vendredi 28 novembre 2014

309 Alcoolisme sexuel, esclavage féminin et analphabétisme tactile

Aimer paraît simple et facile : prendre dans ses bras une jolie fille ou un joli garçon qu'on aime, l'embrasser et le caresser. Pourtant, que ce soit avec des paroles, des caresses ou des bisous, l'amour entre adultes est une chose qui nous paraît souvent très difficile et risqué.

Prenons un exemple : je vois une jolie fille que je connais à peine. Je la trouve douce et gentille. Cependant, ma raison me dit : « fuis ! tu vas t'attirer des ennuis ! » Fuir ? Rester ? Que dire ? Que faire ? Autour d'elle, comme un essaim de mouches bourdonnantes, tournent de jolis garçons, qu'attirent l'entrée de son vagin. Résultat, elle est sur la défensive. Et elle a raison. Elle veut être considérée comme un être humain et pas comme un trou à boucher. Enfin, la société est organisée de telle façon que « l'amour » est présentée de manière encadrée par « le mariage », « le pacs », « le concubinage », « le couple ». C'est-à-dire qu'embrasser et caresser, prendre dans ses bras quelqu'un qu'on aime, ne se fait qu'à condition qu'il y ait « un engagement ». Que s'établisse un contrat déclaré ou implicite qui enferme les contractants, au nom de « l'amour ». Ils sont alors « liés » par « les liens du mariage », ou du concubinage, qui leur interdit d'aller « voir ailleurs ». Et ils doivent baiser. Sous-entendu que l'amour signifie forcément jalousie, possessivité, mariage et reproduction.

L'amour, justement, en tant que sentiment naturel, s'invite comme un trouble-fête. Je vois la jolie fille en question. Suis attiré par elle. Et commence à être assailli par des rêveries du genre : « elle est peut-être ou surement amoureuse de moi... » Je connais ce genre de dérives de la pensée. Quand une attirance se fait, l'intelligence et la réflexion tendent à se débrancher. Un peu comme chez l'alcoolique en désintoxication qui ne doit pas boire et aperçoit l'enseigne du bistro. Il va se trouver mille raisons d'aller y vider encore rien qu'un petit verre. Et en ressortira bien plus tard en titubant.

Arrivé à ce stade, comme je suis un philosophe, je me mets à ma table et écrit ce texte de réflexion. Peut-être me servira-t-il à voir plus clair et aidera-t-il d'autres confrontés au même problème ?

Les trois grands ennemis de l'amour sont : l'alcoolisme sexuel, l'esclavage féminin et l'analphabétisme tactile.

Les hommes, la plupart des hommes et, quelquefois certaines femmes, mais moins, beaucoup moins, sont obsédés par le sexe, l'acte sexuel. Ils croient que le sommet d'une relation d'amour c'est le pauvre petit coït élevé au rang de summum de la relation humaine et de plaisir suprême. Ils se trompent.

Ils croient aussi, souvent de très bonne foi, que s'ils bandent, les hommes, ou si les femmes ont le sexe qui se met en fleur et s'humecte, c'est qu'ils ont « envie de faire l'amour ». Ils se trompent également. Le seul plaisir suffit à produire ces phénomènes même sans qu'il y ait un véritable désir.

J'observais hier un jeune et joli garçon, apparemment gentil, doux et sympathique, qui tournait autour d'une jeune fille. Ce jeune homme pourrait aimer cette jeune fille. Peut-être même que ça arrivera... Mais, en attendant, il est comme un chat devant la vitrine de la poissonnerie hermétiquement fermée. Il aime la fille comme le chat aime le poisson. Il aime certainement aussi un tas d'autres filles qu'ils croisent dans la vie. Il aime sa mère et sa sœur, s'il en a une. Il aime un million de personnes à la fois, mais... il est persuadé qu'il existe une, ou plusieurs filles, dans lesquelles il doit absolument mettre sa queue. Et là, le rêve s'arrête devant des barbelés invisibles. Qu'il ne sait comment franchir. Alors, il ruse. Il essaye de capturer une fille, celle-là, ou une autre, ou plusieurs autres. Il leur conte fleurette, leur parle de tout et de rien, fait le beau et le bon et... espère y mettre les mains et la queue ensuite.

