mercredi 21 janvier 2015

335 Comment donner la possibilité à l'amour de venir à nous

Il existe au moins trois types de sentiments très particuliers et différents qui attachent les humains entre eux. L'un serait de se sentir congénères. On pourrait appeler ça « la congénarité », le sentiment d'appartenir à une même espèce, juste cela ou presque. Elle nous fait définir l'autre de diverses manières : c'est une connaissance, un voisin, un collègue de bureau, une rencontre de vacances...

Ensuite existerait l'amitié. Et enfin, l'amour. Comment le définir ? Cherchez à définir le goût du sucre, la couleur rouge, la mer, si vous ne l'avez jamais vu. C'est impossible. Il le faut le gouter, le voir. L'amour, c'est pareil, il faut le vivre pour comprendre ce que c'est.

Le besoin d'amour insatisfait amène toutes sortes de comportements qui égarent, éloignent ou tiennent en tous cas à distance de l'amour.

Parmi ces comportements erronés, certains, fréquents, peuvent être cités ici :

Croire que l'amour c'est de l'amitié plus du « sexe ». C'est à dire de l'amitié plus de la pratique sexuelle, ou considérée telle, comme, par exemple, le bisou sur la bouche. Certains très jeunes gens et très jeunes filles considèrent ainsi qu'ils « pratiquent le sexe » juste en s'embrassant sur la bouche.

Une autre démarche erronée consiste à croire que l'amour c'est de la jalousie plus du sexe. C'est à dire de la pratique sexuelle, ou considérée telle, plus de la jalousie.

Une troisième démarche erronée c'est croire que l'amour consiste en une relation où on prend de grandes décisions à la va vite, comme emménager ensemble ou déclarer à la cantonade que dorénavant « on est ensemble ». En avalisant éventuellement cette proclamation par une cérémonie en mairie, par exemple. Cérémonie qu'on appelle « mariage » et qui n'est pas forcément l'amour.

On peut, bien sûr, combiner ensemble plusieurs démarches erronées.

Pour que l'amour surgisse, il faut deux choses qui ne se décident pas. Et une qui se décide plus ou moins :

Les deux choses qui ne se décident pas sont : un terrain favorable. Et un minimum de confiance réciproque. Celle-ci naît avec le temps, si le terrain est favorable. Sans elle, il n'y a pas d'amour.

La troisième chose indispensable et qui se décide plus ou moins, c'est : respecter l'amour.

Respecter l'amour signifie éviter les obstacles qui sont essentiellement :

Le sexe artificiellement ramené. On baise sans désir véritable et authentique parce qu'on croit devoir le faire.

La jalousie, qui est une forme de haine destructrice, d'expression du manque, voire de l'absence de confiance. Celui ou celle qui est très jaloux ne sait pas. Et n'arrivera pas à aimer.

Les grandes décisions prises à la va vite, comme annoncer très vite à la cantonade qu'on est « ensemble », etc. Ou encore, par exemple, emménager ensemble alors qu'un des deux n'en a pas trop envie et se laisse entrainer, pousser par l'autre.

Manquant d'amour, que font les humains qui les égare et empêche l'amour de venir à eux ?

Diverses conduites existent :

Se droguer, c'est à dire être amoureux d'une substance : alcool, tabac, haschich, héroïne, etc. ou d'une pratique stupéfiante : jouer aux courses, passer sa vie à faire des jeux sur un ordinateur ou être pendu en permanence à son téléphone pour échanger des banalités, etc.

Devenir amoureux d'autre chose que d'êtres humains. Par exemple être amoureux de son travail, en faire sa vie au point qu'arrivé à la retraite on meurt rapidement ou on se suicide. On peut aussi tomber amoureux de l'argent, du « pouvoir », de la « célébrité » qu'on recherche à tous prix. Soit en fréquentant ou cherchant à fréquenter des personnages « célèbres ». Soit en cherchant à tout prix à le devenir nous-mêmes.

On peut aussi cultiver l'idée absurde d'un « monde idéal ». Ce rêve est l'expression de l'amour qui nous manque et de ce manque que nous n'identifions pas comme tel. Sinon, n'importe quel individu un tant soi peu sensé, en considérant les faits historiques et le comportement des autres, en déduit très facilement qu'avec des humains qui ne sont pas idéaux on ne saurait imaginer la naissance d'une société idéale. S'agissant de cette croyance, il existe des exemples anciens. Par exemple, certains Espagnols rêvaient jadis d'un pays imaginaire qu'ils appelaient « El Dorado ». Ou ils rêvaient de parvenir jusqu'aux « sept cités de Cibola ». Plus récemment, dans les années 1920, la Russie était un pays ruiné par la guerre civile, affamé, en ruines et vivant sous une terrible dictature. Pourtant, des dizaines de millions d'hommes et femmes intelligents, sensibles, lucides, de par le monde, en arrivaient à croire que la Russie c'était le Paradis sur Terre. Ils manquaient d'amour. Et le manque d'amour rend souvent incapable de percevoir la réalité si elle nous fait mal.

