mercredi 4 mai 2016

543 Les humains sont ignorants, consuméristes et putassiers

Il y a trente ans, suite à un stage de massages, j'ai commencé à étudier le toucher et chercher à l'analyser, le comprendre. En 1988, j'ai rencontré un toucher particulier, que j'ai mis des années à identifier, m'y entrainer. A présent, je sais que tous mes efforts n'ont servit à rien, en tous cas pas à grand chose. Juste à réaliser à quel point notre société est vide tactilement. Et à quel point la plupart des gens sont des analphabètes tactiles. Ils ne savent pas toucher les autres. En ont peur. Assimilent le toucher au sexe et au viol. Si on effleure un inconnu dans le métro parisien, il faut s'excuser aussitôt. En revanche, si on aperçoit un chat ou un chien inconnu sur son chemin, à moins qu'il ne fuit, mord ou griffe, on peut le caresser, si on veut. Les chats et les chiens sont mieux traités par les humains que les humains.

A cette ignorance tactile, fruit empoisonné de notre culture, s'ajoute un consumérisme imbécile dans le domaine du cul. A écouter un grand nombre de gens, pas forcément les plus grossiers de prime abord, les humains seraient des objets de consommation. A tout prendre, il serait raisonnable de choisir les plus « appétissants » pour les consommer. Résultat de ce délire imbécile, les femmes et les jeunes filles sont littéralement harcelées en permanence par des troupeaux d'imbéciles ahuris de sexe masculin.

Enfin, quand des humains acceptent de se rapprocher « physiquement », loin de donner, la plupart du temps, ils souhaitent commercer. « J'écarte les jambes et accepte ta pénétration en échange de la sécurité morale et matérielle et de la disposition exclusive de ton pénis et tes caresses. » On appelle ça « être sérieux ». Bien sûr, on ne parle pas de commerce. Mais c'en est bien un. Une forme de prostitution réciproque où on s'engage à troquer l'intimité sexuelle contre des garanties matérielles, morales, sociales, idéologiques, physiques, ou autres, un tas de choses diverses.

Comme le sexe n'est pas une marchandise comme les autres, mais relève de la physiologie humaine, l'organisme finit par se cabrer face à des exigences insupportables. L'homme arrête de bander, la femme de jouir. Il y a « désaccord sexuel ». En fait, il y a désaccord tout court et depuis le début. On se sépare, ou plus exactement, on prend acte qu'on n'a jamais vraiment été ensemble.

L'indépendance matérielle des femmes leur permette de mettre un terme à des situations qui, il y a quelques décennies, perduraient. La femme qui n'avait nulle part où aller restait, l'homme n'arrivait pas à sortir de la situation. Il restait de longues heures au bistro, retardant le moment du retour au foyer où il retrouvait une femme à laquelle il n'avait rien à dire. Voire même qu'il frappait.

Notre époque encense paraît-il le mariage. Mais on n'a jamais vu autant de divorces, de séparations et de personnes déclarant « souffrir de la solitude ».

Existe-t-il des solutions pour améliorer cette situation de souffrances ? Je n'en sais rien. J'en doute. Car loin de vouloir chercher des solutions, se remettre en question, la plupart des personnes souhaitent voir triompher « leurs solutions » et que les autres se remettent en question ! Il n'y a pas de bonne volonté visible. Chacun se dit qu'il a raison et que les autres n'ont qu'à se rallier à son opinion.

Savoir bien vivre sa solitude commence par réaliser à quel point d'autres vivent mal « la solitude à deux ». Savoir se passer de caresses commence par réaliser à quel point on manque peu de choses vu l'analphabétisme tactile régnant. Il y a tant de belles et bonnes choses possible en dehors des pièges de « l'amour » et des escrocs de la tendresse des deux sexes. La vie est belle, à condition de ne pas s'obstiner dans des impasses très rutilantes et de grand prestige.

Basile, philosophe naïf, Paris le 4 mai 2016

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