samedi 4 juin 2016

557 Ne rien laisser paraître, mentir, pourquoi faire ?

Un personnage connu, un de plus, a été pris « la main dans le slip », harcelant et agressant de jolies femmes de son entourage. Peu importe son nom, il y en a d'autres. Les témoignages montrent un macho classique s'en prenant au gibier féminin alentour dès qu'il se retrouve en tête-à-tête avec. Bisous volés et seins agrippés, propositions diverses... tout ce que rencontrent malencontreusement et quotidiennement d'innombrables femmes de tous les milieux. Ce qui est intéressant à relever, ce sont les réactions face à ce scandale récent.

Dans un train, tout dernièrement, j'observais deux couples d'enseignants retraités en voyage. Comme ils étaient voisins et parlaient forts, j'entendais leurs commentaires de l'actualité. Ils en vinrent à commenter l'histoire de cet homme aux mains trop baladeuses.

Les femmes ne disaient rien à ce propos. Et un des hommes s'étonnait de vive voix : « comment est-ce possible qu'un homme puisse avoir une telle conduite, puisse agir pareillement ? »

On a là tout le résumé des comportements classiques féminins et masculins dans notre société française et parisienne, et d'autres sociétés encore.

Les femmes savent bien que cet harcèlement, ces agressions existent. Elles se taisent. Les hommes savent aussi cela... et font semblant de le découvrir. Font mine de voir là un phénomène marginal, inattendu, exceptionnel.

Pourquoi de tels comportements ? Parce que nombre de femmes sont résignées et courbent la tête. Et nombre d'hommes... couvrent et excusent, voire envient, même partagent les comportements critiqués.

Aux femmes on a appris à se taire. Aux hommes à être complices. J'entendais un jour deux hommes cultivés, propres sur eux, apparemment « corrects et bien élevés » parler du viol.

L'un des deux disait : « si une femme se fait violer, c'est qu'elle le veut bien. » Son interlocuteur l'approuvait. Ils ne se gênaient pas d'énoncer cette opinion, car ma présence ne les dérangeait pas. Nous étions « entre hommes ». Ça se passait à Paris il y a quelques dizaines d'années.

On parle souvent dans les médias de la quantité énorme de femmes qui ont été agressées sexuellement. Le chiffre est toujours au minimum égal à trente pour cent. C'est-à-dire que sur dix femmes, environ trois au moins, et certainement bien plus, ont été agressées. En parlent-elles aux hommes ? Pratiquement jamais, comme si être une victime serait déshonorant. Mais si autant de femmes se sont fait et se font agresser sexuellement, ça signifie aussi que dans notre entourage il y a des agresseurs passés, présents et futurs. De cela on ne parle jamais.

Leur présence, la mansuétude dont ils bénéficient, explique l'attitude de beaucoup d'hommes qui ne sont pas tous des agresseurs, mais ne condamnent pas trop ces derniers. Il y a là un problème important.

Il témoigne de ce que beaucoup de gens ne comprennent pas grand chose à la vie, aux relations homme femme et leurs implications. Chercher à les comprendre, à s'améliorer, se remettre en question, n'apparaît pas pour beaucoup être une préoccupation. Suivre le troupeau. Faire comme si on découvrait un phénomène rare le jour où un agresseur sexuel est dénoncé. C'est plus facile et rassurant pour certaines personnes, y compris apparemment « correctes et bien élevées ».

Basile, philosophe naïf, Paris le 4 juin 2016

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