lundi 15 avril 2013

97 Créer des clubs de Free Hugs

Dans un cours de cuisine que je fréquente viennent en tout deux hommes dont moi et une demi-douzaine de dames. Récemment, l'une d'elles, Thérèse (j'ai modifié le prénom), soupire : « j'ai besoin de câlins ». Elle est retraitée. Veuve ou divorcée, je ne sais plus exactement et vit seule. Elle a un petit fils. Mais il n'est pas câlin comme elle le souhaiterait.

Je me suis approché de Thérèse. L'ai prise dans mes bras. Elle m'a pris dans ses bras. Ça nous a fait du bien à tous les deux. Il n'y avait rien d'ambigu entre nous. Je lui ai un peu caressé le dos. Et elle m'a un peu caressé les bras en répétant qu'elle manque de câlins.

Par la suite le groupe en a un peu parlé. L'animatrice très sympathique, Louisette (j'ai modifié le prénom), a évoqué les « free hugs ».

J'ai été me renseigner à leur sujet sur Internet. Ce mouvement est prosélyte. Et d'une certaine façon cherche modestement à « changer le monde ». En brandissant des pancartes et allant vers les autres pour leur faire des câlins.

J'étudie depuis vingt-sept ans le problème de la carence tactile chez les humains adultes sans lui trouver une solution. C'est un problème omniprésent et très ancien. Et je n'ai pas envie d'essayer d'aider l'Humanité toute entière à remédier à son incapacité tactile notoire. Je n'en ai ni la force, ni la vocation.

Notre culture associe systématiquement le contact physique entre adultes à la recherche de l'acte sexuel. Résultat, la plupart des contacts physiques chaleureux sont empêchés, impossible, même les plus timides et discrets. Prendre la main. Caresser la tête. Effleurer. Toucher à peine l'autre, par exemple. L'Humanité est malade. Je ne suis pas son psychiatre. Et j'ai renoncé à chercher à l'améliorer dans le domaine des câlins, même si j'en parle.

En revanche il m'est venu une idée. Et si, au lieu, comme les free hugs, de me préoccuper de l'Humanité toute entière, je participais juste à un groupe ?

Passer de la « campagne free hugs » au « club free hugs ». L'idée est peut-être erronée. Mais elle me paraît intéressante à creuser.

J'ai rédigé en ce sens un petit texte. Dans celui-ci j'ai indiqué que « Pour faire partie du groupe il faut être majeur. » La raison en est très simple. Si demain se créent des clubs de Free Hugs on verra des gens vouloir y adhérer. Et ne pas être admis. Soit parce qu'on ne les connait pas. Soit parce qu'on est déjà 12. Soit justement parce qu'on les connait. Certains des refusés se diront qu'on veut leur cacher quelque chose. L'imagination aidant, ils pourront en conclure qu'on leur interdit l'entrée de lieux de débauche horrible.

Ils vont propager ces âneries. Tant qu'elles concernent seulement des adultes, ce n'est pas trop important. Mais si nous admettons comme membres du club des mineurs, de tels propos peuvent être la source de sérieux ennuis.

Statuts-type proposé pour un groupe de
Free Hugs (Câlins Gratuits),
autrement nommé :
Club de Free Hugs

1 – But

Le but du groupe est l'échange libre, bénévole et gratuit de câlins sans but sexuel

Précisions sur le but : le mot « sexuel » est utilisé ici dans le sens de « recherche de l'acte sexuel ».

Les groupes de free hugs existant mènent une sorte de campagne publique pour les câlins gratuits. Leur but est, au moins en partie, la propagande.

Cette démarche apparaît pleine de généreuses et bonnes intentions.

Cependant, notre groupe agit autrement. Il ne cherche pas à aller vers les autres, mais à aller vers nous-mêmes.


2 – Adhésion

Pour appartenir au groupe il faut être agréé par celui-ci.


3 – Nombre de membres

Le nombre idéal de membres est 12, et le maximum 18.

Ce qui est conforme à l'expérience des groupes festifs français genre goguettes.

À Paris, du temps de leur prospérité, ils comptaient au maximum 18 membres.

La plupart de ceux actuels de Dunkerque font 12 membres et fonctionnent très bien.

A partir de 20, un groupe se casse en deux. Et des problèmes peuvent surgir, propres aux groupes comptant plus de 19 membres. Nous les éviterons. Petits nous serons forts. Et en cas de problèmes internes, le groupe pourra se scinder en deux groupes différents et indépendants.

4 – « Bal québécois »

La session d'échange de câlins peut s'inspirer de la tradition du bal québécois.

Dans celui-ci les danseurs forment deux cercles concentriques face-à-face. Qui se décalent régulièrement en tournant. En telle sorte que finalement tout le monde danse avec tout le monde. Et recommence tant que dure le bal.

5 – Âge

Pour faire partie du groupe il faut être majeur.


6 – Problème des dragueurs

Ceux qui chercheraient à utiliser les câlins et le groupe en fait comme moyen d'approche pour parvenir à l'acte sexuel seront rappelés à l'ordre. S'ils ne changent pas d'attitude, ils seront mis dehors avec douceur, amabilité et fermeté. La drague ne fait pas partie des buts du groupe. Et lui reste extérieur.


7 – Polémiques

Afin de rester en harmonie, les polémiques verbales sur des sujets sensibles tels que la politique, l'économie ou la religion seront évitées.


8 – Hostilités

Les membres dont l'entourage, par exemple familial, sera susceptible d'être très hostile au groupe, devront l'en prévenir.


9 – Autres activités possible

En plus des câlins, le groupe peut, s'il le désire, avoir d'autres activités. Ainsi, par exemple : chanter, rire, danser, peindre, déclamer de la poésie, faire du théâtre, se costumer, jouer du bigophone, cuisiner, manger, faire Carnaval, etc.

Cependant celles-ci ne devront pas faire perdre de vue la raison d'être du club.

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Statuts-type élaborés par Basile, à Paris le 13 avril 2013

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