dimanche 4 janvier 2015

330 Gagner le moins d'argent possible

Quand on critique l'existence de l'argent, la réaction classique qu'on entend en retour est toujours : « oui, mais il en faut ». Cependant, on ne précise jamais alors combien, quelle quantité.

Sous-entendu qu'il en faut le plus possible. Être riche serait, au fond, un but général pour tous. Et si, au contraire, on répondait : « Gagner de l'argent ? Soit, mais, le moins possible. » C'est-à-dire, juste ce dont on a besoin, et pour le reste rien.

L'argent est un piège sophistiqué. Il fait croire que tout le monde peut en gagner assez, alors qu'il est conçu exactement comme un rationnement. Où la très grande majorité doit souffrir d'en manquer tandis qu'une très petite minorité connait l'extrême abondance. Et ceci indépendamment du travail. Les travaux les plus durs sont généralement les moins bien payés. Et les gens très riches le sont autant dire toujours pas grâce à un travail, mais par héritage. Leur richesse provient simplement de ce qu'à leur naissance ils ont été expulsé d'un vagin friqué, avec quasiment toujours comme ancêtre fondateur de leur dynastie riche, un très grand voleur, voire même un bandit, un assassin

Mes parents m'ont rapporté que Jean Jaurès dit dans l'« Histoire socialiste de la Révolution française » que la plupart des familles très riches en France ont initié leur fortune par la spéculation sur les assignats garantis sur les biens nationaux. Qui étaient, j'ajoute, des biens volés au roi, à l'église et à la noblesse. Noblesse qui avait elle usurpé les biens de l'Empire romain. Empire qui avait pillé et volé les peuples qu'il avait asservi... Qui eux-mêmes avaient dévalisés d'autres peuples qui les avaient précédé. Il n'y a pas de mystère. Pour devenir très riche, il faut être un voleur. Ou hériter d'une filiation riche, au départ de laquelle se trouve un voleur, un bandit, un assassin.

Un des meilleurs moyens pour devenir très riche est d'être un grand conquérant. Qu'est-ce qu'un grand conquérant ? C'est un très grand assassin.

Une autre réflexion classique qu'on peut souvent entendre à propos de l'argent est : « tu te contente aujourd'hui de peu. Mais tu verras, si tu as des enfants, tu auras besoin de beaucoup plus d'argent. »

Plus d'argent pour les enfants ? Soit, mais juste ce qu'il faut. C'est-à-dire, en tenant compte de ceux-ci, disposer du moins possible d'argent. Pourquoi ? Parce que l'argent pourri tout. Y compris les rapports familiaux, quand l'argent vient remplacer l'amour et l'attention des parents pour les enfants.

L'argent, c'est le piège. Il tue fraicheur, générosité, spontanéité, solidarité, fraternité, art, sensibilité, sentiments humains en général. C'est le grand destructeur. Vous voulez faire péricliter une entreprise : mettez en avant la nécessaire subvention. Vous voulez réussir une activité collective : comptez sur vous-mêmes, le cœur et les moyens du bord.

La seule vraie richesse c'est le cœur.

Mais, si ce dernier propos est formellement le plus souvent approuvé, quand on creuse plus loin, on rencontre bien souvent un point de vue tout à fait différent. Ainsi, j'expliquais un jour à quelqu'un que l'argent n'a pas toujours existé. Et peut donc être appelé à disparaître. Ce que je souhaite. Mon interlocuteur en a été tout retourné et m'a affirmé que je me trompais. « L'argent a toujours existé ! » m'a-t-il dit. Il est difficile de se débarrasser de la non pensée qui consiste à accepter comme phénomène éternel une chose à laquelle nous sommes simplement habitués. L'argent disparaîtra un jour, avec son cortège de calamités de toutes sortes, en premier chef la guerre, la corruption, la famine organisée et la ploutocratie. Qui est le régime politique sous lequel à présent nous vivons.

Basile, philosophe naïf, Paris le 4 janvier 2015

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