mardi 26 novembre 2013

174 Est-ce que la prostitution libre existe ?

Ces temps derniers a été relancé en France le vieux débat sur l'interdiction ou l'autorisation de la prostitution. En gros, d'un côté les partisans de l'interdiction, condamnent l'activité comme celle de personnes humiliées, contraintes par la violence à une pratique dégradante. Les partisans de l'autorisation sont eux d'avis que tout le monde a le droit de vendre ses charmes, s'il en a envie. Que c'est une liberté et un service sain et positif rendu aux clients.

Un seul point fondamental du débat n'est pas soulevé : choisit-on librement de travailler ?

Affirmer que, librement, on choisi d'aller travailler à l'usine, au bureau, dans un restaurant ou un bordel est une grosse blague.

Personne ou presque n'est « libre de travailler ».

Si on ne travaille pas, à moins d'être riche, on n'a pas ou guère de ressources pour vivre.

Quand on entend certaines prostituées déclarer préférer se prostituer. Et gagner vite beaucoup d'argent. Plutôt que gagner peu en allant longuement travailler dans un bureau. Elles énoncent là leur choix entre deux esclavages.

Regardez les gens le matin dans le métro qui vont au boulot. Ou, le soir, qui en retournent fatigués. Et demandez-leurs s'ils s'en vont ainsi par plaisir et librement.

L'activité prostitutionnelle ou non serait libre, si à ceux et celles concernés était offert le choix de travailler. Ou ne pas travailler. Tout en étant à même en tous les cas de vivre confortablement.

On n'est pas libre d'aller travailler à l'usine. Et on n'est pas libre d'aller travailler au bordel.

D'ailleurs fait significatif : dans les années 1930 en France, on appelait un bordel en argot « une taule » et le patron du bordel « un taulier ». Aujourd'hui, un glissement sémantique a fait qu'une « taule » en argot désigne une entreprise dont le « taulier » est le patron.

Cette significative banalisation de ces mots d'argot en dit long sur la perception du travail et sa valorisation auprès d'une multitude de gens qui s'en vont tous les jours exercer un travail qui ne leur plaît pas. Dont la rémunération leur paraît insuffisante. Et qu'ils n'ont nullement choisi de faire.

Le jour où on pourra tous choisir de travailler ou pas. Et le travail qu'on souhaite effectuer. Si ce jour arrive. On pourra parler du choix libre pour certains de se prostituer. Sinon, de choix libre, on ne voit guère ici que celui du client qui paye. Et défend la liberté du travail de ses esclaves sexuels.

Quant à ceux qui vivent confortablement d'une autre activité. Et vantent la liberté de se prostituer. Qu'ils donnent donc l'exemple ! Et encourageront-ils aussi leurs conjoints, fils, filles, frères, sœurs, cousins, cousines, père, mère, grand père et grand mère à se prostituer ? J'en doute fort.

Certains métiers sont interdits, tels que la vente de la drogue. Faut-il interdire la prostitution ? C'est là un autre débat. Sans compter que les interdictions brillent ici le plus souvent par leur inefficacité. Et, avant de parler du statut à changer ou non de la prostitution, qu'on commence par liquider les réseaux financiers qui sont parfaitement connus. Et par où transitent vers des paradis fiscaux les flots d'argent générés par la prostitution, la vente de la drogue, le trafic d'armes, etc.

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 novembre 2013

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