lundi 17 juin 2013

116 Régler notre haine et notre amour

Par expérience je dirais qu'il est préférable dans le domaine de l'amour et la haine :

De ne haïr personne, y compris les pires individus. Car, que cela nous soit facile à admettre ou non, ce sont nos sœurs et nos frères. Qui se conduisent mal, très mal-même. Mais ce sont nos sœurs et nos frères quand-même et malgré tout. Les considérer comme des « monstres », des « non-humains », les « diaboliser » est un trucage confortable pour nier la dérangeante réalité : « oui, ces individus sont bien des humains comme nous ».

A ce propos, je lisais un jour un livre où l'auteur admirait le propos entendu un jour lors d'une visite des installations de l'ancien camp de concentration de Dachau. Le guide était un ancien déporté. Énumérant toutes sortes d'horreurs qu'il avait subi avec les autres déportés, il ajoutait : « voilà ce dont nous sommes capable ». Nous, c'est-à-dire les humains en général, y compris lui, qui fut une victime et non un bourreau.

Il est nécessaire aussi de respecter tout le monde, y compris les plus sinistres individus. Ce qui ne signifie nullement les encourager dans leur inconduite. Ni, bien sûr, les aimer.

Je suis convaincu qu'une des plus belles conduites à avoir et qui finalement nous protège aussi des ennuis, c'est rester toujours gentil.

S'affronter, se battre, se disputer, humilier son prochain ne sert à rien.

J'étais un jour en compagnie d'une personne fourbe et hypocrite qui m'avait bien roulé et exploité. Et paraissait s'en réjouir et ricaner intérieurement. J'ai subitement ressenti en moi une vive envie de faire ce que je n'ai jamais fait à personne : lui taper dessus. Je me suis retenu. Uniquement en me disant : « je ne fais pas ce genre de choses. » A présent, je m'en félicite. La personne en question s'est quelques temps après senti tellement honteuse de son inconduite que, restant malhonnête, elle en a été furieuse ! Je l'avais mise face à ses propres contradictions : vouloir se sentir fière d'elle et se conduire très mal avec un « inoffensif et généreux gentil » : moi. L'aurais-je frappé, elle aurait été la martyre, moi le méchant égoïste. Sans parler des soucis que la violence amène : problèmes avec la police qui intervient pour calmer le jeu, etc. Oui, je reste et resterais toujours un « gentil ». C'est la meilleure façon de gérer et déranger les gens qui se conduisent mal et n'espèrent pas mieux qu'on se retrouve à agir comme eux. Se retrouver sur leur terrain ne pouvant qu'ajouter d'autres ennuis à ceux qu'ils nous ont déjà causé. Car accepter pour agir leur terrain nous rend semblable à eux.

S'agissant de l'amour, la plupart des gens se conduisent comme s'ils se considéraient comme des astres morts qui cherchent à l'extérieur la chaleur de vivantes étoiles. Pour se réchauffer. Ils cherchent. La plupart de nous cherchons, le plus souvent, à récolter l'amour à l'extérieur. Alors qu'en fait il est présent en nous.

Il faut aimer sans retour. Ne rien attendre. Même rire de nos attentes et de celles des autres. Les humains sont en amour, pour la plupart, fous ou égoïstes, souvent les deux à la fois. Chercher leur amour est aussi raisonnable que chercher de l'eau dans le sable brûlant du désert.

Nous caressons la tête du chat. Il nous regarde avec sympathie. Et nous pensons : « comme il nous aime ! » En fait, il apprécie simplement notre caresse. Si ça se trouve, il se fout complètement de nous. Sa pâtée, les souris et les petites chattes du quartier le préoccupent un milliard de fois plus que nous.

Basile, philosophe naïf, Paris le 17 juin 2013

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