jeudi 11 mai 2017

755 Le patriarcat dans la vie quotidienne

Le premier problème de la société humaine, en ancienneté, horreur et importance, c'est le patriarcat. La volonté machiste de dominer et maltraiter les femmes. Cette volonté est portée par un très grand nombre d'hommes et aussi une partie des femmes, qui approuvent cette démarche qui leur porte pourtant préjudice. Il n'y a qu'à feuilleter certains magazines féminins faisant l'apologie de la femme objet sexuel de trente ans, pour en avoir l'exemple.

Le patriarcat ne s'affiche pas toujours sous sa forme grimaçante et caricaturale. Il peut prendre une forme beaucoup plus policée et « présentable ». Il ne s'agira pas d'enfermer les femmes mais de les protéger. De les traiter en objets sexuels mais d'admirer leur beauté... De les encager, mais de les « aimer ».

Insidieusement, la démarche traitant les femmes en êtres mineurs et subordonnés à l'homme sera travestie en ensemble de « bonnes intentions ». Voir une femme inconnue ou peu connue et l'imaginer d'avance et forcément dans le rôle « d'amoureuse » sera la forme de pensée qui niera son existence intrinsèque. Un ami me disait il y a bien des années : « la femme est faite pour l'amour ». Ce qui implique qu'elle n'existe pas par elle-même mais seulement à condition d'être... le complément d'un homme.

C'est l'éducation, le conditionnement qu'on ne cesse de chercher à donner aux filles dès le plus jeune âge. On n'arrêtera pas de seriner aux fillettes : « tu es belle ! » « comme tu es belle ! » Ce qui donnera à leur beauté physique une place primordiale. Et qui dit beauté sous-entend admirateurs pour la souligner et la faire vivre... donc une fille n'existera qu'à travers le regard des autres et naturellement... des garçons. Elle n'existera que par et pour eux et pas par elle-même.

Les divagations sur l'amour recouvrent aussi ce discours machiste. L'amour serait le but de la vie d'une femme... l'amour d'un homme. Donc, une fois encore la femme ne pourra prétendre exister que par et pour un homme. Le patriarcat qui pointera une fois de plus ici son nez va vouer aux gémonies les discours autres. L'homme sera « le vainqueur ». Il ne saura pas tolérer prendre la place de la femme. Il sera fort et « dirigeant ». Jusque y compris au bal où traditionnellement c'est lui qui invite à la danse. Et aussi qui invite éventuellement au lit. C'est la tradition qui le dit.

La démarche masculine sera celle de l'appropriation. Si la femme accepte tel ou tel geste, telle ou telle situation, ça signifiera qu'elle « doit » passer à la casserole... Dans toutes sortes de situations pas spécialement visiblement violente on verra poindre la violence idéologique du patriarcat. Celle qui nie son identité humaine à la femme et la veut seulement comme un être incomplet, dépendant, subordonné à l'homme.

Habituées à jouer le jeu, certaines femmes ne supporteront pas de ne pas être traitées patriarcalement. De se retrouver respectées de façon inhabituelle pour elles. Ne pas être regardée comme un objet met mal à l'aise certaines femmes considérées comme très jolies. Elles se retrouvent dans une situation inhabituelle qui les déstabilise. Je me suis fait engueuler un jour par une jolie femme parce que je ne la dévorais pas des yeux comme les autres hommes le faisaient. C'était une situation plutôt cocasse et étrange. Inversement je me suis fais une fois rappeler à l'ordre par une jeune fille qui, entrant dans un kebab où je déjeunais, s'était retrouvée juste devant moi. J'avais commis à ses yeux l'impertinence de regarder devant moi où elle se trouvait. Je n'ai pas contrarié cette jeune fille. J'ai ensuite fait exprès de regarder ailleurs que devant moi. Il vaut mieux rire intérieurement de ce genre de situations. Ce qui n'empêche pas que c'est d'abord aux hommes qu'il appartient de faire bien attention à ne pas cultiver le patriarcat dans la vie quotidienne.

Basile, philosophe naïf, Paris le 11 mai 2017

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire