vendredi 12 décembre 2014

315 Le principe du gâteau

Vous devez faire ces exercices dans la salle de sport, vous devez suer, avoir mal, et après vous serez plus fort, plus beau, plus en bonne santé. Vous allez vous faire chier toute votre scolarité, mais, au bout, vous aurez une bonne place grâce à vos diplômes. Et, pour commencer, devoir digérer cette ennuyeuse leçon de géographie ou ce très emmerdant problème de maths, au lieu d'aller jouer avec les copains. Vous allez vous faire chier toute la semaine au travail, à faire des choses qui ne vous intéressent pas, en compagnie de gens qui vous ennuient et sous les ordres de connards qui vous énervent. Et après, grâce à l'argent gagné vous pourrez « réussir votre week-end ». Vous allez vous faire chier au même boulot toute l'année. Et après, grâce à l'argent gagné, vous allez profiter de très belles vacances. Vous allez vous emmerder toute votre vie à ce boulot ou d'autres tout aussi ennuyeux sinon pire, et au bout, vous profiterez d'une magnifique retraite. Vous allez vous ennuyer à élever des enfants et, quand ils seront grands, ils feront votre bonheur. Vous allez soigner votre compagne malade, et, au bout, quand elle ira mieux, vous jouirez de son magnifique amour.

C'est toujours « après ». En attendant, faites-vous bien chier et vous serez récompensé dans l'au-delà... Tiens ? Tiens ? L'au-delà... mais, ce schéma : « emmerdez-vous et demain ça ira bien » ne serait-il pas, tout simplement, la reprise du thème : « souffrez dans cette vie et jouissez au Paradis ? »

Toujours est-il que c'est souvent une arnaque. Il y a des personnes qui s'emmerdent au boulot toute leur vie. Et parties à la retraite, clamsent au bout de six mois... voire même avant d'arriver à l'âge de cette merveilleuse retraite.

Toujours est-il que si je tiens aujourd'hui ces propos, c'est pour mieux introduire « le principe du gâteau ».

Il est simple : « quand vous réussissez un gâteau, crue la pâte doit être bonne au goût. Et cuite elle sera meilleure ».

Ça signifie que si vous préparez quelque chose d'agréable, la préparation doit l'être également. Sinon, ça n'en vaut pas la peine.

Ah oui, j'allais oublier. A propos de « Vous allez soigner votre compagne malade et, au bout, quand elle ira mieux, vous jouirez de son magnifique amour. » Moi, ça m'est arrivé. Quand elle s'est senti mieux elle m'a largué pour aller voir si l'herbe était plus verte ailleurs. 
 
Revenons-en au principe du gâteau. De partout on vous bramera qu'il faut se faire chier pour arriver à un résultat. Ces brameurs, envoyez-les justement chier. J'ai vu leur manière de procéder.

Tu organises une fête ? Très bien, on vient, mais à condition que tu ramènes des sous pour nous payer. Les sous, t'en as pas ? Vas les demander aux élus. On appelle ça « des subventions ». La subvention est à l'association, remarquerais-je, ce que le sucre est au chien. Il fait le beau pour avoir le sucre. Seule différence d'avec le chien : le chien reçoit souvent le sucre, l'association pratiquement jamais.

Et, pour obtenir ladite subvention, il faut se faire horriblement chier. Fabriquer un dossier de trois kilos, se mettre à genoux devant les édiles, les implorer de nous rendre un peu des impôts locaux qu'ils nous ont soutiré sous la menace des huissiers. Et, si on demande cent on reçoit neuf... et on reçoit trois l'année d'après, parce que le maire, ou l'orientation du maire, a changé.

Et si vous recevez des sous, la lutte s'engagera pour leur répartition. Au total, vous vous serez bien fait chier... pour les autres. Et bien voilà, c'est simple, j'organise une fête, venez y participer... Et démerdez-vous pour le faire ! On est ici pour se faire plaisir, moi y compris. Voilà le principe du gâteau. Il arrive qu'on soit contraint de faire des choses qui nous ennuient. Tâchons que ce soit le moins possible de choses ennuyeuses qui nous ennuient. Et, le reste du temps, jouissons de la vie et merde pour les donneurs de leçons qui nous invitent à nous emmerder dans la vie !

Basile, philosophe naïf, Paris le 12 décembre 2014

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