Des centaines de parties
Ils ont joué,
En s'affrontant
Dans un combat inlassable
Et toujours recommencé.
Heureusement plutôt pacifique,
Car se déroulant sur un terrain spécifique :
Des cases formant un échiquier,
Sur lequel circulent des petites pièces en bois.
Des centaines de parties
Ils ont joué,
Michel le Chinois,
Et Ridha le Tunisien,
Deux Français d'origines ensoleillées,
Moi qui suis Français d'origine enneigée,
Car mes parents sont venus de Russie.
Ces deux chevaliers combattants
Sont des piliers
Du Moulin à Café.
S'insultant gentiment
Pour rire,
Commentant les coups
Réussis ou ratés,
Et jouant sans arrêts
Quand ils sont réunis.
Sauf quelquefois
Quand le grand Ridha se lève,
Et pour nos oreilles charmées,
Va réveiller avec entrain
Le piano du Moulin,
Ou cogner avec une précision
Et une science peu banale
Sur sa darbouka orientale.
Voici leurs amis échiquéens,
Au nombre de ceux-ci
Mario, venu d'Italie,
Sicilien qui a appris le latin
Et vient leur expliquer les échecs
Dans la langue
De l'Empire romain.
Militem, castrum, équitem,
Ponteficem, reginam, regem,
Album, nigram.
C'est tout ce que j'ai retenu.
Mais la vérité toute nue
Est que Michel et Ridha
En s'affrontant
Sont tous les deux gagnants.
Car ils ont conquis précisément
En jouant avances, prises et roques
Leur amitié réciproque,
Qui est pour moi aussi
Une source de joie.
C'est pourquoi
A Michel et Ridha
J'ai écrit,
Et dédie cette poésie.
Basile philosophe naïf
Paris, le 19 octobre 2020.
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