jeudi 20 juin 2013

119 Sentiments et péri-sentiments

Si vous levez très lentement vos mains vides tournées vers le haut en imaginant qu'en fait elles soulèvent un poids important, vous allez peiner et vous muscler.

Un petit enfant tombe et se fait un peu mal. Si vous lui dites : « relèves-toi, ce n'est rien », il le fait et continue tranquillement ses occupations. Si au contraire, vous vous ruez sur lui pour le prendre dans vos bras en gémissant : « oh, le pauvre chéri, il s'est fait mal ! » l'enfant va se mettre à brailler et pleurer. Et il aura effectivement mal.

L'autre jour, j'avais une lourde valise à monter sur quatre étages. Elle me tirait le bras et me faisait mal. Pour surmonter la difficulté, je me suis dit à mi-chemin à moi-même : « mais non, cette valise est légère ! » Je me le suis répété presque jusqu'à la dernière marche et l'ai monté facilement. Arrivé tout en haut, je me suis dit : « qu'elle est lourde ! » Et alors je l'ai senti à nouveau très pesante.

Si on doit franchir un obstacle quelconque et on se dit d'avance : « je n'y arriverais pas », on risque fort d'échouer. Inversement, si on ne se dit rien, on a beaucoup plus de probabilités d'y arriver.

C'est vrai même pour de petites choses. Je me souviens quand je répétais il y a longtemps un morceau de flûte à bec. Le passage difficile, je le ratais toujours. A un moment, sans y penser, distrait en quelque sorte de ma préoccupation de la difficulté, j'ai joué d'une traite le passage difficile dans la foulée du passage facile qui le précédait.

C'est dire la puissance de l'auto-suggestion pour nous faciliter ou rendre plus difficile les choses.

On peut avoir des sentiments causés par ce qui nous arrive. Et des péri-sentiments produits déformés par notre réflexion.

Ces péri-sentiments peuvent être très puissants alors qu'ils sont produits par des influences extérieures et pas parce qui nous arrive effectivement.

Une personne apparaissant nue, même simplement en photo, pourra susciter horreur et dégoût à certains. Ou inversement attirance et excitation, alors qu'être nu n'a aucune signification en soi et relève de la Nature. Nous sommes tous nus à la naissance et dans nos vêtements.

Des sentiments extrêmes peuvent être en fait des péri-sentiments. Péri, c'est-à-dire qu'ils ne viennent pas de nous, mais de notre périphérie. Traduisent des influences extérieures que nous confondons avec nos propres sentiments.

Les péri-sentiments pourront nous entraîner dans des conduites extrêmes qui n'ont rien à voir avec nous. C'est pourquoi il faut toujours se méfier des réactions passionnelles et savoir conserver nos distances avec elles. Cela peut nous éviter bien des ennuis. La peur panique, la rage, la haine... mettez tout ça à la poubelle. Laissez-les aux individus immatures et influençables. Soyons calmes et gentils avec les autres en toutes circonstances. Avec la douceur et le sourire on évite bien des conflits; Et on désarme plus d'un adversaire potentiel.

Quand on s'énerve, agresse, riposte, on excite la panthère en nous et dans les autres. Cela en vaut-il la peine ? Les gens « haïssables » sont des malheureux dont la situation n'est pas enviable. Ne nous abaissons pas à les haïr. Nous avons mieux à faire pour occuper notre cœur et notre pensée. Soyons bien. Plus nous sommes dans nos vrais sentiments, plus nous sommes proches de la sérénité.

Basile, philosophe naïf, Paris le 20 juin 2013

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