jeudi 17 mars 2022

1510 Je sais que tu es là

L'abeille disait

A la fleur de micocoulier,

Dont le bois sert

A faire les fouets

De tous les cochers parisiens :

Je sais que tu es là.

La Lune, lumière et princesse de la nuit,

Disait, à travers l'immensité,

Au soleil, lumière et chaleur estivales :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

L'étoile éternelle disait,

Aimant sa sœur lointaine

Scintillante au firmament :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Cependant la femme forte

Disait à l'enfant

Espiègle et imprudent :

Je sais que tu es là.

Et la douce brise marine,

Tiède et humide,

Disait au palmier de la colline numide :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le silence à la rumeur disait :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le lion rugissant

Disait à la panthère silencieuse :

Je sais que tu es là.

Le fou-rire disait

Aix larmes folles :

Je sais que vous êtes là,

Et notre amour est impossible.

Le bouclier disait

A l'espingole :

Je sais que tu es là.

La bruyante cascade glacée

Bondissante à travers

La neige et la forêt

Disait à l'incandescent sable

Du champ désertifié :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le sourire disait à la tristesse :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le soupir de fantaisie

Disait au gémissement de l'ennui :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

La peur disait au courage :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

La danse disait à l'ennui :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

L'insomnie disait au sommeil :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le jour disait à la nuit :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

La vêture disait à la nudité :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le désordre disait à la tranquillité :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

La prose disait à la poésie :

Je sais que tu es là.

La sévère gamme de gris

Disait à la somptueuse polychromie :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

L'allégresse disait à la tristesse :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le chahut disait à la tendresse :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le silence disait à la symphonie :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

La lumière disait à la poésie :

Je sais que tu es là.

Le plancton, les algues

Et les coquillages disaient

A la houle marine :

Je sais que tu es là.

La vie disait à la vie :

Je sais que tu es là !


Basile philosophe naïf

Paris, le 25 novembre 2021

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