samedi 26 septembre 2015

420 Le charme du vieux et le charme du neuf

Il y a bien des années, je me suis posé une question sans trouver la réponse : « pourquoi des objets, des choses anciennes ont-ils du charme à nos yeux ? Une vieille pendule, un vieux livre, un vieux château ? » J'ai enfin trouvé aujourd'hui la réponse à ma question. Une fois encore, il s'agit d'une implication de la terreur intérieure fruit de la sortie de l'enfance prolongée. Fuir cette terreur passe ici par la fuite du monde actuel. Et quel meilleur moyen de fuir que celle de nous retrouver à une autre époque, via l'admiration pour de vieilles choses ?

La même démarche consistera à fuir non pas vers le passé, mais vers le futur. On trouvera un charme inexplicable aux choses nouvelles. C'est même un argument de vente employé par la publicité.

En quoi une chose parce qu'elle est ancienne ou nouvelle a-t-elle une qualité intéressante ? En ce qu'en choisissant de lui accorder de l'intérêt on se porte intellectuellement et symboliquement en quelque sorte dans le passé ou l'avenir. Et on « quitte » psychologiquement le présent où la terreur intérieure mine notre moral. On use d'un artifice pour fuir la réalité.

Quand je me plonge dans la contemplation de photos de vieilles locomotives à vapeur, par exemple, je ne suis plus là, en 2015, mais en 1970 et même avant, du temps où elles roulaient. Pour la même raison, on trouve les modes. Plutôt que chercher à fuir dans le passé ou le futur, on rejettera le présent au nom d'une nouvelle mode. Une nouvelle mode qui sert à nier le moment où on vit. Quitte à abandonner d'excellentes choses. Le résultat est que la terreur intérieure conduit à rejeter une multitude de bonnes choses. Car « elles ne sont plus à la mode ».

Dans la chanson, par exemple, d'innombrables chanteurs de talents, chansons réussies, ont été rejeté dans l'oubli. Mais, il n'y a pas que les chansons et chanteurs qui sont victimes de la sorte. Comme les politiques sont aussi des humains, ils connaissent la terreur intérieure comme la plupart des humains. Et là, les conséquences de la fuite de la réalité peuvent être dévastatrices.

Pour modifier le « temps » actuel, partir « ailleurs », les politiques pourront chercher à faire des réformes. Y compris des reformes absurdes, stupides, ridicules, l'essentiel étant de réformer à tous prix, même quand il n'y a rien à réformer. Ou en tous cas rien à réformer de cette manière-là.

Une réforme récente amène en France les médecins à devoir traiter une quantité formidable d'actes administratifs sur leur ordinateur privé. Pourquoi ? Ai-je demandé à mon médecin habituel et aussi à mon dentiste. Pour rien, c'est juste un choix idéologique, m'ont-ils répondu. Une autre réforme annoncée consistera à confier aux opticiens le soin de « faire des lunettes » sans qu'une ordonnance d'un médecin ophtalmologiste soit nécessaire. Ce qui sous-entend que ce dernier se borne à indiquer à l'opticien quelles paires de lunettes fabriquer. Or, ce n'est pas tout. Le médecin ophtalmologiste surveille et vérifie les yeux de ses patients, et peut, par exemple, détecter les prémisses d'un glaucome. Sauver ainsi la vue du patient. Chose que l'opticien ne sait pas faire et ne fait pas. En se débarrassant des médecins ophtalmologistes dans la réalisation de nouvelles lunettes, on amènera des patients non contrôlés à perdre à terme un œil ou même devenir aveugle... Mais, ça n'est pas important. Seule importe la réforme !

Détruire pour changer est plus facile que construire. Ainsi, il a été pris la décision de fermer l'hôpital, militaire du Val-de-Grâce en 2017. 350 lits supprimés avec un des meilleurs hôpitaux de France. Peu importe les conséquences calamiteuses de cette décision. Pour les décideurs, l'essentiel est de changer, réformer, peu importe de quelle manière, afin de fuir leur terreur intérieure.

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 septembre 2015

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