Vu de l'extérieur, c'est bas et vulgaire. La jeune fille autour de laquelle il rôde, n'est pas dupe. Elle sait qu'il est un des innombrables garçons qui tournent autour d'elle. Et ne cherchent tous, plus ou moins aimablement, que la même chose : son cul. Et ils tournent de la même façon autour de ses copines, avec lesquelles elle parle de leur comportement.

Cette jeune fille, c'est Laura. A qui j'ai dédié un poème un peu leste, un peu cochon. Tiens ? tiens ? Notre philosophe serait-il « amoureux » ? Derrière ses beaux discours, on trouverait un vieux cochon jaloux et qui, la bave aux lèvres, observe les jolies filles ? Permettez-moi de me défendre.

Qu'en est-il à mon avis du sexe ? Le sexe, c'est très exactement comme le très bon vin. Un verre de très bon vin peut être la meilleure des choses. On peut également parfaitement bien s'en passer et vivre agréablement quand-même. Et se saouler la gueule, se noircir, être alcoolique, est une très grave et horrible déchéance. C'est exactement ce que la quasi totalité des hommes et un certain nombre de femmes, beaucoup moins que d'hommes, font avec le sexe. Ce sont des « alcooliques du sexe ». Et les dragueurs cavaleurs, ou dragueuses cavaleuses, sont des « grands alcooliques du sexe ». Comme la plupart des hommes et quantité de femmes, j'ai été un alcoolique du sexe. J'ai cru, de bonne foi, que le but optimum possible de la relation d'un homme avec une femme, c'était, à un moment-donné, d'y mettre la queue.

J'ai aussi cru que si je bandais, si je cowperisais (c'est-à-dire émettait du « liquide de Cowper », que des imbéciles ont baptisé : « liquide pré-coïtal »), si j'avais envie d'embrasser quelqu'un sur la bouche, c'est que j'avais envie de faire l'amour avec lui ou elle. Eh oui, je n'ai pas bandé pour un homme, mais, il y a bien des années, j'ai eu envie un jour d'embrasser un ami sur la bouche. Ne l'ai pas fait et me suis dit, aussi con que tous les cons qui m'entourent : « c'est une attirance homosexuelle ». En fait c'était juste ce que c'était : l'envie d'embrasser un ami sur la bouche. Ce qui d'ailleurs se fait couramment en Russie sans que ce soit considéré comme sexuel. Bien sûr, si je l'avais fait, ça aurait été considéré, sous nos latitudes françaises, comme homosexuel. Notre société est conne. Et, influencé par elle, j'ai été immensément con durant cinquante années. A partir de l'âge de treize jusqu'à l'âge de soixante-trois ans, j'ai cru, de bonne foi, que le but de la relation d'amour était le sexe, c'est-à-dire l'acte sexuel. J'ai été contre, j'ai été pour, mais c'est faux. Le but de la relation d'amour, c'est l'amour, qui comprend parfois, rarement ou jamais, le sexe, l'acte sexuel.

J'ai été très con comme les milliards de cons qui m'entourent. Et, si aujourd'hui j'aurais de la peine à aller vers une fille pour l'embrasser et la caresser, c'est justement parce que je connais la connerie ambiante et régnante.

En lisant mon poème : « Je ne coucherais pas avec Laura », on pourrait penser que je veux absolument y mettre ma queue. Un vers de surcroit en rajoute dans ce sens : « Et son con est étroit ». En fait, par « coucher » j'entends... « coucher », c'est-à-dire être étendu dans un lit auprès d'elle et sans plus. Mais, dans notre langue de cons, « coucher » signifie obligatoirement « baiser ».

Et, s'ajoutant aux barrières habituelles, il y a aussi le fait que toute une tripotée de salauds utilisent un discours similaire au mien ici, comme une ruse pour chercher à piéger les femmes et y fourrer leur queue. « Je t'aime, mais ne suis nullement attiré par le sexe », « on s'aimera en tout bien tout honneur »... tu parles ! Dès qu'ils peuvent, ils démasquent leurs batteries. Et ne veulent plus visiblement que le sexe, le sexe, le sexe. J'ai même vu un dragueur cavaleur chercher le trou en affirmant à une très jeune fille qui n'avait pas connu son père, qu'il souhaitait jouer un rôle paternel auprès d'elle. Et puis, une fois cette situation établie, il a cherché à y mettre les mains. Et s'est fait méchamment rembarré. Tant pis pour lui, il n'aura pas le gâteau au chocolat.