Parfois, ce monde rêvé se résume à une fabuleuse « vie à deux » où « le Grand Amour » arrangerait tout comme par miracle. Ou alors ce serait « le Grand Sexe », une pratique sexuelle également fabuleuse qui assurerait magiquement un bonheur total. Ou encore, la croyance en la valeur suprême et transcendantale de « la Beauté ». Un être d'une beauté considérée comme fabuleuse assurerait par sa seule présence une félicité absolue. C'est un peu comme si je croyais qu'il me suffit d'approcher et séduire une femme admirable pour que tout aille bien pour moi. D'où ma démarche serait, par exemple, d'approcher et chercher à séduire une fille très jolie, voire une célébrité du spectacle ou de la chanson, telle Laetitia Casta ou Nolwenn Leroi. Cette démarche stupide, pitoyable et risible fait que les célébrités se font très souvent harceler. Et reçoivent des déclarations d'amour enflammées et des demandes en mariage de parfaits inconnus. Ce harcèlement conduit les célébrités à s'entourer de barrières qui empêchent tout le monde de les approcher.

Pour compenser le manque de l'amour se développent également des comportements déviants. Par exemple, se délecter de connaître en détails la vie « sexuelle » des autres, célébrités ou collègues de bureau. On peut aussi chercher à violer les personnes qu'on a remarqué comme « désirables » et qui sont loin de souhaiter une activité sexuelle avec nous. Ou, dans sa démarche de recherche de « l'amour » ou du moins de ce qu'on croit être l'amour, on va chercher systématiquement des partenaires très très jeunes ou très très âgés par rapport à soi. On pourra aussi fréquenter des soirées libertines, faire de l'exhibitionnisme, se gaver de pornographie, etc.

L'amour conduit-il forcément au « sexe » ? Absolument pas, il peut en avoir besoin, s'en passer, en être exempt, voire être totalement incompatible. Ça dépend des cas. On peut être authentiquement amoureux d'un, une, ou plusieurs partenaires sexuels. Et détruire son amour avec le sexe partagé. Ça arrive fréquemment.

L'amour authentique et véritable peut exister entre des personnes qui, non seulement ne pratiquent pas le sexe entre elles, mais de plus n'en ont pas envie. Et même entre lesquelles ce type de rapports est mal vu, voire carrément interdit par la loi. Certaines fortes amitiés sont en fait de l'amour qui ne dit pas son nom. Et certains prétendus amours ne sont que de l'amitié « bricolée » qu'on s'efforce vainement à transformer en amour.

Le sexe et l'amour sont deux choses différentes qui ne vont pas toujours nécessairement ensemble. S'agissant du « sexe », il faut éviter de se fabriquer des faux désirs. Comme, par exemple, se dire en pensant à une femme qui nous plaît pour son allure, sa beauté, son caractère : « elle est formidable, donc je dois chercher à faire l'amour avec elle ». Cette démarche est parfaitement stupide et destructrice, y compris de la naissance d'un éventuel amour entre cette femme et vous. Amour qui n'inclura pas nécessairement une activité sexuelle partagée.

Ramener le sexe comme un cheveu sur la soupe. Cette manière de faire hélas très répandue a des conséquences dévastatrices en région parisienne et certainement dans bien d'autres endroits. Les femmes, surtout jeunes et jolies et se déplaçant seules dans des lieux publics n'osent pas simplement regarder les hommes ou leur sourire, ou leur parler. Elles se méfient à juste titre. Car, quantité d'hommes croient que toutes approches réelles ou supposées sont une ouverture vers un rapport sexuel impératif. Et s'ils se sentent ensuite contrariés ils peuvent devenir parfois violents, et même violeurs. Parmi les hommes qui hypersexualisent les femmes et sont incapable d'avoir des rapports sains et respectueux avec elles, on trouve des personnes sensibles, intelligentes, mais totalement abusées par leur mauvaise éducation et les mauvais exemples qu'ils suivent.

Certaines femmes, contaminées par cette éducation hypersexualisante ont des comportements qui rappellent ceux des hommes hypersexualisés. Elles n'en sont pas plus heureuses pour autant. Les hommes hypersexualisés les rejettent, car leur comportement sexuel se veut dominateur. Et ils se retrouvent comme un coq qui drague un coq. Il y a incompatibilité. On ne saurait mettre ensemble deux coqs dans une même basse-cour et qu'ils s'entendent ensuite.

Mais même des gens sensibles et doux se font abuser par leur mauvaise éducation et les mauvais exemples qui les conditionnent et qu'ils suivent bêtement. Mon père m'a raconté que, quand il était jeune, dans les années 1920, il avait une amie avec laquelle il s'entendait en tout merveilleusement bien. Elle n'était ni sa maitresse, ni sa fiancée, ni sa femme, ni quoi que ce soit de ce genre. Elle était juste une prodigieuse amie. Et, appréciant cela, il s'est dit : « si nous nous entendons aussi bien, pourquoi ne pas nous marier ? »

Il a fait sa demande. A choqué l'amie. Elle a cessé de le voir. Devenu vieux, mon père en conservait encore des regrets.

Il avait cru que l'amour signifiait le mariage, donc le sexe.

Moi-même, j'ai failli briser une amitié en ayant une démarche similaire il y a bien des années. Une amie me paraissait bien en tout... alors, pareillement que mon père bien des années auparavant, j'ai fait le même stupide raisonnement intellectuel. « Si on s'entend si bien, pourquoi ne pas faire notre vie ensemble ? »

J'ai pondu une lettre de six pages que j'ai envoyé à cette amie. Cette lettre a bien failli détruire notre amitié. Elle l'a en tous cas refroidi pour de longues années.

Laissez venir l'amour à vous. Ne cherchez pas à le faire venir à vous.

Il est comme un oiseau qui s'approche timidement de vous. Si vous lui criez d'approcher, il s'envolera.

Basile, philosophe naïf, Paris le 21 janvier 2015

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