps déjà que nos gouvernements ne tiennent pas compte du mécontentement populaire.

Un exemple a été donné par l'affaire du lundi de Pentecôte. Ce jour férié devait redevenir travaillé soi-disant pour financer l'aide aux vieux dépendants. Prétexte pour s'attaquer aux jours fériés, cette mesure a mécontenté notamment les catholiques français. Ce fut une mesure calamiteuse électoralement qui a fait perdre des voix fidèles au président Sarkozy et contribué à sa défaite face à son concurrent Hollande.

Hollande fonce à présent vers le désordre. Il prend des tonnes de mesures impopulaires en ignorant le ressentiment des masses. Tant l'ivresse du pouvoir et ses privilèges lui fait perdre le sens des réalités très prosaïquement électorales. Les nuages noirs de la crise sociale et politique s'amoncellent à l'horizon. Ce n'est pas moi qui l'annonce. Ce sont les préfets qui le disent.

Existe-t-il des solutions ? Le problème est que les dauphins de Hollande, de son clan ou d'autres, souffrent des mêmes idées fixes que lui : parvenir au pouvoir et aux avantages qui vont avec.

Vouloir à tous prix l'argent et le pouvoir qui va avec relève d'un trouble. Sans prétendre y trouver un remède, il est intéressant d'en étudier les origines.

A l'origine des désordres et avantages du « progrès » est le jeu. Les humains ont commencé par inventer, organiser par jeu. Petit à petit le jeu s'est imposé et a imposé des règles avec des désordres entrainant un manque d'amour entre humains. Il a fallu des millions d'années pour arriver au désordre organisé actuel. Pour fuir cette souffrance, les humains ont cherché d'insatisfaisantes compensations dans le pouvoir et l'argent. Et encore dans bien d'autres choses, au nombre desquelles l'alcoolisme et le consumérisme sexuel de qualité : baiser le plus possible le plus grand nombre de partenaires possibles et classés de première qualité.

Je viens de lire les mémoires d'un très sympathique chanteur connu. Ce chanteur y apparaît comme alcoolique. Il traite aussi le sexe comme une sorte de pâtisserie. Un bon film, un bon restau, une bonne baise. Et rencontre années après années et durant des décennies des catastrophes sentimentales. Sans pour autant se poser une seule fois la fort simple question : « si tous mes amours à terme se cassent la gueule, ma conception consumériste du sexe n'y serait-elle pas pour quelque chose ? »

La consommation sexuelle, fut-elle de luxe, n'est pas la réponse au manque d'amour.

On dit que le langage nous permet d'exprimer désirs, sentiments. Sans réaliser que nous avons aujourd'hui un langage dépourvu de liberté. Au XVIIIème siècle, par exemple, on pouvait dire ou écrire : « je vous aime » à quelqu'un. Cela exprimait le fait de l'aimer. Aujourd'hui, il est en principe exclu de s'exprimer ainsi sauf pour indiquer une intention sexuelle. On n'a pas la possibilité, le droit de dire à quelqu'un simplement qu'on l'aime !! Quelle triste condition pour l'amour !

J'aimerais pouvoir dire à un ami « mon chéri » sans que cela signifie des « avances » homosexuelles, mais tout simplement que mon interlocuteur m'est vraiment très cher. Et pouvoir dire ou écrire à une amie « je t'embrasse sur la bouche » simplement en qualité de caresse verbale. Ne signifiant pas pour autant que nous nous embrasserons ainsi. Mais le plus souvent ça n'est pas possible. La liberté d'expression n'existe pas. L'homme s'en est lui-même privé !

L'amour existe malgré tout parfois. Et des ennemis terribles le guettent. Je vais passer en revue les pires ennemis de l'amour : l'amour lui-même ; le sexe ; les enfants.

Quand l'amour fleurit entre deux individus, celui-ci est ressenti comme une relation extrêmement différente, agréable, rassurante, comparée aux autres relations carencées. Un déséquilibre immense en résulte. Je l'ai vécu. Tout instant passé avec la femme de mon cœur m'apparaissait incomparablement plus nourrissant, comblant, que tout le reste. Résultat, on privilégie à outrance son amour. Des expressions témoignent de ce phénomène courant : « les amoureux sont seuls au monde », « tu es tout pour moi », « je ne pourrais pas vivre sans toi ».

Mais cela revient de facto à chercher dans un seul amour la totalité de l'amour général qui manque autour ! Pression calamiteuse et épouvantable qui ne peut que contribuer à massacrer à terme l'amour entre deux personnes ! Et aussi à idéaliser à l'extrême votre simple humain partenaire.