Quel est le deuxième obstacle à l'amour ? C'est l'esclavage féminin. Dans notre société de merde, depuis la nuit des temps, le travail domestique de la femme n'est ni reconnu, ni rémunéré. Elle élève des enfants ? Elle les porte en elle et les accouche ? C'est la Nature, c'est l'amour. J'élève des souris blanches. C'est un métier. On me paie.

Le résultat de ce mépris de la femme est qu'elle se retrouve en situation de servitude. Car, le travail imposé et non payé, ça s'appelle... l'esclavage.

Tenir sa maison, son budget, s'occuper de ses enfants, de son mari, se faire belle pour eux, sans voir son travail reconnu et rémunéré, fait que la femme dépend économiquement de l'homme.

Certes, beaucoup de femmes travaillent de nos jours hors de la maison. On nous dit qu'ainsi elles « s'émancipent ». En faisant une double journée de travail : hors de chez elle et à la maison. Et si, de plus, elles ont un potager et un poulailler à s'occuper, elles font... une triple journée de travail ! Quelle belle « émancipation » ! La sueur féminine, décidément, ne coute rien !

Et l'homme, pendant ce temps-là, eh bien, il est très souvent toujours aussi macho qu'avant et la société dans son ensemble aussi. Il suffit de considérer le lynchage médiatique auquel ont droit les femmes qui résistent aux « grands » de ce monde, qu'elle s'appelle Tristane Banon ou Valérie Trierweiler. Et, parmi les plus enragés à lyncher, on trouve des femmes acquises au machisme. C'est normal. Dans les guerres coloniales, les plus féroces étaient souvent les supplétifs coloniaux.

Bien des hommes, la majorité d'entre eux, s'abaissent à vouloir dominer la femme, au lieu de la respecter. Et l'amour sans le respect n'est qu'un mot. Les hommes qui méprisent les femmes ne les aiment pas. Et ne s'aiment pas eux-mêmes. Car sinon ils ne se dégraderaient pas ainsi en malmenant et maltraitant les femmes.

Mais, la dépendance économique de la femme vis-à-vis de l'homme fait que celle-ci cherche très souvent... son souteneur. Au sens littéral du terme : qui la soutient économiquement.

J'étais, il y a un an environ, assis à une table avec une jolie fille que je ne connaissais pas. Circonstance rare, je la rencontrais pour la première et sans doute dernière fois, dans le cadre de ses études. Elle le savait aussi. Et je me suis amusé à lui « sortir les vers du nez ». Je lui ai demandé si elle tombait un jour amoureux d'un homme. Et qu'il se révèle nul économiquement. Si elle l'abandonnerait.

J'ai insisté un peu, car je voyais bien que mon interlocutrice hésitait à livrer le fond de sa pensée. Et puis, comme elle voyait bien que nous ne nous connaissions pas et ne devions pas nous revoir, car notre rencontre purement circonstancielle dans le cadre de ses activités scolaires ne devait pas avoir de suite, elle a « craché le morceau ». « Bien sûr que je le laisserais tomber », m'a-t-elle avoué. Cette pensée n'est absolument pas originale. Une autre femme que j'ai connu et dont j'ai été éperdument amoureux m'a annoncé un jour avoir rencontré l'amour. Comme elle me l'a annoncé, j'aurais pu croire qu'il s'agissait de moi. Après, déception, elle me dit qu'il s'agit d'un autre. C'était incohérent et très maladroit de sa part. Par la suite, je la vois avec son amoureux : petits bisous, tendresse, etc. entre eux. Un an plus tard, elle m'annonce sa rupture. Causée par la raison que son amoureux est incapable de tenir un budget. « Mais, lui dis-je, tu m'as dit que tu l'aimais ? » « Oh, tu sais, me répond-t-elle, dans ce genre de situations, on dit des choses comme ça ». Plus tard elle s'est mise en ménage avec un autre, sur la base de ce que « ils étaient seuls tous les deux et pouvaient tenter quelque chose ». Ils sont en ménage depuis. Ne s'aiment pas. Et ont de très beaux enfants.

