dimanche 3 septembre 2017

852 « Le coup de Kamar »

Un illustre philosophe des temps passés à écrit un jour : « seule sur Terre la bêtise humaine peut nous donner une idée de l'infini. » Au risque de passer pour le plus affreux des machos et antiféministes patriarcaux, j'enrichirais ainsi cette phrase : « seules sur Terre la bêtise humaine et l'hypocrisie féminine peuvent nous donner une idée de l'infini. » J'écris cette phrase aujourd'hui et pourtant je ne pense pas être un vilain macho et un adulateur du patriarcat. Mais voilà : au cours des millénaires, que dis-je ? Des dizaines des milliers d'années passées, les femmes ont été maltraitées, écrasées, dominées, agressées, insultées de myriades de façons par la plupart des hommes. Encore aujourd'hui nous sommes très loin du respect réciproque et de l'harmonie entre l'homme et la femme.

Physiquement en général plus faibles que les hommes, les femmes ont développé un système de défense et résistance terriblement sophistiqué. Et comme elles ont l'intelligence, la sensibilité et l'intuition, elles ont élevé l'hypocrisie au rang des Beaux-Arts. Moi, qui suis presque maladivement attaché à la sincérité suis encore effrayé devant les abîmes qu'ouvre ce système de défense. Système qui n'existerait pas si les hommes étaient en moyenne plus respectueux et aimables avec les femmes.

Dans ce système de défense auquel j'ai été confronté quand bien-même je ne cherchais pas à agresser, j'ai pu relever une manière de faire que j'ai baptisé « le coup de Kamar ».

Je l'ai baptisé ainsi en référence à une chatte tricolore qui porte le nom de Kamar. Mot qui signifie en arabe « petite Lune ». Cette chatte que je connais bien s'est spécialisée dans la forme d'approche consistant à venir se frotter à vos jambes, accepter quelques caresses et zou ! Vous balancer un bon coup de griffe.

Pour réaliser le coup de Kamar il faut une fille belle, maligne et séduisante et un homme un peu benêt, respectueux, poète, bref, moi par exemple.

La fille fait mine d'être séductrice. Si le benêt commence à répondre positivement, elle fait durer un peu la situation et puis c'est le moment du coup de griffe. Mais pas n'importe quel coup de griffe. Un coup de griffe culpabilisant le malheureux poète trop sensible et benêt. Soi-disant il aurait manqué de respect, même de façon imaginaire. Le but atteint est pour la fille d'inverser les rôles patriarcaux : l'homme d'ordinaire domine et maltraite. Là, c'est à la fille de dominer et maltraiter. Il s'agit d'une jouissance vaine, superficielle, perverse. Mais sans doute délicieuse pour celle qui en est l'origine et la bénéficiaire.

J'ai énormément souffert du « coup de Kamar » auquel j'ai eu droit à plusieurs reprises. J'avais le plus parfait profil pour en être la victime désignée. À présent quand on tente de me faire le coup, je fais mine de tomber dans le piégé. Je vais m'excuser sans insister tout en ricanant intérieurement. Il est d'autant plus difficile de m'avoir, que je n'attends rien. Quand on est en demande de caresses, de sexe ou d'amour on devient automatiquement débiteur et dépendant. Là je ne suis plus débiteur ou dépendant. De plus je me méfie de tous gestes qui pourraient servir à valider le coup de Kamar. Si une fille est belle, si séductrice apparaît-elle, j'éviterais soigneusement de commencer à y « mettre les mains ». Après avoir pris cette précaution, les reproches qui me seront faites seront des plus ridicules. Je ferais mine de les prendre au sérieux et ne m'en excuserais que plus vivement pour mon inconduite imaginaire, promettant qu'elle ne se reproduira plus. On le voit bien ici, la vie est quelquefois compliquée. Certains hommes et ici certaines femmes s'évertuent à la compliquer plus encore. Il n'y a pas de quoi s'en faire. Il vaut mieux en rire et réagir de façon adaptée.

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 septembre 2017

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