lundi 19 octobre 2020

1410 Les Chevaliers du Moulin à Café

Des centaines de parties

Ils ont joué,

En s'affrontant

Dans un combat inlassable

Et toujours recommencé.

Heureusement plutôt pacifique,

Car se déroulant sur un terrain spécifique :

Des cases formant un échiquier,

Sur lequel circulent des petites pièces en bois.

Des centaines de parties

Ils ont joué,

Michel le Chinois,

Et Ridha le Tunisien,

Deux Français d'origines ensoleillées,

Moi qui suis Français d'origine enneigée,

Car mes parents sont venus de Russie.

Ces deux chevaliers combattants

Sont des piliers

Du Moulin à Café.

S'insultant gentiment

Pour rire,

Commentant les coups

Réussis ou ratés,

Et jouant sans arrêts

Quand ils sont réunis.

Sauf quelquefois

Quand le grand Ridha se lève,

Et pour nos oreilles charmées,

Va réveiller avec entrain

Le piano du Moulin,

Ou cogner avec une précision

Et une science peu banale

Sur sa darbouka orientale.

Voici leurs amis échiquéens,

Au nombre de ceux-ci

Mario, venu d'Italie,

Sicilien qui a appris le latin

Et vient leur expliquer les échecs

Dans la langue

De l'Empire romain.

Militem, castrum, équitem,

Ponteficem, reginam, regem,

Album, nigram.

C'est tout ce que j'ai retenu.

Mais la vérité toute nue

Est que Michel et Ridha

En s'affrontant

Sont tous les deux gagnants.

Car ils ont conquis précisément

En jouant avances, prises et roques

Leur amitié réciproque,

Qui est pour moi aussi

Une source de joie.

C'est pourquoi

A Michel et Ridha

J'ai écrit,

Et dédie cette poésie.


Basile philosophe naïf

Paris, le 19 octobre 2020.


 

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