Un troisième exemple : une très jolie fille qui étudie en fac et ne cache pas que son rêve économique est de ne pas travailler. C'est-à-dire travailler seulement à la maison. Autrement dit, être femme au foyer. J'en tombe amoureux, ou, tout au moins, suis attiré par elle. Et, comme des milliards d'autres cons en déduit que c'est « l'amour », c'est-à-dire la vie à deux et la queue. Elle me convoque dans un bar, me fait passer l'interrogatoire impôts, sécurité sociale, gendarmerie. En déduit que je suis insolvable. Et, je passe à la trappe. Elle me dira plus tard que « elle n'est pas amoureuse de moi ». Elle m'a parlé aussi d'un homme que, m'a-t-elle dit, elle avait aimé. Mais, avait-elle ajouté, comme il jouait aux jeux d'argent, qu'elle avait un oncle malade de la même obsession et en connaissait les conséquences dévastatrices, elle avait été obligé de l'abandonner. Par la suite, cette jolie étudiante a réalisé son rêve. Elle est « tombée amoureuse », comme par hasard, d'un futur prospère médecin et est devenue « femme au foyer ». Naïf comme j'étais alors, j'ai mis trente ans à réaliser la parfaite vénalité de cette femme. Qu'est-ce qui m'a rendu éclatante sa vénalité que je n'avais pas vu ? C'est que j'ai réalisé, que me parlant de son fiancé joueur elle n'avait témoigné de strictement aucune émotion en racontant qu'elle avait du le larguer. Pour elle, l'amour et souscrire un bon plan d'épargne retraite, c'était rigoureusement la même chose. Elle investissait son capital beauté tant qu'il n'était pas défraichi.

Sans l'analyser, un très grand nombre de femmes ont une vision prostitutionnelle de l'amour qu'elles recherchent. Certains propos sont révélateurs. Une femme mariée et mère m'avouait un jour que ça faisait très longtemps qu'elle avait renoncé à l'amour. « Mais, vous êtes mariée » l'ai-je questionné. « Oh ! Les hommes se croient tous irrésistibles ! » m'a-t-elle répondu. Et elle a rit. Vantant les qualités domestiques de son mari, une jeune mère me disait dernièrement : « je l'ai bien choisi ». Avec autant de sentiments que si elle parlait de son chien ou sa voiture. Une jeune et gentille femme me disait, parlant de son compagnon : « il habite près de mon travail, c'est bien pratique ». Et le disait comme si elle vantait le confort d'un bon meuble. Une femme qui avait choisi un amant pourvu d'une paie confortable, un beau logement et une belle voiture se défendait à moi d'être intéressée : « j'ai aussi ma paie ». Les courtisanes peuvent être riches. Ce sont des prostituées quand-même.

Simplement, ce sont dans notre société d'honorables prostituées. Je n'ai rien contre les prostituées, même si je ne ferais jamais appel à elles dans le cadre de leurs activités professionnelles. Les honorables prostituées, de leur côté, n'ont rien à faire d'un « pauvre artiste », sexagénaire de surcroit. Ça ne me dérange pas. Comme je l'ai dit, les prostituées, je ne suis pas client.

Le pire, c'est qu'on est conditionné, habitué à ce monde de prostitution honorable ou pas honorable. Je me disais encore dernièrement : « je suis vieux et pauvre, aucune jeune femme ne voudra de moi ». Oui, aucune jeune femme qui se prostitue. Et celles-là, je les laisse aux autres. Elles ne m'intéressent pas du tout.

Un phénomène extrêmement révélateur de la mauvaise foi régnante en amour, c'est l'expression tactile. Une personne désintéressée n'a pas du tout le même toucher qu'une personne calculatrice et intéressée. J'ai ressenti dans quatre occasions un contact tactile d'une douceur incroyable avec une femme. Dans une sorte de camp de vacances, dans un stage de massage, dans une association, et chez moi un jour avec une femme dont j'étais amoureux. Les trois autres, je ne les connaissais pas. Une jeune femme m'a dit un jour qu'elle avait eu avec un homme un toucher d'une qualité incroyable, comme une sorte de véritable aimant. « Aimant » un beau mot, en fait ! J'ai cherché une explication. Et cru même qu'il existerait des sortes de « groupes tactiles affinitaires », un peu à la façon des groupes sanguins compatibles ou non pour les transfusions. Et une femme qui a eu beaucoup d'amants dans sa vie, me disait que, quand elle était jeune fille, elle prenait des leçons de piano. Quand son vieux professeur, pour lui indiquer comment positionner sa main, la lui prenait, elle ressentait comme une sorte de petite décharge électrique. Car, m'a-t-elle dit, elle sentait que son geste n'était absolument pas dragueur... Tout ceci pour dire qu'à présent le voile se déchire devant mes yeux. Il existe tout simplement une véritable et entière communication cutanée. Quand il n'y a aucune volonté profiteuse et manipulatrice, quand le contact est absolument et rigoureusement sincère et honnête, c'est-à-dire sans calculs ni projets, une douceur incroyable est ressentie.

