Tout dernièrement
j'entendais deux dames parisiennes retraitées qui bavardaient. L'une
a dit à un moment donné à l'autre : « ce qui a changé
la vie, c'est la contraception. Les femmes n'ont plus eu peur de
tomber enceintes. » C'est vrai qu'avant la légalisation de la
pilule et sa très large diffusion en France et notamment à Paris,
les femmes vivaient dans la crainte des grossesses indésirées. Qui
pouvaient être suivies par des avortements bricolés et dangereux et
aussi la rencontre de « faiseuses d'anges » qui
organisaient de tels avortements.
Mais pour autant les
femmes ont-elles trouvé la liberté ? Ce n'est pas sûr.
J'écoutais hier une très belle jeune femme parisienne très
sympathique qui se plaignait de la difficulté de trouver un amoureux
satisfaisant. J'avance qu'il existe une raison post-soixante-huitarde
qui fait partie de l'explication de cette difficulté.
Quand les femmes ont
découvert la vie débarrassée de la peur de tomber enceinte à un
moment qu'elles n'avaient pas choisi, leur sexualité a changé. Le
malheur est qu'au lieu de chercher une authenticité féminine, qui
reste à découvrir, elles ont pris pour modèle les hommes et leur
sexualité consumériste et machiste.
De même qu'elles ont
pris pour modèle « tabagique » les hommes et les rattrapent à
présent en pourcentage de cancers causés par le tabac, les femmes
ont voulu baiser pareillement que les hommes. Et pas comme des
femmes, ce qui aurait nécessité une recherche qu'elles n'ont pas
faites.
Comme un très grand
nombre d'hommes sont des consuméristes sans principes dans le
domaine du sexe, elles ont pris pour modèle cette conduite-là. Et
depuis à présent une cinquantaine d'années, les femmes parisiennes
recherchent la quadrature du cercle, baptisée « sexualité
épanouie ». Comme s'il existait un domaine particulier et
détaché du reste, « la sexualité », qu'on pourrait
optimiser en suivant les bonnes recettes. Bonnes recettes vendues par
des « spécialistes » auto-proclamés qui vendent leurs
« solutions » bidons contre du bon et bel argent bien
réel.
N'importe qui en France
peut légalement se proclamer « sexologue ». Aucun texte
de loi ne cadre cette « profession »... Et par ici la
monnaie !
Fini le temps des
« faiseuses d'anges », place aux charlatans de la
sexualité qui vous diront comment parvenir au bonheur parfait « en
dessous de la ceinture » !
Pour ma part, je n'ai pas
trouvé le bonheur ou sa recette, si elle existe. Mais j'ai réussi à
débarrasser ma vie des commandements de la sexualité machiste. Je
ne cours plus après un soi-disant bonheur résultant du harcèlement
sexuel des femmes. Ma vie est bien plus agréable et tranquille
ainsi.
Cependant je vois autour
de moi courir des hommes ou des femmes derrière les fantasmes de
« la sexualité officielle ». Il faut ceci et cela pour
être « normal », « épanoui », « heureux »,
etc. Je laisse ce délire à ceux et celles qui souhaitent absolument
s'empoisonner ainsi l'existence. Et vivre dans l'insatisfaction
permanente et la recherche perpétuelle de la rencontre d'une
créature de rêve qui n'existe pas.
Car les créatures de
rêve n'existent pas. Seuls existent des hommes et des femmes. Et ce
dernier demi-siècle a montré que la femme est absolument l'égal de
l'homme. Y compris dans les errements dans le domaine dit « sexuel ».
C'est bien triste, mais le progrès dans le domaine relationnel met
du temps à venir. L'arrivée de la pilule n'a pas suffit, très loin
de là.
Basile philosophe naïf,
Paris les 22 et 25 octobre 2018
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