Ce n'est pas étonnant avec ça que l'amour mythique idéal dans notre société soit celui, malade, entre Roméo et Juliette, finissant par un double suicide et deux cadavres puants !

Non, l'amour, il faut le voir à sa vraie grandeur. Et quand il est nait entre vous et un autre être, il ne faut pas exiger de lui ce qui manque tout autour. Vouloir faire avec deux bûches un brasier immense conduit à tout bruler très vite et retrouver vite le froid !

L'autre grand ennemi de l'amour est le sexe s'il est systématiquement lié à celui-ci.

On ne doit « faire l'amour » que quand un désir réel existe. Et pas simplement parce qu'il est techniquement possible de le faire. Un sexe en érection ne suffit pas.

Et, pour de curieuses raisons, baiser à tire-larigot avec votre partenaire est le plus sûr moyen de se retrouver seul ! Sûrement parce que cela amène à minorer, négliger, mépriser bisous et câlins.

Le troisième grand ennemi de l'amour peut être la fabrication des enfants.
On s'aime. On est deux. On en déduit que les conditions sont réunies pour faire un enfant. Quelle imbécillité mécaniste ! Avoir un enfant n'est pas le résultat d'une équation mathématique : 1 + 1 = 3

A vouloir s'empresser de pondre ainsi, le résultat est que, l'indépendance matérielle des femmes aidant, nous avons aujourd'hui des multitudes d'enfants avec des parents séparés.

Non, ce n'est pas simplement parce que deux humains se rapprochent qu'un enfant est forcément alors une bonne idée.

Les humains ne sont pas des lapins.

Je ne suis ni contre l'amour, ni contre le sexe, ni contre les enfants, mais il faut bien savoir où on en est et où on va, avant de suivre bêtement les règles établies de cette société malade.

Société malade que je ne saurais guérir. Je saurais juste conseiller de se révolutionner soi à défaut de révolutionner la société. Si pour elle en général vous voyez ce qu'il faut faire, bonne chance !

Les règles établies par la société malade pour nous conduire à l'échec en amour sont soutenues par de magnifiques clichés. L'amour y figure ainsi : un couple jeune, beau, riche, à la peau blanche ou bronzée, en bonne santé et en vacances. Si on trouve à y redire, on s'attire aussitôt la riposte cinglante suivante : « comment ? Mais vous êtes fou ! Vous êtes contre le fait d'être amoureux, jeunes, beaux, riches, blancs ou bronzés, en bonne santé et en vacances ? »

Bien sûr que non. Mais la formalisation de cet « amour » conduit à toutes sortes de catastrophes :

Pour être heureux en amour, il faut être jeunes. Donc rester jeunes, ne pas être pas jeunes. Seul hic, rester jeunes est un rêve impossible. Toutes sortes d'excès et troubles découlent de celui-ci. Un quadragénaire file un parfait amour avec une trentenaire et n'arrête pas de s'angoisser. Des riches se font opérer la gueule pour paraître toujours jeunes et finissent par ressembler à des momies. Des cinquantenaires draguent des minettes pour « se sentir jeunes ».

Il faut être beaux. Mais que signifie « beau » ? Les canons en vigueur amènent à d'inutiles opérations de chirurgie esthétique, de cruels complexes, des régimes absurdes et excessifs.

Pour avoir l'amour, il faudrait être riches. On devient obsédé par la carrière, la « réussite ». L'argent devient une drogue. On fait de la boulimie bancaire. Et on oublie de vivre.

Avoir la peau claire ou bronzée ? Certains noirs usent de produits dangereux pour s'éclaircir la peau. La folie du bronzage chez les blancs amène brûlures et cancers de la peau.

La bonne santé participe du mythe de la pleine forme. L'idolâtrie des vacances amène à emprunter pour, vivre pour.

On peut continuer à parler de l'amour et de ses conséquences. La vérité existe à son propos. Les idées justes sont faciles à trouver. « L'homme est un singe », « aimez-vous les uns les autres », « liberté pour les bisous », etc. En revanche il est extrêmement difficile de se faire des convictions, qui peuvent améliorer nos vies. Seul un travail personnel sur soi peut avec long temps et difficultés parvenir à nous améliorer. Le chemin est traître, imprévu, difficile, dangereux, mais en vaut la peine. Pour ce qui est du reste des problèmes sociétaux, nous pouvons mener d'utiles actions partielles, comme par exemple défendre la survie de l'hôpital Hôtel-Dieu à Paris.

Basile, philosophe naïf, Paris le 19 novembre 2013

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