Le premier toucher est le toucher du regard. Une sage-femme me disait dernièrement que deux choses étaient instinctives chez un nouveau-né. Et, elle en avait vu naître trois cents durant sa carrière. La première est de ramper vers le sein maternel. La seconde est de chercher à se relier des yeux avec le regard de sa mère et de son père. Ou, du moins, de l'homme qu'il a entendu souvent parler près de sa mère, quand il n'en était pas encore sorti. Et le nouveau-né cherche bien ces deux regards-là, pas celui de la sage-femme, par exemple. Quand il le trouve, il s'en détourne.

Toucher, avec le regard ou la peau, est le premier moyen de communication humain. Le langage tactile précède et dépasse le langage parlé, que ce soit en précision, finesse, intensité ou sensualité.

Le troisième grand obstacle à l'amour, c'est l'analphabétisme tactile. L'analphabétisme tactile est formé par deux éléments : d'une part, nous ne séparons pas clairement et nettement le toucher intéressé et le toucher désintéressé. Un toucher intéressé est vide. Et, d'autre part, le manque tactile conduit à l'oubli du vrai toucher que nous avons tous pratiqué étant enfant.

Cet analphabétisme résulte de l'ensemble des facteurs passés en revue dans ce texte. Si l'homme et parfois la femme est alcoolique du sexe. Si la femme se prostitue honorablement ou pas. Alors, le tactile authentique est poussé à la trappe. Pour les cons, les caresses, léchages et bisous sont des « préliminaires ». Pour les connes, un moyen de gagner de l'argent. Parfois aussi pour les cons.

Et nous sommes, pour la plupart, des cons ou des connes. Y compris vous, cher lecteur, chère lectrice. Et moi durant très longtemps, j'étais très con et espère ne plus l'être aujourd'hui et à l'avenir.

Après le regard, il y a le contact, la caresse. Et, seulement s'il y a de l'amour, il y a le bisou sur la bouche, éventuellement avec la langue.

S'agissant du toucher, il en existe fondamentalement deux genres : toucher pour sentir l'autre, toucher pour être senti. Le second genre est de très loin le plus agréable. Les enfants le pratiquent spontanément et naturellement. La plupart, voire la quasi-totalité des adultes l'ont oublié. Et leur démarche queutarde et – ou – prostitutionnelle ne risque pas de les aider à le retrouver.

Ce toucher, l'ayant gouté très brièvement de la part d'une petite amie, j'ai pu constater qu'elle n'avait pas eu conscience d'avoir pratiqué quelque chose de très particulier. J'ai mis ensuite deux années pour arriver à analyser de quoi il s'agissait. Pour le reproduire, cela dépend de ce qu'on a dans la tête. Au début on n'a guère plaisir à le pratiquer à d'autres. Puis, on y trouve plaisir. Mais le piège consiste à donner sans recevoir. Il vaut mieux ne rien donner. Seul l'échange légitime le don. Sinon on est une poire. On se fait exploiter. Et jeter à la fin. Et ça fait mal. Être généreux c'est très bien. Être trop généreux c'est très mal. Et à éviter absolument, même et surtout si on y est encouragé.

Les trois principaux obstacles à l'amour sont omniprésents dans notre triste société vénale. Alors, que faire ? Il faut faire avec l'amour, et avec tout dans la vie, comme Louis de Broglie disait que faisait l'astronome Bernard Lyot dans ses recherches scientifiques Il cherchait dans une direction où tout le monde disait qu'il n'y avait rien à trouver. Il cherchait. Et finissait toujours par trouver.

De toutes façons, renoncer à l'amour, c'est comme renoncer à être honnête et sincère. Pour les gens honnêtes et francs, c'est tout simplement impossible. Alors, faisons comme Bernard Lyot. Cherchons dans la direction où il n'y a rien à trouver. Et finissons par trouver. Si, dans toute l'étendue des Alpes il n'y a qu'une seule fleur que nous voulons trouver, prenons notre gourde, nos souliers et notre bâton de marche et allons la trouver. Et, quand bien-même elle se ferait attendre, nous la trouverons. Car finalement, le secret de la recherche, c'est que son but est la recherche elle-même. Qui nous conduit à nous découvrir nous-mêmes.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 novembre 2014

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