vendredi 2 janvier 2015

327 Les peurs en héritage et leurs implications

Le phénomène de la peur ou des peurs en héritage explique toute une série de comportements humains apparemment dépourvus de sens. J'en ai vu divers exemples :

Une personne est convaincu de quelque chose. Vous lui démontrez le contraire. Elle approuve... et tout de suite après fait machine arrière et retourne sur ses positions d'origine. J'ai, un jour, démontré à une amie qu'elle agissait bêtement avec son amant, qui ne la respectait pas. Elle m'a approuvé. Et a ensuite continué à faire comme d'habitude avec lui. Jusqu'à ce qu'elle le quitte pour un autre homme, pire que lui et ayant exactement les mêmes défauts, le même profil : égoïste, égocentrique et macho.

Un homme défend un projet politique. Vous lui démontrez qu'il est horrible ou insensé. En paroles, il approuve... et ne change pas d'avis.

Une dame est attachée à tout un tas de mythes à la mode. Vous lui faites comprendre que vous ne partagez pas ses rêves. Elle s'exclame alors que « vous ne croyez en rien », « vous ne vivez rien d'intéressant »... Parce que le seul fait qu'on puisse ne pas partager ses croyances lui fait peur au point de vous classer parmi les insensés.

Les exemples sont innombrables et quotidiens. Si ces comportements absurdes existent, c'est parce que les peurs en héritages bloquent la pensée. Reconnaître la vérité représente un effort trop dur, est trop effrayant.

Les peurs en héritages sont également un aliment de choix pour nourrir les comportements subitement violents, les fanatismes les plus divers.

Une jeune fille annonce à son amant qu'elle le quitte. Celui-ci la tue et puis déclare regretter son geste. C'est une situation hélas classique. Quand une amante m'a quitté, j'ai été très étonné et surpris de ressentir en moi un jour quelques temps après l'envie d'être très violent avec elle. Je me suis raisonné et n'ai rien fait de tel. L'envie de violence s'est alors tout de suite dissipée. Mais, si j'avais été quelqu'un de moins raisonnable, de violent en général, d'alcoolique, qu'aurais-je fait ?

Je me suis demandé d'où m'était venu ce sentiment inattendu. C'est seulement quand j'ai compris l'existence des peurs en héritage, que j'ai trouvé une explication satisfaisante. La confrontation avec le changement exacerbe souvent celles-ci. Et la fuite prend un caractère absurde. Être violent avec mon amie n'aurait rigoureusement rien arrangé pour personne, ni pour elle, ni pour moi, ni en général. Par la suite, j'ai été durant un an poursuivi par une envie suicidaire, à laquelle j'ai résisté. Envie qui s'est également totalement dissipée ensuite. Cette tentation auto-destructrice à mon avis a eu pour origine l'envie d'être violent avec mon amie, envie que j'ai contrarié en restant pacifique. Elle s'est alors transformé en envie de violence contre moi-même. Toute chose produite par des peurs en héritage et non par une « colère » ou un « désespoir » qui serait le produit de la situation. S'il s'agissait de « colère » pourquoi éclatait-elle des semaines après notre séparation ? Puis s'évaporait-elle ? Pareil pour ce « désespoir » à retardement, finissant lui aussi par s'évaporer.

En fait nous sommes guidés par trois choses en nous : le cœur, c'est-à-dire les sentiments, la raison, c'est-à-dire les pensées, et enfin, les peurs en héritages qui viennent parasiter notre vie. L'explication paraît extrêmement simple, trop peut-être... Mais, combien d'années m'a-t-il fallu pour y parvenir ! Être conscient de l'existence de ces freins, accélérateur et égareur des peurs en héritage rend plus lucide pour comprendre ses motivations, celles des autres. Et améliorer notre authenticité.

Basile, philosophe naïf, Paris le 2 janvier 2015

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