lundi 9 mai 2016

545 Nuit endorphinique et « chagrins d'amour »

Un jeune homme beau, fort, sensible, intelligent, cultivé, recroquevillé, en larmes et désespéré... que lui est-il arrivé ? Un deuil, une catastrophe, un malheur sans nom ? Rien, rien de plus qu'une dispute avec sa copine. A voir ce tableau, je peux s'interroger sur la fragilité morale engendrée par l'état amoureux. Et souscrire à ce propos d'un étudiant des Beaux-Arts de Paris qui m'était rapporté dans les années 1970 : « la vraie force, c'est parvenir à se passer des femmes. » Et, effectivement, à voir le malheureux décrit plus haut, ça ne me donne vraiment pas envie d'avoir une amoureuse. Moi aussi, j'ai connu de pareils états pour les mêmes raisons. Mais ne m'étais pas vu.

D'où proviennent de telles réactions excessives ? Elles tiennent à nos vies et aux endorphines. Quand nous atteignons l'âge de quatre ans environ, survient le sevrage tactile. On est « grand » ! Fini les caresses ! On entre dans la nuit endorphinique. Et, un jour, vers douze, treize, quatorze ans, on se sent attiré par le besoin de contacts lié à la maturité reproductive. Carencé et analphabète tactile, on ne sait comment sortir de son état. Alors, « l'amour » fait ses ravages...

On croit que le bonheur réside dans la relation avec une espèce de vague succédané de papa ou maman, qui serait l'amour « unique et éternel » de notre vie. Des personnes apparemment raisonnables croient à ces fadaises. Dès qu'elles semblent validées par quelques giclées d'endorphines, suite à quelques contacts « physiques » et des rêveries concomitantes, on croit que ça y est ! On arrose le tout avec le poison de la jalousie et on se croit sorti de la nuit endorphinique. Quand, zim boum ! Patatra ! Lollotte vous fait la gueule pour une microscopique raison. Et on s'effondre moralement. On est en état de manque endorphinique. On pleure. Tout est foutu !

A force de voir la litanie de catastrophes en tous genres généré par ces contrariétés dites « chagrins d'amour », j'en ai ma claque des « belles (?) histoires d'amour ». J'en viens à vraiment me dire qu'une bonne solitude tranquille embellie par de bonnes amitiés, des plaisirs esthétiques, intellectuels, du rire et des chansons vaut mieux que toutes les Lollotte de la planète...

Des donneurs de leçons en tous genre vont claironnant : « une vie sans amour ne mérite pas d'être vécue ! » Ils ne se sont pas regardés ! Quand je repense au jeune homme dont je parlais au début de ce texte, je me dis qu'on peut aussi clamer, si on veut : « une balade en auto rapide et sans freins est indispensable à notre joie ! » C'est facile de donner des conseils à la con. Il suffit de remuer sa langue ou noircir une feuille de papier avec un peu d'encre. Les risques, les ennuis, les soucis, les souffrances, les chagrins des autres, on ne les voit pas. Moi si, je les vois.

Si vous souhaitez courir après les Lollotte, allez-y. Moi, je reste derrière mon clavier d'ordinateur, bien tranquille et heureux de vivre.

Je n'ai rien contre les Lollotte. Les apprécie et respecte. J'apprécie et respecte aussi la panthère de la ménagerie. Mais ne vais pas pour autant la caresser. Si vous allez caresser les Lollotte ou la panthère, c'est votre affaire. Si elles vous font souffrir, c'est votre affaire aussi. Personnellement, question de goût, je préfère éviter la souffrance. Il existe tellement de belles choses sur Terre, de belles activités, qui sont un million de fois plus belles que toutes les Lollotte du monde.

Il faut arriver à gérer raisonnablement ses endorphines. Se shooter massivement, avec de l'alcool, de la drogue ou des Lollotte, est une démarche qui ne me convient pas.

Je vais à présent aller me faire une dose d'endorphines : manger, car il est tard et je n'ai pas encore déjeuné. Avant, je mettrais en ligne ce texte, ça me fera plaisir également. Salut !

Basile, philosophe naïf, Paris le 9 mai 2016

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